Le moins que l'on puisse dire de Robert Eggers c'est qu'il ne tombe pas dans les films d'horreur classique. Il envisage les choses autrement, les lieux et les histoires s'écartent des chemins habituellement utilisés par le genre. S'éloigner d'une chose usée jusqu'à la corde, pour apporter une pièce neuve est certainement ce qui le motive à emprunter cette voie. Son cinéma se tourne vers la vie rude de l'humanité. Le réalisateur s’intéresse à des périodes dans lesquelles l'homme était confronté à la force de la nature. C'est à l’intérieur de ces éléments qu'il dépose ses personnages. Si le contexte est fort intéressant et possède suffisamment de puissance et de mystère pour exploiter une histoire, il faut savoir la dérouler. Et c'est bien tout le problème de Robert Eggers qui repose son cinéma sur une seule et unique chose, l’esthétisme. S'il le réalisateur soigne son image en réalisant un vrai travail dessus, malheureusement cet ingrédient sert autant le film qu'il ne le dessert, si ce n'est plus. Les images sont fortes, les passages à l’intérieur du phare sont par instants fantastiquement beaux, ça c'est pour le meilleur. Mais bien souvent ils ne sont pas meilleurs et plus inspirés qu'une jolie pub pour parfum. La recherche esthétique c'est important, si elle impeccable d'un bout à l'autre, elle s'avère entre un atout important d'un film. Seulement il faut en avoir la maitrise totale à chaque seconde, et surtout ne jamais se relâcher, ce qui est loin d’être le cas de Eggers. Les plans eux aussi plantent les scènes, le choix des placements de caméras tombent trop souvent à côté. Ce manque de contrôle gâche grandement le film. L'histoire aussi petite soit-elle, n'est pas là le problème. The lighthouse pâtit du mauvais œil de son réalisateur, qui a tort de chercher à faire plus qu'il ne sait en faire, il est dans la démonstration constante. Eggers veut prouver qu'il sait faire du beau, mais son image est bien trop propre et lisse, alors qu'il cherche à faire quelque chose de sale. Voir ces deux hommes se perdre dans leur folie sur ce rocher perdu au milieu de la mer est un bon point de départ, mais pas grand chose ne tient. Les défauts du premier long métrage ne sont toujours pas gommé, pire ils prennent encore plus de place ici.

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le 2 janv. 2020

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