The Housewife: Amour adultérin et société patriarcale

29eme film de l'année et découverte de cette nouvelle proposition artistique nippone s'intéressant en sous texte à la place de la femme au sein d'un foyer traditionnel à travers le prisme d'un amour adultérin, c'est bien fait et divertissant!


C’est en recroisant son ancien amant de faculté, que Toko, depuis longtemps femme au foyer, voit soudain renaître en elle le désir de travailler, et de reprendre son métier d’architecte. Mais peut-on jamais réinventer sa vie ?


A la sortie du film, il est amusant de voir ce que les divers influenceurs spécialistes du Japon ne cessaient de répéter vis à vis de sa société et des dynamiques qui la traversent ne semblent pas vraiment être corroboré par la vision qu'à l'auteur sur la société nipponne, qui malheureusement à l'instar des autres sociétés, notamment occidentales, n'est pas matriarcale mais bien patriarcale (l'une comme l'autre n'étant pas de saines solutions à mon humble avis).


Pour en revenir à l'histoire même du métrage, c'est une histoire d'apparence simple mais pleine de subtilités faisant comprendre par petites touches égrainées ça et là les différentes dynamiques, enjeux qu'il y a entre les protagonistes grâce à un gros travail sur le non-dits, jeux de regards, jeu corporel, mise en scène ou encore par sa colorimétrie.


Le spectateur comprend aisément le dilemme qui s'opère dans la tête de la protagoniste, prisonnière d'un mariage creux, vidé de tout amour, complicité ou sentiments qui n'ont été peut-être jamais présents, mais qui s'est imposé à celle-ci par le poids d'une société où il est inconcevable de ne pas rentrer dans le moule, en particulier pour la femme. Cette dernière étant condamnée à ne devenir que ce qui est prévu de base pour elle, une mère au foyer.


Dès le moment où elle devient cela, c'est comme si son identité initiale, ses aspirations personnelles, ses envies, sa relation avec son partenaire disparaissaient comme si tout cela n'avait jamais existé.


Dès lors, elle n'est plus considérée comme femme mais nounou, assistante sexuelle voire objet de décoration n'ayant pas la capacité intellectuelle d'être plus que cela aux yeux des autres. Pas étonnant alors qu'il y ait la tentation de sortir de la masse, de l'ombre écrasante du tatemae japonais englobant tout son être et de vivre au grand jour sans étiquette pour redevenir une personne à part entière et non un personnage fonction notamment à travers les yeux partageant nos vies.


A travers ce film, le réalisateur montre tout le paradoxe de la société nippone où les relations adultérines sont normalisés tant chez les hommes que chez les femmes mais qui sont tout simplement le reflet des effets pervers du tatemae avec ce devoir de faire bonne figure auprès des autres, quitte à abhorrer une image public totalement différente de la vérité.


Les personnages du récit sont très intéressants et bien représentatifs de ce que cherche à faire comprendre le réalisateur avec un développement de personnage assez profond pour être compréhensible par le spectateur.


L'interprétation du casting est bien évidemment très bonne notamment celle de Kaho dont tout semble très juste et équilibré.


J'ai beaucoup apprécié l'alchimie qu'elle a avec Kazuyuki Asano ou encore celle avec Tasuku Emoto, tous les deux assez bons.


Au niveau visuel, j'ai aussi beaucoup apprécié la photographie de l'œuvre mettant en relief tout le travail de mise en scène du réal notamment avec cette caméra assez proche des acteurs notamment dans les moments intimes ou de complicité et les plans assez panoramiques extérieurs montrant un Japon enneigé donnant un cachet à l'image et au film. La partie sonore sublimant aussi le travail visuel.


C'est au final une bien jolie découverte pour ma part avec une histoire certes assez simple mais allant à rebours de ce qui est rabâché le plus souvent sur cette culture donc c'est plutôt rafraichissant, notamment car c'est bien fait, bien construit avec des personnages charismatiques et attachants portés par un casting ayant parfaitement réussi à se fondre dans les rôles pour leur donner corps.


Je n'ai pas vu le temps filer et j'ai passé un très bon moment devant.


A découvrir notamment pour avoir une autre facette du Japon.

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le 18 mars 2022

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lugdunum91

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