Habitués du MCU, les frères Russo sont débauchés par Netflix pour pondre un film d'action à 200 millions de dollars (!). On y retrouve la volonté de renouer avec les classiques de l'espionnage. Ainsi l'intrigue se centre sur un agent trahi, un macguffin (en l'occurrence une clé USB), et une série de voyages en Europe.
Du moins sur le papier. Car à l'écran, "The Gray Man" ressemble surtout à une grosse machine qui fait pschitt. Un scénario prévisible sans inventivité, avec plusieurs facilités. Des changements de pays en trois secondes, qui alimentent des péripéties se voulant frénétiques mais manquant d'âmes. Du numérique à tout les étages, parfois bien moche (où sont passés les 200 millions ?). Et une distribution prestigieuse (... ah, on a peut-être la réponse pour les 200 millions) qui a l'air de s'ennuyer ferme.
Ryan Gosling, n'ayant pas sorti de films depuis les (injustes) bides financiers de "Blade Runner 2049" et "First Man" en... 2018 (!!) incarne ainsi ce protagoniste en mode automatique, qui abat les méchants par paquets de douze sans sourciller, se remémorant à l'occasion un passé douloureux. Anna de Armas apporte un peu de charme et de classe, mais parait loin de son interprétation fraiche de "No Time To Die" alors que les personnages sont proches sur le papier.
Et évidemment, on ne peut pas ne pas évoquer Chris Evans qui cabotine en méchant à la moustache ridicule. Pas vraiment menaçant vu qu'il donne surtout des ordres à des mercenaires peu compétents à travers ses écrans, ce bad guy est surtout improbable et irritant.
D'autant plus que les tentatives d'humour tombent à plat. Et ce n'est pas la réalisation qui rehaussera l'affaire. Les frères Russo ne se montrent pas vraiment à l'aise avec les combats rapprochés, et il y en a beaucoup. Ca va de l'illisible franchement moche, à du correct. Soyons honnêtes, il y a quelques propositions un peu originale. Dont cette fusillade dans un tramway (faudra m'expliquer quand même comment le chauffeur peu conduire dans cette situation...). Ou un acte final qui met largement en valeur le château de Chantilly... que le film tente de nous faire croire situé en Croatie (!!!).
Par contre, carton rouge sur les drones. Ils sont utilisés à tort et à travers, de manière souvent totalement gratuite. Heureusement pas en plein dans une scène d'action, mais plutôt pour faire une exposition ou un lien entre deux plans, de manière là encore frénétique et superficielle.
Décidément, l'avenir du cinéma d'action n'est pas sur Netflix... On préfère largement regarder le prochain Mission Impossible ou James Bond sur grand écran...