Laborieux et sans émotion

Comment oser déplorer un film quasi unanimement encensé par la critique ? Pourtant "the Fabelmans" est un film assez médiocre dans sa réalisation et Spielberg, qui est un grand cinéaste, a fait beaucoup mieux que ce film laborieux et plein de clichés. Sa structure narrative est plate et banale : il s'agit d'un récit qui suit poussivement sa chronologie et qui n'offre guère de surprises. Tout s'anticipe à peu près et s'enchaîne de façon prévisible. L'actrice qui joue la mère en fait des tonnes sans parvenir à déclencher beaucoup de sympathie (la scène de la danse au bord du feu est vraiment du sous Fellini) et le personnage du père se retrouve à la case assignée à presque tous les pères des films contemporains : des tiers interdicteurs et importuns sans grande consistance. Les scènes antisémites au collège ont été vues cent fois. Quant à la scène finale surjouée par David Lynch, elle est outrée et, au fond, assez facile. Surnage d'un ensemble assez ennuyeux, une scène avec l'oncle, cocasse et inspirante, mais le personnage disparait aussi vite qu'il est apparu.

L'ensemble se regarde avec distance tant la dimension émotionnelle, semble volontairement ou non, en grande partie abrasée.

On n'écrit pas toujours aisément sa biographie ou son biopic même quand on est devenu une idole adulée du cinématographe.