Monsieur, vous avez réveillé le diable



  • Ton papa était le salopard le plus dangereux de la région. Pardon pour mon langage. J'ai jamais rencontré quelqu'un comme lui. Juste la façon dont il te regarde, c'est... comme s'il regardait à travers toi. Comme si tu n'étais rien. Je dis pas ça à la légère, mais... ton père était un homme violent. Je l'ai vu tirer sur trois cowboys une fois. Bon c'était un combat équitable, mais je crois pas que la peur se soit emparée de lui une seconde. Je peux pas dire que c'était un criminel, ça j'en sais rien. Mais je peux te dire qu'il n'était pas ce que j'appelle un "homme bien". Pas à l'époque.

  • Pourquoi vous me dites ça ?

  • Et ben je veux juste que tu comprennes, à quel point ta maman était une femme bien. Elle a pris le pire tueur que j'ai jamais rencontré, et elle la transformé en père de famille. Propriétaire d'un magasin. Père d'une petite fille. C'est honorable ce que ta maman a fait.

  • Mon père tuait des gens ?

  • Ouais. Mais c'était il y a bien longtemps.

  • Je n'ai jamais vu mon père tenir une arme.

  • Mais c'est parce que c'est un homme bien maintenant. Grâce à ce que ta maman a fait.

  • Vous portez une arme. Vous êtes un homme bien ?

  • J'essaie de l'être.

  • Ma maman est morte maintenant. Mon père sera toujours un homme bien ?




Mon papa à moi...



The Old Way réalisé par Brett Donowho et coproduit par Saturn Films, la société de production de Nicolas Cage, est un western qui oscille entre les moments les plus sombres de l'Ouest sauvage et des scènes plus légères destinées à un public plus jeune. Un spectacle présentant des scènes à l'intensité et à la provocation palpables, tandis que d'autres paraissent destinées à divertir un public familial convié à participer à un parc d'attractions. Un manque d'homogénéité alternant entre des moments sombres et des moments plus légers, rendant difficile la compréhension de la vision du réalisateur. Il semble que Brett Donowho ait souhaité créer un western à la fois captivant et accessible à tous les publics, en mêlant des éléments destinés à plaire tant aux enfants qu'aux adultes. Toutefois, cette volonté d'élargir l'audience nuit à la cohérence de l'œuvre, avec des passages juxtaposés offrant une lecture erronée d'un contenu pourtant dur et violent. Une inégalité pouvant semer la confusion chez les spectateurs quant à l'orientation du récit. Malgré ses inégalités, ce western possède indéniablement des éléments forts entre sa scène de démarrage et de clôture. En premier lieu, son thème poignant, qui suit le parcours d'un père et de sa fille partant à la recherche des assassins de leur mère. Ce périple, empli de vengeance et de justice, que l'on doit au scénario de Carl W. Lucas, débute sur les chapeaux de roues avec une fusillade bienvenue qui plonge directement le spectateur dans l'action. Cette scène d'ouverture permet également de présenter la famille Briggs, leurs habitudes, leur train-train quotidien attachant, rendant leur tragédie d'autant plus poignante. Le final, quant à lui, est haletant, offrant un affrontement dramatiquement audacieux et saisissant. Les protagonistes, jusqu'alors animés par une soif de revanche, se retrouvent confrontés à un choix éthique poignant qui les pousse à remettre en cause leurs objectifs. Une séquence conclusive bienvenue réussissant à combiner l'action, la sensibilité et la réflexion.


Entre les deux, The Old Way souffre malheureusement de plusieurs défauts qui l'empêchent de véritablement briller. Tout d'abord, il multiplie les clichés du genre, qui sont hélas très prévisibles et ne surprendront pas les spectateurs avertis. De plus, le récit est plombé par des lenteurs, notamment à cause de dialogues maladroits qui cassent le rythme. Mais le plus grand regret, réside cependant dans la sous-exploitation de personnages pourtant intéressants. On sent bien que certains d'entre eux pourraient offrir une vision plus sombre et complexe de l'histoire, mais ils restent malheureusement cantonnés à suivre une ligne directrice convenue. La réalisation de Donowho est trop conventionnelle usant d'une technicité lambda à travers un montage molasse, signé Frederick Wardell. La musique d'Andrew Morgan Smith est un véritable problème ! Omniprésente et pesante, elle travestit le périple à travers une bande-son, rappelant celle d'un spectacle "bonne aventure familiale", qui ne correspond pas au thème sérieux initialement proposé. Une partition musicale qui ne réussit pas à accompagner le récit de manière adéquate et finit par alourdir l'ensemble en surchargeant chaque scène, ce qui nuit à l'expérience cinématographique globale. En dépit de ses lacunes techniques, ce western présente néanmoins quelques atouts qui pourraient séduire les amateurs de westerns tolérants, tels que la photographie de Sion Michel qui propose des belles images du Montana, ou encore quelques répliques bien senties qui apportent un peu de relief à l'ensemble. Ces qualités sont cependant insuffisantes pour compenser les défauts dans leur ensemble. Le manque d'audace dans la réalisation associé à l'écriture peu inspirée ne permettent pas de mettre en avant le potentiel des talents d'acteurs de la distribution qui sont quelque peu négligés.


Nicolas Cage fait ses débuts dans le genre du western, offrant une prestation convaincante dans le rôle de Colton Briggs. Un ancien pistolero aguerri et stoïque souffrant d'alexithymie. C'est aux côtés de sa femme qu'il découvre pour la première fois l'émotion, ce qui l'amènera finalement à se retirer de la vie de tueur pour fonder une famille. Toutefois, il sera contraint d'y retourner malgré lui, transmettant à sa fille les compétences nécessaires pour se venger de la mort de sa femme. Ryan Kiera Armstrong livre également une performance étonnante en tant que Brooke Briggs, la fille de Colton, partageant avec lui la même inaptitude émotionnelle. Bien que le duo soit convaincant, leur caractère si particulier aurait pu ouvrir la voie à de nombreuses possibilités scénaristiques, mais le film se contente malheureusement de livrer le strict minimum. Il est regrettable que cela soit le cas, d'autant plus que le récit offre des moments où l'on peut réellement s'immerger, comme lorsqu'on assiste à la tentative du père de tuer sa fille afin de se débarrasser d'elle et de poursuivre sa quête de vengeance pour sa femme. Une séquence inattendue qui peut surprendre et susciter l'interrogation quant à la direction que ce western va prendre. Néanmoins, il s'avère que c'est l'une des rares tentatives pour apporter de la diversité, jusqu'au final qui se révèle heureusement au dessus du reste. Kerry Knuppe dans son rôle d'épouse de Briggs, apporte une agréable contribution. On aurait apprécié la découvrir davantage. Nick Searcy pour le marshal Jarret est intéressant, cependant ce personnage parle trop, beaucoup trop ! Les antagonistes manquent cruellement d'originalité, ne laissant aucune empreinte durable dans l'esprit du spectateur. Cependant, Noah Le Gros, joué par James McCallister, se démarque du lot grâce à une performance convaincante. Bien que la caractérisation de son personnage soit prévisible dès les premières minutes où il apparaît, son jeu d'acteur impeccable et son sourire perfide ainsi que son regard perçant lui confèrent une présence mémorable à l'écran.



CONCLUSION :



The Old Way est un western dont je ressors mitigée, souffrant de plusieurs maladresses, notamment une réalisation terne et un scénario confus, malgré une trame intéressante et la prestation convaincante de Nicolas Cage et de Ryan Kiera Armstrong. Les amateurs de western pourront tout de même apprécier quelques scènes réussies, mais le film risque de ne pas attirer un public plus large en raison de sa tendance à sombrer dans la caricature de son propre genre. C'est vraiment dommage car il y avait un potentiel intéressant à exploiter.


Un western qui méritait mieux !




  • Tu vois, j'ai un monstre à l'intérieur de moi. Le diable lui-même. Ce diable ne peut pas sortir vu qu'il y a un autre diable dans ce monde. Ces deux diables ne peuvent pas exister en même temps.

  • J'ai compris. Vous êtes à cinglé ! Mais pas d'inquiétude, mon père sera bientôt là et il va arranger ça.


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