Batman en herbe

Deux après ses débuts de justicier à Gotham City, Batman va devoir affronter le Riddler, qui tue des personnes hauts placées de la ville, gangrénée par la corruption.

Après la trilogie de Christopher Nolan et son détour chez Zack Snyder, Batman revient de nouveau à ses origines, où plutôt à une année deux pour paraphraser le titre d'un comics célèbre, le tout sous la houlette de Matt Reeves, excellent réalisateur au demeurant.

En dépit de quelques scènes fortes dont je parlerais plus tard, le film souffre à nouveau de cet excès de noirceur qui entoure le personnage, son univers ; alors là, on le souligne bien par les éclairages défectueux, la lumière rouge et noire, l'aspect torturé du personnage de Bruce Wayne. A un moment donné, cette ambiance ne donne un ton mature ou adulte, mais simplement puéril. Je ne demande pas non plus un univers bariolé à la Joel Schumacher, mais Tim Burton et lui avaient crée quelque chose qui se rapprochait d'un comics, non pas de la réalité qu'on nous distille à tour de bras.

Aussi bien les réseaux sociaux que les clins d'oeils assumés à Seven, voire même au 11 Septembre lors du final, je commence à saturer de cet excès de vérité, alors qu'il ne s'agit QUE de Batman. C'est pour cela qu'à mon avis, la série animée de 1992 restera le sommet de cette création. Je ne parlerais pas de sa durée de près de 3 heures, qui est délirante, car si on supprimait le ton solennel des dialogues, on gagnerait bien 20 minutes...

Mais tout n'est pas à jeter dans le film. En particulier l'interprétation de Robert Pattinson, qui donne au personnage quelque chose de juste, son manque d'expérience qui fait que Batman se rate dans certaines choses, qu'il se blesse, il n'est pas encore outillé à être le super-héros qui ferait peur aux voyous. Il y a aussi la mise en scène de Matt Reeves que je trouve parfois très efficace, notamment la poursuite automobile entre le Pingouin et Batman, car on ressent presque viscéralement la puissance de la Batmobile, qui ressemble plus d'ailleurs à l'Interceptor de Mad Max. Il y a aussi l'excellent Jeffrey Wright qui compose avec son commissaire Gordon un modèle d'égalité avec Batman, car on sent les deux personnages sur la même longueur d'ondes. Quant à Paul Dano, que j'adore depuis There will be blood, il compose un Riddler vraiment flippant avec son costume qui semble rafistolé comme pour échapper à toutes preuves.

On ne peut nier à The Batman une ambition certaine, une recherche formelle, mais est-ce qu'au bout de x films sur un personnage torturé, on n'en fait pas le tour à un moment ? Cela dit, Matt Reeves est un réalisateur passionnant, dont j'ai adoré ses deux Planète des singes, mais pour ce coup-ci, il aurait eu besoin d'un meilleur monteur, et surtout un peu moins de noirceur.