Benjamine d’une fratrie imposante en attendant une prochaine naissance, Cáit est envoyée chez une lointaine cousine et son mari qui vivent seuls dans une ferme pour y passer l’été. Le temps d’une résurrection.


Cachée sous les herbes hautes, la fillette ressemble à un pantin désarticulé. Une marionnette silencieuse à qui l’on adresse à peine la parole. Ses aînées ne voient en elle qu’une pisseuse et ses parents miséreux, une bouche de plus à nourrir. Ils voudraient s’en débarrasser pour un temps.


« Si j’avais un enfant, je ne le confierais jamais à des inconnus », souffle Eibhlín après avoir recueilli Cáit. Cette grande dame au regard réconfortant est la première à se mettre à sa hauteur pour lui parler. Dans cette maison lustrée à l’opposé de l’obscurité qu’elle vient de quitter, la petite va dans un premier temps découvrir la chaleur d’un bain, puis celle de l’humain. « Tu vas t’y habituer », lui dit-on. Seul Seán, l’époux renfrogné, garde encore ses distances.


Ce film irlandais évoquant la maltraitance et l’abandon dégage malgré son triste sujet une sensibilité qui échappe à toute lourdeur mélodramatique. Les images presque trop belles jouent sur les contrastes colorés et lumineux. Sous le soleil, les paysages de l’île verte rayonnent, alors que les plans fixes qui encadrent les personnages ressemblent à des tableaux. Coiffée, puis habillée avec soin, Cáit a parfois l’air d’une poupée. Comme les autres interprètes, elle s’exprime en gaélique. Cette langue quasi elfique participe à la douceur ambiante tout en soulignant l’incommunicabilité avec un père brutal qui se manifeste en anglais. Mutique, l’intrigue avance par petites touches révélant un secret que l’on a deviné bien avant qu’une langue de vipère voisine ne le rapporte avec fiel. Le plus beau reste dans l’adoption progressive entre deux êtres qui n’ont pas choisi de se rencontrer. Un simple biscuit traduit un geste d’affection avant que le mot murmuré « Daddy » ne vous serre le cœur.


(7/10)

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CineFiliK
7
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le 3 mai 2023

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