Présenté comme un Ocean’s Eleven bis par des abrutis du service marketing qui ont aussi eu la bonne idée de mettre en sous-titre « Le casse du siècle » dans le titre VF, The Big Short n’est finalement ni l’un ni l’autre. Pour le coup, il y a de quoi être perplexe quand on voit le film. Que la communication ou même le titre soient pourris, on commence à avoir l’habitude. Mais quand ils trompent sur la démarche même du film, là faut quand même pas déconner. Y a des licenciements qui s’perdent…


Le film est assez étonnant dans la forme et déprimant dans le fond.


Assez captivant même malgré le jargon financier. Adam McKay a d’ailleurs totalement conscience que le vocabulaire technique peut rebuter les spectateurs : la voix off le dit « Vous êtes perdus ? C’est normal ». Le film donne des petites explications faites par des personnages assez improbables. Surréaliste. Et même si certaines choses resteront imbitables ou nécessiteront de revoir le film, The Big Short est très bon pour faire comprendre des choses pas faciles.


Ajouté à ça le fait que le film est tourné comme un documentaire, farci d’images d’archives, d’explications sur les personnages, sur les événements ou les produits financiers, The Big Short se pose comme un film à la fois très documenté et très informatif. Ce qui ne suit pas au déroulement narratif du film mais qui le place finalement à mi-chemin entre fiction et documentaire. Bref, The Big Short, ce n’est certainement pas le film qu’on va voir pour se vider la tête. En fait, on quitte la salle la tête pleine de questions et de peur sur le monde géré par la finance gérée par des enfants cupides et inconscients.


Film-choral où les personnages ne se côtoient pas tous, The Big Short est aussi assez étonnant dans ce qu’il dégage. Le réalisme brut et technique du film n’occasionne pas un seul bâillement grâce à une réalisation dynamique qui alterne scènes « normales » et insertions d’images d’archives, de plans très nerveux, avec gros plans, caméras à l’épaule,… Ce dynamisme et le sujet même du film font que je n’ai pas décroché du film. Sauf la mâchoire. Adam McKay aurait pu se consacrer tout entier à son sujet en délaissant la forme. Il ne l’a pas fait et livre un film équilibré.


Heureusement, le développement des personnages est assez épuré, pas de drame familial en trop, d’histoire d’amour inutile,… on en apprend juste assez sur la plupart des personnages pour que ceux-ci aient un minimum d’intérêt pour le spectateur et sans que ça nuise à l’histoire. Et là où The Big Short est particulièrement bon, c’est sur la manière dont tout est raconté, avec humour (noir, sans sucre), une grosse dose de cynisme et la façon de traiter les personnages ; si ceux-ci réussissent c’est que le système financier a planté le monde. Ça casse tout manichéisme d’entrée.


Ah oui, et y a un casting de folie. Dominé, à mon sens, par Steve Carell qui écrase de son talent un Brad Pitt faisant le service minimum. Les personnages n’ont d’ailleurs pas tous le même intérêt mais vu la nature du film, ce n’était pas forcément nécessaire.


Pour finir, ce qui fait que The Big Short restera un excellent film de finances, c’est ce mélange maîtrisé entre la critique du système financier et la pédagogie dont il fait preuve. Pour ma part, même si j’ai aimé le film, je n’en ai pas compris tous les tenants et les aboutissants. A revoir donc.


https://blogameni.wordpress.com/2016/01/07/the-big-short-le-casse-du-siecle-adam-mckay/

MrAmeni
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le 7 janv. 2016

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