Voir le film

”The Power of the dog” est un film qu’il m’est difficile de noter. Par certains côtés, j’aurais été prête à lui attribuer volontiers un 8/10 mais par d’autres, je me rapprocherais du 4.


Il s'agit de l’adaptation du roman éponyme de Thomas Savage (1967) et son titre ”singulier” est en référence à un psaume de la Bible : "Protège mon âme contre le glaive, ma vie contre le pouvoir des chiens !”


Le film se déroule en une série de cinq chapitres dont l’histoire est racontée chronologiquement . 


C’est proche du huis clos. Il nous permet de suivre quatre personnages. Phil et George, deux frères aux antipodes qui possèdent un ranch prospère dans le Montana. Rose, une veuve que George épouse (au grand dam de son frère). Peter, fils de Rose, aux manières efféminées qui semble n’être (à première vue...) qu’un grand adolescent fragile.


Le personnage central est surtout Phil et ses troubles identitaires. Rien, toutefois, ne sera ouvertement appuyé, ni dans les dialogues, ni dans les images, pour que le spectateur puisse avoir la confirmation de ce qu’au fond de lui, il est vraiment.


Phil évoque constamment la mémoire d’un certain Bronco Henry, dont il a même conservé la selle tel un scapulaire profane, son mouchoir aussi (qui donnera lieu à une scène sensuelle réussie).


Bref, si la dimension ”homoérotique” est plutôt vite établie, les deux heures de la réalisation ne resteront que dans les non-dits et les sous-entendus, dans ce qu’on peut comprendre mais qui ne sera jamais montré.


Phil derrière son cynisme et sa posture virile, image même de la ”masculinité”, n’est en fait qu’un "colosse aux pieds d’argile", son apparente puissance n’est qu’illusoire et il détestera Rose car pour lui, c’est d’abord une rivale et qu’en plus, elle représente ce à quoi il n’aura, lui, jamais droit.


Quant au frêle Peter, il fera preuve d’une force insoupçonnée, manoeuvrant de façon fort habile, pour se venger des humiliations.


J’ai trouvé Benedict Cumberbatch magistral dans ce rôle. Jesse Plemons interprète aussi très bien son personnage du grassouillet et insipide frère ”effacé” de Phil. Son épouse Rose, (Kirsten Dunst qui n'est autre que l’épouse de Jesse Plemons à la ville) est excellente aussi.


Quant à Kodi Smit-McPhee, je l’ai trouvé ”parfait” avec son physique androgyne singulier qui convient parfaitement à son personnage.


Le défaut toutefois de ce film, d'où ma note qui n'est "que" légèrement supérieure à la moyenne, est qu’il apparaît comme long, voire très long.. Plusieurs parmi mes connaissances, lesquelles, je le précise, ne s'attendaient pas non plus à un western à la John Ford, ont carrément piqué du nez à plusieurs reprises...


Nous avons droit à une réalisation toujours irréprochablement mise en image, l’esthétisme est très soigné, les décors naturels sont magnifiques mais tout n'avance qu'au ralenti avec plusieurs scènes qui sont, certes, jolies à regarder mais qui n’apportent rien à l’histoire. Finalement, on s'ennuie plus souvent que ce qu'on l'aurait voulu... Dommage.

Mots_Passants
6
Écrit par

Créée

le 4 déc. 2021

Critique lue 2.2K fois

10 j'aime

Mots_Passants

Écrit par

Critique lue 2.2K fois

10

D'autres avis sur The Power of the Dog

The Power of the Dog
Plume231
3

Ce peu obscur objet du désir !

Le protagoniste, ou plutôt l'antagoniste, incarné par Benedict Cumberbatch, veut visiblement réaliser l'exploit de faire comprendre en aussi peu de temps que possible qu'il est un gros con. En deux...

le 1 déc. 2021

65 j'aime

16

The Power of the Dog
mymp
8

Mise à mort du mâle sacré

"I wanted to say how nice it is not to be alone". Alors qu’ils viennent de se marier, Georges, à travers quelques larmes, avoue cela à Rose, la femme qu’il vient d’épouser. Lui avoue que c’est...

Par

le 10 déc. 2021

60 j'aime

6

The Power of the Dog
Sergent_Pepper
7

Shadow of a cloud

Alors qu’elle vient de perdre son triste titre d’unique femme à avoir obtenu la Palme d’or et qu’elle n’était pas revenue au long métrage depuis 12 ans, il était temps que des retrouvailles...

le 2 déc. 2021

44 j'aime

4

Du même critique

Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile
Mots_Passants
8

Critique de Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile par Mots_Passants

Jusqu’à présent, je mettais le film TV sur Ted Bundy ”Au-dessus de tout soupçon” (1987) avec Mark Hamon en "haut du panier" comme étant le seul film bien construit sur le célèbre serial-killer. J’y...

le 6 mai 2019

21 j'aime

8

Green Book - Sur les routes du Sud
Mots_Passants
9

Critique de Green Book - Sur les routes du Sud par Mots_Passants

Green Book est un film qui m’a enchantée et je n’exagère même pas mon ressenti. J’ai trouvé tout réussi,contrairement à d’autres qui ont trouvé le moyen d’y voir matière à polémique. Il est vrai...

le 5 mars 2019

20 j'aime

2

HPI
Mots_Passants
7

Critique de HPI par Mots_Passants

Si nous avions eu droit, comme avertissement, à ”Toute ressemblance avec des personnages fictifs ayant existé dans d’autres séries est purement fortuite”, objectivement, nous n'aurions pu qu’en...

le 24 avr. 2021

16 j'aime

8