Réussir un bon film d'horreur n'est pas à la portée du premier venu.

La réalisation et mise en scène de Dave Franco (le frère de James) ne sont pas si mauvaises. C'est même ce qu'il y a de mieux dans le film. Les extérieurs (la villa isolée, les plages immenses, les falaises à pic et déchiquetées) de ce week-end de rêve devant tourner au cauchemar ont été bien choisis et font vraiment envie. Pour un premier film, je n'ai pas remarqué d'erreur majeure au niveau de la photographie, de la bande-son ou du montage.

L'histoire compte assez peu de personnages et ça c'est bien aussi, ça permet de focaliser l'attention sur eux, d'avoir le temps de s'y intéresser. On comprend encore moins pourquoi le réalisateur qui, avec son frère James, doit connaître tout ce que Hollywood a à proposer en matière d'acteurs et d'actrices, ne nous offre que les quatre qui forment les deux couples du film (deux frères très proches l'un de l'autre et leurs deux compagnes). Aucun des quatre (à part peut-être Alison Brie qui joue Michelle, la femme du frère aîné) n'a vraiment de charme ou de charisme. Ils manquent de fraîcheur, de piquant, de caractère, de magnétisme. Aucun n'est vraiment sexy. Quand on compare avec les jeunes acteurs d'Été 85 d'Ozon ou celles et ceux de Pauline à la plage de Rohmer, c'est vraiment le jour et la nuit, ces quatre comédiens n'ont que très peu de charme physique à nous offrir, alors que pendant une heure (les 2/3 du film), la caméra tourne autour d'eux et qu'ils sont censés marivauder durant un week-end de rêve dans une villa hyper luxueuse (avec jacuzzi sur la terrasse, nuit étoilée, etc.) surplombant l'océan et perdue en pleine nature. On devrait en prendre plein les yeux, non seulement du cadre et décor, mais des deux couples et de leurs petites histoires personnelles, ben non pas vraiment. Alors quoi, Misters Dave & James Franco, à Hollywood, on ne trouve pas de Félix Lefebvre, de Simon de La Brosse et pas d'Amanda Langlet ou d'Arielle Dombasle (état 1983) ? Vous n'avez pas pu (ou voulu) dépenser les sous pour ? Parfois, un bon casting ou une brillante interprétation peut suffire à sauver un film, à le faire exister. Là ça n'est absolument pas le cas, alors que la première heure de l'histoire s'y prêtait. Les 4 comédiens choisis ne sauvent rien du tout, ils sont juste moyens, oubliables. Par contre, le cinquième (Taylor, joué par Toby Huss), l'homme qui leur remet les clés de la villa, après leur en avoir fait brièvement les honneurs, lui, est correctement casté ; je l'ai trouvé bien dans son rôle ; inquiétant juste ce qu'il faut. Mais lui excepté, les personnages et interprètes de cette histoire sont ternes et banals.

Est-ce spoiler que de dire que le scénario est plus que décevant ? La première heure sert à installer un climat diffus de suspense. Ça peut paraître long, mais après tout, ça aurait pu passer, si les agissements des deux couples avaient été intéressants à suivre, et surtout si dans la dernière demi-heure on avait eu droit au déchaînement attendu (on sait qu'on est dans un film d'horreur, on s'attend donc à des choses... horrifiantes, extrêmes, à être révolté, terrifié). Au lieu de ça, quand on commence à entrer dans le vif du sujet (on va dire : à partir du moment où le chien disparaît), rien ne tient vraiment debout. Déjà le premier mort,

on se demande, après coup, pourquoi il a été tué ; sa mort, compte tenu de celui qui l'a commise, paraît quasi gratuite, hormis le fait qu'elle est très embarrassante pour ceux qui croient en être responsables. Et j'ai trouvé les meurtres suivants d'une terrible platitude, sans qu'aucun des agressés n'oppose une quelconque résistance... sauf Mina (Sheila Vand), la prétendue Arabe, qui, elle, se défend un peu. Par ailleurs, le serial killer, pourtant supposé être un meurtrier machiavélique (ayant mis au point tout un système de surveillance de la villa par caméras cachées), ne se soucie pas du tout des conséquences de ses actes. Les quatre personnes parties en week-end ont normalement des parents, des amis qui vont forcément se demander ce qu'ils sont devenus et qui savent peut-être où ils allaient en week-end. Le serial killer ne s'en soucie aucunement. Ce qu'il va faire des cadavres, de la voiture ? Où il va planquer tout ça ? Ça non plus, il ne s'en soucie pas. Bref, l'histoire ne tient pas debout, sa partie la plus faible étant pour moi la dernière demi-heure, quand on bascule dans l'horreur. Le déroulement des "exécutions" m'a semblé d'une pauvreté insigne. En général, j'aime bien les ellipses... quand les motifs sont clairs et les explications non nécessaires, mais là, elles le sont et aucune n'est donnée. Jusqu'à la réapparition du chien qui est inexpliquée. Alors c'est sûr, on n'accusera pas le film d'être lourdingue, surchargé d'explications "psychologiques" laborieuses, etc. Mais la conclusion de l'histoire est tellement expédiée que l'ensemble paraît gratuit et creux. Le spectateur se sent entourloupé au moment du générique final, et sort de la salle avec un clair sentiment de frustration, voire de dépit.

Résumons. Réalisation correcte, casting & interprétation quelconques, scénario décevant... mais c'est un premier film. Je l'ai donc noté avec indulgence.