Franchement, Refn j'ai aimé tous ses films sauf Bleeder que je trouvais assez moyen, mais j'ai même aimé le très décrié Only God Forgives. Cependant, je pense que ma période Refn est passée, parce que l'envie de le voir n'était pas la même que pour Drive ou Valhalla Rising, mais bon, vu que tout le monde l'attendait de pied ferme, que les cahiers avaient râlé car il n'avait pas été récompensé à Cannes je me suis malgré tout précipité en salle pour le voir absolument le jour de sa sortie, même si après j'avais 8h de route à faire, en espérant que le film me marque assez pour me maintenir éveillé.


Sauf qu'en fait boarf. Certes, le film dit des choses racontes des choses, sur la mode, sur la rivalité entre femmes, esthétiquement c'est très travaillé, c'est même plutôt beau, la bande-son est vraiment bonne... on a quelque moments de malaise assez prononcés, mais tout ça ne prend pas vraiment car bien que le film soit passé assez vite, je me suis pas mal ennuyé au milieu.


En fait le film pose les base d'un univers graphique, avec ses propres règles, on voit Elle Fanning jouer les apprentis mannequins et jouer en même temps avec les clichés de la jeune fille vierge qui débarque à L.A. avec le rêve de réussir. Parce que très vite on va se rendre compte qu'elle n'est pas si candide que ça, que "ça" la modifie, qu'elle qui paraissait si perdue va très vite afficher un sourire fier et prendre conscience de son réel pouvoir sur les autres. C'est limite si on ne se croirait pas dans un remake de Eve.


Et ça j'apprécie. Tout comme j'aime la première discussion dans les toilettes, avec les trois poufs qui meurent de jalousie. Schopenhauer et moi sommes aux anges en voyant ça.


Mais voilà, si j'aime les films sans intrigue, ou là où elle n'est pas au centre du film, ici j'ai du mal à voir où ça veut en venir, ce qui conduit, assez vite, à un aspect très vain de tout ce beau bordel coloré. Parce que ouais, je ne sais pas du tout ce que ça veut raconter de plus, alors certes il y a une surenchère à la fin, qui est appréciable et très belle encore une fois esthétiquement, mais c'est un peu tout... Je n'ai pas l'impression que ça dit quelque chose de plus que la première réunion dans les toilettes, sauf que c'est bien plus poussé.


Cependant, le film a son identité et je peux comprendre que l'on apprécie, parce que si on rentre dans le délire formel ça peut je pense être très jouissif.
Mais pour moi il me manque clairement quelque chose en plus du visuel, dans Spring Breakers, Love ou encore Crimson Peaks, d'autres films visuellement magnifiques, mais décriés, j'avais aimé car il y a quelque chose qui se passe entre les personnages, leurs relations fonctionnent à merveille comme dans Crimson Peaks (entre autres), soit je peux m'identifier à eux comme dans Love.


Mais là, malgré les couleurs, ça reste très froid, Jessie, l'héroïne n'a pas vraiment d'amis, de relation avec les autres... et vu que le film semble être construit de plusieurs saynètes, qui je pense ne vont pas jusqu'au bout de leurs idées narratives... Et ça donne l'impression que chaque scène n'a finalement pas réellement d'enjeux nouveaux à apporter puisqu'il va y avoir une ellipse et que l'on va reprendre le personnage plus loin, sorti de son pétrin. Heureusement la fin sort de ce schéma là et surprend un peu.


Mais bon, c'est ennuyant malgré tout de se taper tout le milieu du film.


Je retiens quelques idées, ou phrases sympas, notamment que la beauté soit "la seule chose" et je dois dire que je ne suis pas en désaccord. Car la beauté passe aussi par l'intelligence de ne pas se faire tout refaire et que rien n'est plus beau qu'une belle fille naturelle, sinon on a l'impression de voir un truc en plastique bien laid.


Mais je rajouterai et je ne sais pas si c'est juste moi, ou si c'est fait exprès, mais lorsque Fanning commence à jouer de sa beauté, je la trouve moins belle, une femme n'est jamais aussi belle que lorsqu'elle l'ignore.

Moizi
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le 9 juin 2016

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Moizi

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