He's fat, you're thin, and you're both fucking ugly.

Le cinéma anglais des années 80-90 est très marqué socialement. Beaucoup de films mettent en scène ces usines qui ferment, décriant notamment les années Thatcher. The Full Monty fait partie de ceux-là, puisqu'on se retrouve à Sheffield, ville du nord de l'Angleterre particulièrement touchée par ces fameuses fermetures d'usines, au sein d'un groupe de chômeurs qui ne parviennent pas à trouver un nouveau travail.


Là où Ken Loach fait dans le pur drame qui pourrait éteindre les plus enthousiastes d'entre nous, certains autres réalisateurs préfèrent se concentrer sur un instant de bonheur au sein de ce marasme. C'est le cas de Catteano qui nous livre une pure comédie dans un contexte pourtant peu favorable. Typiquement anglais. On entendrait presque les Monty Python nous chanter "Always Look on the Bright Side of Life". Car c'est ici toute la philosophie anglaise: on dénonce des conditions dramatiques certes, mais ce n'est pas une raison pour déprimer.
The Full Monty, c'est un arc-en-ciel dans le brouillard anglais. Le film trouve d'ailleurs un écho particulier aujourd'hui, alors que nous vivons une période presque équivalente avec les difficultés liées à l'emploi que l'on connait.


Catteano parvient donc à nous scotcher un sourire au visage alors qu'on comprend pourtant bien la situation des personnages et qu'elle nous désole. On ne peut s'empêcher de rire en permanence tant l'humour est efficace. Tout en dérision et en humour de situation, le film s'inscrit dans la lignée des comédies anglaises les plus réussies. Les dialogues, sous leur apparente vulgarité via un usage immodéré du 'slang', sont en réalité très fins et font mouche systématiquement.
Par ailleurs, on note une B.O. au-dessus du lot, entre les musiques de danse qui nous feraient presque lever de notre fauteuil et celles des autres scènes qui valent aussi leur pesant de cacahuètes, nous immergeant totalement dans leur monde. Le film nous donne quelques scènes cultes, on pense ici en particulier à la scène dans la file d'attente où nos danseurs ne peuvent pas se retenir de se trémousser.


Enfin, The Full Monty, c'est aussi l'illustration de la solidarité outre-Manche. Les spectateurs, ou plutôt spectatrices, ne viennent pas voir nos héros pour se moquer. Au contraire, elles y vont de bon cœur non seulement pour participer à cette fête, mais aussi pour aider ces chômeurs qui ont besoin d'eux. Les strip-teasers, à l'image du film, ne résolvent rien mais apportent un peu de bonheur dans une période où les motifs de satisfaction se font rares. Profitons-en.

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le 23 sept. 2014

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Jake Elwood

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