Après Seven, David Fincher était bien évidemment attendu au tournant, et forcément, il ne pouvait pas être tout à fait à la hauteur de l'attente générée par ce coup de maître. Même s'il s'impose comme un styliste très doué, à la fois élégant et efficace, comme un peintre d'atmosphère insidieuse et trouble, Fincher livre un thriller étrange, en forme de cauchemar au climat zarb et sombre. Il balade le spectateur avec brio pendant un bon bout de temps au sein d'une partie de cache-cache dont on ne connait pas plus les règles ni l'issue que son héros, une sorte de parcours du combattant où ce héros joué par Mike Douglas ne peut se fier à rien ni personne, et où il n'est qu'un jouet. C'est très déstabilisant car le personnage comme le spectateur perd pied dans un monde pourtant convenu.
Malgré l'aspect virtuose et fascinant de la mise en scène et de l'intrigue, dans un univers où le vrai et le faux se mélangent, l'intérêt faiblit un peu car le film accumule les fausses pistes, les rebondissements spectaculaires et trop de surprises artificiellement amenées. A la fin, on se dit "tout ça pour ça?", on peine un peu à s'inquiéter pour le héros alors qu'après tout ce n'est qu'un jeu. On a l'impression que Fincher n'a pas voulu insister sur les failles psychologiques ou certaines directions risquées, préférant se raccrocher à des branches familières et des ficelles éprouvées.
Ceci dit, c'est ce que j'ai ressenti la première fois que j'ai vu ce film, maintenant ça peut évoluer en le revoyant, et ça reste malgré tout un divertissement plaisant à défaut d'avoir une vraie descente aux enfers, je reste quand même persuadé que Fincher a fait preuve de retenue et nous a privé d'un truc plus vertigineux, mais qu'importe, après tout, on se laisse piéger par cette réflexion sur les faux semblants, bien entraînés par les 2 acteurs principaux, dont un Mike Douglas très performant qui est de tous les plans et qui impose sa présence, et Sean Penn qui en 2 scènes parvient à marquer aussi sa présence ; tous deux sont des frères dont le second offre un cadeau d'anniversaire atypique au premier, et sont soutenus par de bons seconds rôles comme Deborah Kara Unger, James Rebhorn ou Armin Mueller-Stahl...

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le 18 sept. 2018

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Ugly

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