Arthur Howitzer Jr., le rédacteur en chef du célèbre journal "The French Dispatch", décède subitement. Pour lui rendre hommage, un choix d'articles qui ont fait la gloire du journal sont réédités pour l'occasion, avant que la rédaction ne ferme ses portes définitivement.


Entièrement tourné à Angoulême et ses environs (qui devient ici la ville fictive d'Ennui-sur-Blasé), le nouveau film de Wes Anderson nous transporte à travers une histoire de tourisme à vélo, de peinture carcérale, de soulèvement de la jeunesse ou encore d'enlèvement aux accents culinaires.


S'entourant à la fois de son casting habituel, tout en dévoilant une nouvelle génération d'acteurs talentueux, ce "French Dispatch" est à l'image de son réalisateur : un nouveau joyau visuel.


Wes Anderson pousse toujours plus loin les possibilités que peut lui offrir le cinéma, en remplissant l'image autant qu'il peut tout en tentant de rester le plus clair possible dans ce qu'il veut montrer.
Mélange de décors réels et de décors récrées entièrement en studios, de couleurs et de noir & blanc, de format 4/3 et de format cinémascope, combinant les arts du cinéma, du théâtre, mais aussi de la bande dessinée, le metteur en scène et son impressionnante équipe technique nous gratifie (une nouvelle fois) d'une œuvre plastiquement dingue, méticuleuse, où rien n'est laissé au hasard et tout ce qu'on peut voir à l'écran a sa place et son importance.


Hommage direct au cinéma français (qu'Anderson a toujours admiré) où sont convoqués les films de Tati, de Renoir ou encore de la Nouvelle Vague, ce nouveau récit est riche visuellement (sans aucun doute son film le plus poussé à ce niveau-là), mais également verbalement. Entre voix directes et voix-off, les informations qu'on nous communique, les faits qu'on nous raconte se déroulent à un rythme souvent (un peu trop) frénétique, si bien qu'on ne peut pas toujours pleinement profiter de chaque plan qui s'offre à nous.


Et très vite, un choix est à faire : doit-on regarder le film, où le lire/l'écouter ? Admirer les images ou suivre les sous-titres ?


Car ce travail d'orfèvre, cette mise en scène ciselée au détail près, c'est à la fois la force/la particularité de ce film, mais aussi, quelque part, sa limite : submergé d'images (qui ressemblent à des tableaux) et d'informations en continu, nous voilà presque un peu frustré de n'avoir pas eu le temps de profiter pleinement de ce qui était à l'écran et d'être passé à côté de certaines choses.


On est à la fois émerveillé et désarçonné devant ce spectacle visuel et foisonnant où chaque plan équivaut à une idée de mise en scène et se déroulant à un rythme effréné, dans le fond comme dans la forme. Ce "French Dispatch", de par sa richesse et son inventivité disproportionnées, nous fait parfois passer un peu à côté de ce qu'on nous raconte, tellement on est happé par ce qu'on veut nous montrer.


Le genre de film qui méritera un futur revisionnage pour pouvoir pleinement saisir ces différentes histoires, ces différents témoignages, et ce qu'il y a derrière ceux-ci.
Mais pour le moment, me voilà un peu comme un gosse dans un TGV : j'en ai pris plein les yeux visuellement (et à ce point-là, c'est assez rare de nos jours), mais je suis aussi passé à côté de certains éléments tellement le train va vite.

Raphoucinévore
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le 25 oct. 2021

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Raphoucinévore

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