A l'heure où les usines ferment les unes après les autres, où le français moyen n'espère même plus trouver un poste décent et où même les irréductibles bretons sortent de leur réserve pour donner de la voix et du gourdin, voir un film comme "The Full Monty" fait à la fois flipper tout en redonnant le sourire. Flipper car on se rend compte que les choses ne changent pas, que c'est encore et toujours la même merde. Mais que quitte à être dans la mouise jusqu'au cou, autant se marrer un bon coup avant de retourner à la grisaille ambiante.

Succès surprise de l'année 1997, "The Full Monty" incarne à la perfection ce cinéma social tout britannique, retranscrivant efficacement la morosité d'une ville ouvrière autrefois si florissante mais désormais au point mort, ces journées passées à jouer aux cartes à Pôle Emploi et à vivre de petites combines en attendant des jours meilleurs. Mais contrairement à un Ken Loach certes engagé mais souvent plombant, le film de Peter Cattaneo et scénarisé par Simon Beaufoy, tout en conservant son statut de film social qui dénonce, à la particularité de faire rire, d'apporter un arc-en-ciel au milieu de toute cette misère.

Partant d'un postulat délicieusement fantaisiste et accrocheur, "The Full Monty" fait passer énormément de chose, nous explose les côtes par le biais d'un humour constant avant de nous laisser le coeur lourd devant le parcours de ces hommes tentant de retrouver une certaine fierté, devant ce père prêt à tout pour conserver le droit de voir son jeune fils. "The Full Monty" réussi le pari insensé de nous faire rire et pleurer... en même temps. Objectif rendu possible grâce au talent et à la complicité d'un casting impeccable mené par ce roublard de Robert Carlyle, ici émouvant comme jamais, et révélant au passage d'immenses comédiens comme Tom Wilkinson ou Mark Addy.

Aucun film au monde ne parviendra à améliorer votre existence, à faire disparaître vos problèmes. Mais cette petite bande de bras cassés tout droit sortie de Sheffield pourra peut-être camoufler vos emmerdes pendant une heure et demie et c'est déjà beaucoup.

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le 8 nov. 2013

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Gand-Alf

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