Attention, Attention cette critique contient des morceaux de spoil et sa sauce blanche tomates oignons et même si ce film ne contient pas de twist dont le dévoilement vous le gâche, ne venez pas vous plaindre après lecture si vous trouvez que c'est le cas.


The Birth of a Nation, par bien des aspects, c'est un film qui me faisait douter sur sa nature même de part pour commencer, par son titre.
The Birth of a Nation pour ceux qui l'ignorent c'est aussi une hyperproduction 1915 qui au delà d'un succès populaire et critique quasi parfaitement unanime, a eu pour principale conséquence , d'être l'une des pierres angulaires, si ce n'est le principal responsable de la renaissance du Ku Klux Klan lui donnant également ses attraits chevaleresques de croisade qui fera moultes émules et constituera le KKK tel que nous le connaissons encore aujourd'hui et encore plus dans ses heures de """""gloire"""""" avec cagoules et autres toges cérémonieuses parce que être la pire des crasses haineuses, ça rend mieux avec un bonnet pointu.

Alors, c'est un film que je ne vous conseille pas, il est tout bonnement abominable pour rester dans un vocabulaire sans nom d'oiseaux mais si la vision de ce qui est acceptable à travers les âges est quelque chose qui vous intéresse, c'est je pense, un visionnage qui s'impose car se dire que en son temps, ce film fut un succès unanime à de quoi faire au mieux froid dans le dos mais est aussi une excellente remise en contexte de la situation Afro-Américaine et plus globalement Américaine dans ce qui est pourtant déjà le XXième siècle après des années d'abolition de l'esclavage. Film donc affreux, certes mais pas du tout dénué d'intérêt pour saisir l'essence et le contexte de son époque.


Mais voilà que j'ai tellement digressé que je ne me souviens même pas du début de ma phrase, ah oui.
Ce titre donc a un côté plus que racoleur se voulant par conséquent une relecture de celui de 1915 voir même un remake (remake, pas remake ? Officiellement, je l'ignore.). Même si le parti prit est couillu, je dois l'admettre, j'avais d'ors et déjà peur d'un film vraiment très et trop politisé et son contexte de sortie, le notre pour toi qui suis telle une Cabrille à l'affut et duveteuse (c'est super) ça annonçait également quelque chose de très opportuniste ce que je vais de suite désamorcer, le projet étant porté par Nate Parker depuis déjà pas loin de 7 ans. A la rigueur on peut accuser un opportunisme de Studio mais reprocher à un gros distributeur d'en avoir ses méthodes, je ne trouve pas ça d'une fulgurance bien... fugace justement.


Bon, parce qu'on y est déjà depuis un moment, il faut bien que ça avance cette histoire. Après les attentes, qu'en est-il du film ?
Comme ma note le reflète, oui, c'est un métrage que j'ai plutôt bien apprécié mais je lui trouve quand même un bon nombre de défauts qui sans relever du naufrage, m'ont suffisamment piqués aux côtes pour que ma note y perde des plumes.


Comme beaucoup de films portant sur des figures historiques (biopic, pas biopic, pour le coup, je ne sais pas), The Birth of a Nation n'échappe pas un écueil qui m'agace beaucoup et qu'on retrouve dans des films comme Selma, Gandhi...
Prendre l'homme réel pour en soulever seulement le Héro en gommant ce qui en fait justement un homme, ses défauts et même ses malices.
Nat Turner est un héro et une figure majeure de la communauté Afro-Américaine, c'est le leader d'une insurrection armée célébrissime qui a définitivement changée la donne par un durcissement des lois esclavagistes sans précédent qui accélérera l'idée abolitionniste dans le Nord.
Mais ce que le film montre aussi timidement, c'est que l'homme est également par bien des aspects un Zélote.
Nat Turner, c'est un homme qui était dans l'intime conviction d'être un envoyé du divin, un prophète de son peuple et tout comme ses tourmenteurs, quelqu'un qui a instrumentalisé les écrits saints pour servir ses objectifs.
Attention je ne dis pas que Nat Turner est un imposteur, je dis que derrière le héro, il y a un homme avec tous les défauts du monde comme chaque homme et je suis toujours désolé de voir que cet aspect du héro que je trouve personnellement fondamental puisque le rapprochant du tout à chacun dont il a fait partie et qui même à travers ses actions, y reste lié.
On dit souvent que pour faire un bon méchant, il faut le montrer dans des ses scènes banales, voir même le dédiaboliser pour ensuite augmenter l'impact de sa vilénie, j'ai tendance à penser que pour faire un bon héro il faut aussi le montrer sous ses mauvais jours pour le rapprocher du genre humain duquel, il est un élément qui certes, se distingue de la masse mais est également constituant, montrant ainsi que l'héroïsme est quelque chose d’accessible à tous mais qui réclame des sacrifices.


Dans ce qui se rapproche du défaut cité plus haut il y a aussi le côté édulcoré de cette rébellion.
Car oui comme annoncé, le mouvement entraine la mort de 60 esclavagistes, hommes, femmes et... enfants. Tout n'est donc pas rose au pays de la révolte justifiée et même si la violence brute et bienvenue du film le montre assez certainement, elle a tendance à désamorcer ce même propos.


Je prend pour exemple la scène où au sortir de son lit, un contremaître rondouillard, qui de part son travail peut être qualifié de sac de pus, se prend un grand coup de hache en pleine face de cochon. Si la scène c'était arrêté là, elle montre la revanche d'un esclave sur son bourreau mais il fallait apparemment que ce bourreau soit également pédophile, ce que nous fais découvrir la petite fille dans son plumard le faisant passer de sac de pus à gigantesque sac de pus ce que je trouve un peu dommage, la chose fais passer l'action de la vengeance à l'héroïsme, faisant passer le sac de pus sus-nommés au monstre du pire acabit. Ce qui rend le meurtre plus manichéen qu'il ne l'est vraiment.


Dans un style différent certain élément qui dans leur volonté de faire choque, brisent le réalisme du films avec deux grandes scènes pour moi.


La première arrive au tout début du film le père Nat, parti de nuit chercher/voler de la nourriture se fait alpaguer par un groupe de chasseur d'esclaves qui décide sans amples vérifications, ce dernier ayant un laissé passé (presque sans aucun doute un faux mais ça, les chasseurs n'en n'ont pas la certitude absolue), de le mettre à genou pour l'exécuter sommairement et... non.


Je trouve que tout le film à un problème quant à son traitement du statut et du concept d'esclave.
Un esclave, c'est une propriété, c'est un bien personnel, c'est comme un tabouret (qui devais d’ailleurs être mieux protéger par la loi). Le propriétaire d'un esclave a absolument tout droit sur lui, si il a envie, il peut le faire écarteler, démembrer, violer, atomiser, le mettre sur orbite, jouer au fléchette avec, bref absolument ce qu'il veut, c'est son bien, il l'a acheté, il a même un titre de propriété. En revanche, ce droit absolu, seul le propriétaire l'a sur son esclave donc si monsieur le Chasseur tue le père de Nat sur une simple suspicion alors que ce dernier n'est pas recherché et bien monsieur le Chasseur se met bien dans la merde parce qu'un esclave, même un malade, ça en coûte de l'oseille, ça en coûte même beaucoup alors là comme ça, le descendre dans le doute... j'ai vraiment beaucoup de mal à y croire. Un esclave est un investissement et on préfère souvent la torture au meurtre une oreille coupée par ci, cinquante coups de fouet par là, un langue coupée par ci, un œil arraché par là avec par contre, assez souvent préservation des dents faisant grimper la quotte de notre ami n'en a pas fini de sa vie de souffrance, je pourrais chipoter en disant que la scène du sautage de dents au burin arrivant plus tard n'a pas de sens mais elle se justifie bien pour montrer le maître abject qui en plus ne semble pas fortuné et puisque qu'il est le seul propriétaire qui au delà de la cruauté même de sa nature est totalement psychotique. La scène n'entre donc ni dans le Too Much ni dans le "non", montre toute l'horreur dont un individu est capable quand on le place sous le jour de la toute puissance.
D'ailleurs quitte à montrer de l'horreur de l'esclavage, pourquoi reprendre le supplice du fouet lorsque Nat est puni pour son insolence ? La comparaison se fait instantanément avec 12 Years a Slave et pas pour le meilleur et surtout il existe des caisses entières d'autres pratiques largement aussi cruelles qui mériteraient d'être dénoncées même si je me doute que c'est dans un soucis de fidélité historique, je trouve ça tout de même un peu dommage, pas beaucoup mais un peu.


Le fait qu'un esclave à un coût élevé me permet d'arriver à la seconde scène, la mise aux enchères de la femme qui deviendra l'épouse de Nat.
Question décors, c'est très marché aux poules ce qui ne me dérange pas du tout en revanche, la nature des enchérisseurs, si.
Juste avant que le maître de Nat achète la jeune femme pour $275, elle manque de peu d'être remportée par un crasseux libidineux avec au moins 4 couches suifs pour la modique somme de $250.
Alors si vous n'avez pas idée de l'inflation du Dollars Américain entre 1820 et aujourd'hui, la scène n'a pas dû vous interpeller, moi en revanche, elle m'a fait écarquillé les yeux.
$250 de 1820, aujourd'hui ça fait la modique somme de $4800 et j'ai vraiment mais vraiment beaucoup de mal à croire que dédé la crasse possède même le dixième de cette somme.
Et je tiens à dire que $275 de l'époque n'est pas une somme hallucinante pour un esclave, c'est même plutôt une bonne affaire, la femme semblant en bonne santé, jeune...


Enfin, il y la fin qui me dérange (bien grand mot) également. Vouloir placer l'Afro-Américain au centre de l'abolitionnisme c'est une image très belle mais également très loin de la réalité.
Il est évident que la guerre de sécession à pour principale source l'esclavage, pas la seule, des personnes plus expertes que moi seront à même d'en faire une liste, mais ses grands acteurs sont bien plus politiciens qu'esclaves et attention sur deux choses, je ne nie pas le combat de la communauté afro-américaine qui a effectivement et activement participé à cette guerre et surtout, surtout je ne fais pas des politiciens des figures humanistes, la vraie raison de la fin de l'esclavage étant avant tout pour ne pas dire primordialement économique.
Sans rentrer trop dans les détails l'esclavage si c'est une solution profitable à l'échelle de l'exploitant, ça ne l'est pas à l'échelle d'un pays, surtout un aussi grand avec des mœurs en plus fortement fragmentées. Un esclave d'un point de vue économique produit certes de la richesse mais de part son statut ne consomme pas et est donc en un sens un frein à cette même richesse au niveau national encore plus quand le nombre de susdit d'esclaves et aussi gargantuesque.
Un calcul simple permet de se rendre compte que le pays produit plus de richesse avec des ouvriers même très peu payés qu'avec des acteurs de consommation nulle puisque ne possédant aucun capital. Car si un maître nourrit ses esclaves, les habillent... Il le fait presque toujours avec la plus grande des pingreries, une toute autre qu'un individu avec ses propres moyens même minuscules qui insuffle ainsi bien plus d'argent dans l'économie du pays. De plus l'esclavagisme était une pratique qui valait aux États-Unis un grand mépris de la part des Européens (qui on d'ailleurs tout autant les mains sales mais passons) l'abolition fait donc d'un pierre deux coups. Les esclavagistes en revanche qui, à leurs échelles individuelles étaient gagnant quant à la l'exploitation gratuite de chair humaine avec en plus, une valeur traditionnelle accolée à celle-ci, ne virent pas la chose du même œil que les hommes de Washington, la suite, tout le monde la connait et est-ce qu'on parle encore seulement du film... je ne sais plus.


Pour fignoler et dans un registre très différent, on note quelques longueurs dans le rythme un peu dommageables mais non plus catastrophiques.


Maintenant que j'ai craché mon venin tout de même pas bien acide sur le film, il est temps de passer à ce que je lui ai trouvé de bon.


Pour commencer, il n'est pas possible de ne pas saluer la maitrise qu'a Nate Parker de ses plans et lumières. Le film regorge de scènes purement sublimes avec une pensée particulière à celle où après avoir frappé son maître, Nat et ce dernier se font face avec en toile de fond ce vitrail violacé à la croix entourée de rouge qui projette sa lumière glauque sur les deux ennemis. La scène est d'un symbolisme hyper fort, c'est le début de la croisade du héro très littéralement, simplement magnifique.


On note aussi un petit nombre de scènes d'actions certes, assez inattendues mais également menées d'une mains de maitre avec un souffle véritablement épique donnant au récit des propensions bibliques voulues et bien amenées.


J'aime également aussi et tout particulièrement l'absence de ce personnage du "blanc vrai bon gars", ce personnage de sécurité qui permet assez souvent au spectateur (blanc) de se dédouaner quelque peu de la situations de ses ancêtres (culture que l'on a aussi avec la résistance pendant l'occupation mais passons).
J'ai crains que la mère de famille esclavagiste ne tienne ce rôle surtout en la voyant débouler dans le lieu de vie de ses esclaves, chose étant accueillie comme presque normale alors que ne l'étant absolument pas. Mais d'une part, sur une décision mortem de son Mari, elle renvoi le petit Nat à une vie de labeur après s'en être préoccupé plus comme on s'intéresse à un singe savant qu'autre chose et ensuite, malgré ses larmes de bons sentiments, elle ne fait absolument rien pour enrailler la cruauté de son fils la rendant en un sens complice muette.


Ce fils également, est un excellent personnage. Appartenant à une caste tout de même assez basse d'esclavagistes, chose qui existait et qu'on ne montre que trop peu, leur préférant souvent leurs homonymes très grands exploitant, il n'est ni un homme particulièrement sadique ni un homme bon, c'est un homme parfaitement de son temps et qui ne remet pas en question une seule seconde l'esclavagisme sans pour autant en être un acteur spécialement démoniaque, il est dans la bonne moyenne d'horreur de sa condition et là où beaucoup de films on tendance à donner dans le grandiloquent, ce portrait presque banale d'un homme qui finira par picoler à force de voir ce que d'autres font à leurs esclaves, marche vraiment super bien et sa mort violente en fait quelque chose d'assez doux/amer avec un dosage à la justesse superbe. Sa mort nous apporte de la satisfaction puisque ces dernières actions avant la révolte nous le rendent spécialement détestable mais d'un autre côté, son agonie qui semble fort douloureuse, nous refroidie et nous fait même un peu compatir, le type n'étant finalement pas le pire des monstrueux que sont les siens.


L'acting est également de très bonne facture avec en fer de lance Nate Parker lui même qui dans ses moments les plus chargés en émotions est d'une justesse parfaitement prenante que ce soit dans la colère ou la tristesse c'est une perfection. Je pense notamment à son premier coup d'éclat devant un petite troupe d’esclaves en charpie que Nat fini par appeler à une nouvelle lecture de la bible en hurlant d'une voix éraillée et pleine de sanglots hargneux avec aux yeux de lourdes larmes d'un mélange de tout. Que de beaux frissons devant cette performance qui touche au bouleversant.


The Birth of a Nation, c'est un film que j'ai découvert par surprise lors d'une Cinexperience et qui malgré ce que je trouve être un manque de rigueur contextuelle au profit de l'embellissement du récit avec lequel il se prend parfois assez lourdement les pieds dans le tapis, possède des forces palpables et une mise en scène maitrisée d'autant plus qu'il s'agit d'un premier film et qui pourra éveiller de l'intérêt, surtout pour un publique Européen pour cette période de l'histoire proprement fascinante et riche d'enseignements sur la face la plus sombre de la construction de la culture occidentale et de pistolets à silex.
Tout ceci place Nate Parker comme un cinéaste à suivre dans les années qui vont suivre et j’admets sans peine avoir envie de voir ce que je ce nouveau venu peut amener au cinéma Américain tout en souhaitant à The Birth of a Nation un succès au Box Office plus que mérité.

Korbensky
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le 5 janv. 2017

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