Tant qu'il ne perd pas sa montre, le vieil homme peut encore prendre la mer

Perdu dans les limbes de sa mémoire, un homme âgé erre à travers le temps et l'espace, tentant de remettre de l'ordre dans son esprit. Son appartement semble par instant le mener vers des pièces qu'il ne connaît pas, vers des époques qu'il n'arrive pas à situer. Les visages ne cessant de changer, il en finit parfois par oublier qui est qui et accepte alors tant bien que mal de ne jamais savoir où il est et avec qui.

Cet homme âgé, nommé Anthony, a Alzheimer.

À partir de là, le film alterne différentes temporalités dans lesquels le protagoniste principal évolue et tente de reconnecter des fragments de sa mémoire vacillante.

La mise en scène, fort éloquente et avec son point de vue essentiellement interne, permet de réellement se mettre dans la peau et la tête de cet homme dont l'univers semble être devenu un véritable puzzle incompréhensible. Rares sont les éléments extérieurs auxquels il arrive à se raccrocher, lui permettant de garder la tête hors de l'eau pendant de court instants. Le film est impactant par sa force dramatique qui touche à différents niveaux : d'abord celui autobiographique, avec le rôle parfait en la personne de Anthony Hopkins qui, avec son âge vénérable, voit en ce rôle un parallèle personnel à effectuer sur sa condition actuelle.

Ensuite, le terrain personnel où, en tant que spectateur, on voit en cet homme un reflet de notre nous futur, de nos parents, de nos grands parents... En nous touchant directement, il n'y a pas plus belle manière que de faire réaliser le quotidien éparse et complexe des gens ayant Alzheimer.

Rassembler les bribes de souvenir, tenter de connecter passé et présent, tel est le lourd fardeau d'une génération souvent oubliée. Mais ce film fait office de piqûre de rappel et le fait à merveille.