The Island est le film qui aurait pu être un chef-d'œuvre de réflexion sur les problématiques éthique apportées par les progrès de la médecine contemporaine et ses conséquences sur la longévité de l'être humain ainsi que la monétisation de la santé.

Malheureusement, il a été réalisé à la sauce Michael Bay, ce qui en fait un bon divertissement, abordant superficiellement ces réflexions, mais rien de plus (restant néanmoins le meilleur de Michael Bay à ma connaissance).

Avec le développement de la culture d'organes et l'apparition du clonage, des règles (parfois floues dans certains pays) ont été mises en place pour assurer la sauvegarde d'une certaine éthique : interdiction du clonage humain, ou encore de l'utilisation d'embryons comme garantie de remplacement d'organes défectueux... Mais que se passerait-il si ces règles étaient bafouées ? Et si une entreprise peu scrupuleuse allait encore plus loin ? Le scénario de The Island ne relève quasiment plus de la science-fiction puisque ce qui s'y joue est parfaitement réalisable de nos jours.

Un thème a été abordé, certes survolé mais tout de même présent : la déshumanisation. Ces clones, ces êtres sans prénoms classifiés et affublés de sobriquets à base de chiffres et lettres grecques (6 Echo, 4 Delta...) sont dénués de leur individualité (mêmes vêtements), du plaisir de l'excès (nourriture) et surtout, de toute dimension sexuelle qui ferait d'eux non seulement des hommes et des femmes, mais également des êtres vivants. Les femmes se font dérober leur enfant dès la naissance, simples porteuses vouées à ne jamais être mères.

Un parallèle (certes grossier) est même effectué avec l'holocauste (théâtre de la déshumanisation par excellence) lorsque certains d'entre eux se retrouvent en chambre à gaz. Lincoln s'affranchit de ce statut déshumanisé lorsqu'il se fait appeler 6 Echo et répond, dans un accès de colère "Mon nom est Tom Lincoln !". L'on ne peut s'empêcher de repenser à la litanie du Prisonnier qui affirmait ne pas être un numéro, mais un homme.

Tout comme leurs commanditaires s'offrent une deuxième vie grâce à ces pratiques moralement discutables, les clones font l'expérience d'une renaissance (symbolisée par ce long couloir, image d'une véritable naissance qu'il n'ont jamais connue) lorsqu'ils s'échappent du complexe, réalisant enfin qu'il s'agit d'un leurre. Ce thème de renaissance est également omniprésent durant tout le film, jusqu'à la fin, porté par ce bateau du même nom :"Renovatio".

Un des plus du film est cette petite originalité du scénario qui s'éloigne du thème rebattu d'une société totalitaire à la 1984 / Farenheit 451 / Meilleur des mondes etc. puisqu'il ne s'agit quasiment plus d'une dystopie : cette société est un leurre.

Bref, un film sympathique et non un chef-d'œuvre, parsemé de longueurs (a-t-on besoin d'une course-poursuite de 20 minutes à grand coups de véhicules cramés et d'explosions dans un film traitant d'un tel sujet ? Bay n'a pas pu s'en empêcher.) et de scènes grandiloquentes filmées à la grue tournante (burp), le tout sur une bande originale fadasse (Michael, on sait que tu adores Steve Jablonsky, mais il y avait tant de meilleurs compositeurs que lui pour ce thème - ce n'est pas Transformers hein).

Il a au moins eu le bon goût de ne pas transformer Scarlett Johansson en bonasse décérébrée - et rien que pour ça, ça mérite plus de la moyenne.
Filmosaure
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le 7 août 2011

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