The Intruder
7.5
The Intruder

Film de Roger Corman (1962)

C'est assez bizarre : je n'ai vu que peu de films réalisés par Corman et même produit par lui, mais la plupart de ce que j'ai vu étaient des films sérieux. Alors qu'il est surtout connu pour ses séries B (j'en ai vu quelques unes aussi) ; en tous cas, ce réalisateur-producteur m'impressionne de par son talent artistique et j'espère que Joe Dante parviendra à faire son film sur lui (avant que Corman ne meure, si possible ; d'ailleurs on va espérer qu'il ne rejoigne pas Bowie cette année).


Le scénario est intéressant : le thème du racisme, un personnage principal à la tête des émeutes (ça c'est de l'anti-héros), de longs dialogues et surtout un thème sur la domination et la manipulation. C'est sans doute ce qui m'a le plus plu : ce besoin de dominer les autres, d'avoir le pouvoir en les manipulant, en jouant avec leurs convictions. C'est assez bien amené, et les échanges entre personnages sont bien fouillés.


Toutefois, Corman se perd un peu dans les 20 dernières minutes de son film, ou plutôt il perd un peu ses personnages ; il abandonne l'ennemi, tout d'abord, de manière marquante (positivement), mais ça reste un abandon regrettable car dès lors, Corman doit trouver d'autres personnages pour tenir tête à l'homme en blanc ; il abandonne l'homme en blanc justement, en corrompant son mode de pensée : disons que ce revirement psychologique, la peur que les autres tuent un innocent, même noir, ne me paraît pas crédible ; certes, le bougre a monté cette dernière histoire afin de reprendre le contrôle de manière désespérée, mais qu'il se ravise de la sorte et puis qu'il perde les pédales à la fin. C'est d'ailleurs un peu facile comme fin. Même si cela permet quelques chouettes plans (vue subjective sur la balançoire).


La mise en scène est simple, sobre, efficace. Corman ne s'embête pas avec des choses compliquées dans l'espoir d'en mettre plein la vue. En revanche, il choisit toujours bien ses plans : c'est dynamique et puis surtout c'est efficace pour raconter ce qu'il raconte. C'est proche de la BD aussi, avec des plans qui ne laissent place à aucune ambiguïté. Enfin, les acteurs sont globalement bons. On retiendra plus particulièrement Shatner, mais les autres s'en sortent aussi à quelque exceptions près.


Bref, voilà un film assez intéressant malgré un final un peu confus.

Fatpooper
7
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le 3 févr. 2016

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4 j'aime

Fatpooper

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