Nevermore

Je me souviens de "Danse Macabre" d'Antonio Margheriti où Edgar Poe était déjà représenté comme un personnage du film. On le retrouve ici jeune, tout frais, à peine porté sur la bouteille, ce qui autorise bien des choses au scénariste, la première étant d'en faire un personnage très convenable. Et surtout d'en faire une excellente réplique quasi watsonienne à un sherlock holmique Christian Bale. Car finalement, le principal intérêt du film est dans cette confrontation entre un grand acteur et non pas un autre acteur mais un grand personnage. Ce qui donne de la dimension au commissaire c'est d'être interprété par Bale, ce qui donne la dimension à Harry Melling, c'est de jouer Edgar Poe. Ceci dit, si Christian Bale ne se foule pas trop, Harry Melling interprète très bien le poète convenable.

L'histoire pourrait être intéressante, et même dans une certaine mesure le twist final. Mais la réalisation est tout de même assez lourde et plan-plan. Un gros plan sur un corbeau sur fond de neige, une petite ballade en amoureux au cimetière, un livre de sorcellerie tellement rare qu'on le trouve dans les toutes les bibliothèques du coin, une petite brume sur fond bleuté qui parsème le chemin, cela reste convenable. Et l'élément fantastique qui devrait irriguer cette histoire, planer sur elle et la porter vers une frontière ténue reste au placard avec le mystère, la noirceur et la tension nécessaire à la texture du film. C'est réellement dommage.

Ensuite le scénario, particulièrement dans son dénouement navigue un peu à vue et se tire les cheveux dans quelques incohérences qui atténuent encore la force du film. Et chose étrange, même la musique d'Howard Shore semble diluée dans l'ensemble.

En conclusion, cela reste regardable mais cela ne restera surement pas dans les mémoires des cinéphiles.