Aujourd'hui, on ne peut pas dire que découvrir un nouveau film d'infectés soit la chose la plus transcendante au monde. On a en effet un peu toujours l'impression de déjà en connaître les contours tant d'oeuvres majeures en ont dessiné les bases emblématiques que d'autres bien plus mineures ont usé jusqu'à la corde. Mais, quelques fois, arrive une petite perle sortie de nulle part capable de nous surprendre, de développer un propos cohérent voire réellement intelligent sous cette thématique, d'en utiliser à nouveau les ressorts les plus classiques avec ingéniosité ou plus rarement encore, de nous émouvoir dans un contexte qui n'y laisse pourtant peu de place. Et, autant le dire tout de suite, "The Last Girl" fait un carton plein sur tous ces tableaux !


D'une intensité sans cesse ascendante, la première partie nous plonge au coeur de la captivité confinée de plusieurs enfants où, on le comprend très vite, quelque chose ne tourne pas rond. Mis aux côtés de Melanie, une petite fille à l'imagination plus débordante que les autres (l'immédiatement attachante Sennia Nanua), le spectateur se dirige à tâtons dans cet étrange environnement où se côtoient la rigidité des geôliers militaires menés par leur sergent (Paddy Considine), la froideur d'une scientifique (Glenn Close) et l'empathie non dissimulée de leur enseignante (Gemma Arterton). On a peine le temps de digérer la révélation brillamment mise en scène de la nature de ces petits prisonniers que le chaos se déchaîne, ce monde factice où un reste d'humanité qui n'en a plus que le nom tente d'assurer sa sauvegarde vole en éclats sous la fureur d'une attaque d'infectés déchaînés à couper le souffle...


Puis, tout rentre apparemment dans le rang habituel de ce type de films, le petit groupe de personnages se retrouvant à survivre ensemble dans un environnement hostile.
Mais, le terme "apparemment" a rarement eu autant d'importance car la tension reste en permanence palpable que cela soit au détour d'une marche silencieuse au milieu de "zombies inconscients" ou bien la nature prédominante de la petite Melanie qui offre autant de moments de légèreté dans son interaction avec ses compagnons d'infortune et sa découverte du monde que de profondeur dans son perpétuel combat intérieur.
Par ailleurs, le film en profite habilement pour construire les enjeux de son dernier acte : le fonctionnement de l'infection par son virus particulièrement retors pour assurer sa survie, l'erreur d'avoir oublié une minorité très spécifique de la population touchée et cet affrontement sous-jacent entre l'approche émotionnelle de l'enseignante et le but poursuivi par la scientifique. Si ces deux dernières pourraient être métaphoriquement les deux faces d'une même pièce représentant l'humanité (leurs intentions sont parfaitement louables à l'une comme à l'autre), Melanie, elle-même, devient progressivement une deuxième pièce mais roulant sur sa tranche et dont le moindre vacillement sur une face ou l'autre pourrait entraîner la chute d'une vision de la survie du monde. Une thématique passionnante qui prendra d'assaut une surprenante et pessimiste dernière partie empilant les moments marquants (la séquence ironique se concluant par le seul sourire de Glenn Close du film est un must à elle toute seule) et ce, jusqu'à son ultime scène en forme d'épilogue débutant en trompe-l'oeil après un passage ô combien émotionnellement fort pour mieux nous laisser sur un sentiment étrange de légèreté et de contre-pied parfait aux premiers instants du film.


Pas étonnant qu'un tel casting se soit laissé tenter par l'aventure d'un film d'infectés, surtout lorsque celui-ci se révèle si brillant à jouer sur plusieurs registres tout en restant dans le respect de ses aînés. Parfaitement adapté par M.R. Carey (de son propre roman), porté à l'écran avec maîtrise par Colm McCarthy et sublimé par la puissance musicale de Cristobal Tapia de Veer, cette "Girl with all the gifts" prouve qu'il y a encore quelque d'intéressant et de séduisant à faire dans le genre. On n'y croyait plus alors courrez-y... comme un infecté après un bout de chair fraîche !

RedArrow
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le 21 oct. 2017

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RedArrow

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