The Batman était un film que j’attendais beaucoup. D’abord un poil exaspéré par l’abandon du rôle par Ben Affleck, laissant un DCEU en ruine, j’étais sceptique sur l’idée de relancer encore une fois la franchise Batman. Le choix de Pattinson me semblait néanmoins correct, car l’acteur n’étant pas particulièrement ultra balèze pour jouer Batman, il allait se distinguer sur autre chose. Le côté détective serait de la partie. Et puis les bandes annonces m’ont montré que, définitivement, je pouvais dormir sur mes deux oreilles, le film serait bon.


J’ai donc vu The Batman, qui dure presque 3 heures, une première pour un film centré sur l’homme chauve souris. Puisant énormément dans les comics, beaucoup plus que dans les précédents films, les habitués verront des influences diverses, un long halloween, Batman Year one et Year two, Batman terre un, Batman Telltale et le jeu vidéo Batman Arham origins ( pour le costume). On y suit une enquête d’un Batman inexpérimenté, beaucoup plus réaliste et tourmenté. Bruce Wayne est très peu présent, il a la tête d’un mec déterré, pâle, insomniaque, et complétement obsédé par ses enquêtes et sa lutte contre le crime dans une Gotham réaliste et plus sombre que par le passé. La plupart des scènes du film se déroulent la nuit, sous la pluie et les néons.


Matt Reeves sublime son Batman en jouant sur l’obscurité, et également sur les bruits de ses bottes qui résonnent sur les pavés. On est clairement sur l’un des costumes les plus réussis de tout les temps au cinéma, bien que Pattinson soit moins impressionnant physiquement que Affleck, on est sur Batman svelte à la Arkham Origins dans une armure métalique et en même temps souple qui dépote. Et ce que j’ai aimé dans le film, c’est que ce Batman s’approche de la vision du comics terre un, avec un Batman le plus proche possible de la réalité ( il a une wingsuit intégrée dans son costume) qui n’hésite pas à prendre les traits d’un Bruce Wayne « underground » ( comprenez qu’il porte une capuche, il se maquille les yeux) pour avancer dans ses enquêtes.


Qui dit Batman réaliste, dit aussi Riddler réaliste. Après l’intreprêtation déjantée et non fidèle au personnage de Batman Forever par Jim Carrey, Paul Dano prend le flambeau et interprète un homme mystère à la croisée des chemins entre le tueur en série et le révolutionnaire fanatique. Qui n’hésite pas à utiliser les réseaux sociaux pour se fédérer une communauté de fans qui vont l’aider dans ses méfaits, qui ont au fond le même but que celui de Batman : montrer à quel point Gotham City est une ville corrompue.


Plus Bruce Wayne avance dans son enquête et plus il va se rendre compte de la vérole qui habite sa ville. C armine Falcone, le vieux gangster, le Pingouin (Colin Farell, méconnaissable), homme de main avec de très grandes ambitions, les policiers du GCPD véreux. Dans sa lutte, trois personnes l’aideront ( et avec qui il aura paradoxalement de vraies « relations sociales » ; car ce Bruce Wayne est vraiment très taiseux et froid) : le lieutenant Gordon, Jeffrey Wright impeccable, Selina Kyle/Catwoman ( Zoé Kravitz qui renvoie Anne Hathaway dans les cordes) et Alfred ( Andy Serkis, touchant dans sa relation avec Bruce).


Le film s’aventure sur un terrain que je connaissais déjà, avec les Batman Telltale, à savoir une déconstruction du mythe de la philanthropie Wayne. Et si papa et maman Wayne n’étaient pas aussi clean qu’il n’y paraît ? Matt Reeves s’oriente dans cette direction, malheureusement d’une manière équilibrée, pas aussi radicale que Telltale Games. Dommage. Ce faisant, cette enquête de Batman permet d’avoir les prétextes pour évoquer les traumatismes de Bruce Wayne d’une bien belle façon ( la conversation Alfred Bruce est la meilleure scène de Pattinson en tant que Bruce Wayne). Et de faire l’introspection de son rôle en tant que Batman, qui d’ailleurs est souvent surnommé à tort « Vengeance ». Est-il la justice ? Est-il la vengeance ? Est-il réellement l’antidote qu’il faut pour sauver Gotham ou le « vigilante taré » qui va inspirer des mecs comme le riddler à passer à l’acte ? Le film se pose la question. Le film nous montre un Batman beaucoup plus froid et insensible, voir même dédaigneux, trahissant sa « condition sociale élevée », selon Catwoman. J’ai trouvé cette orientation très bonne, même si paradoxalement, ce Batman reste batman, il ne tue personne, n’aime pas les armes à feu, et arrête les gens avec des menottes. Et la fin du film laisse déjà tendre à ça, j’aurai préféré que l’on reste sur un Batman ambigu et violent.


Parlons maintenant de la scène du film la plus réussie et la plus emblématique pour moi, qui va rester dans les annales de la cinématographie de l’homme chauve souris, la discussion à l’asile d’Arkham entre le riddler et Batman. Bien que je déplore que Riddler soit considéré comme fou à peine une heure après avoir été incarcéré ( mais passons), leur conversation qui expose les raisons des agissements du Riddler est magistrale. Elle tape là où ça fait mal. Reeves joue avec les nerfs du spectateur et de son héros, lorsque que plusieurs fois, on s’interroge sur le fait de savoir si Riddler connaît ou pas l’identité du Batman. Cette conversation débouche sur un grand final qui était dispensable, j’ai trouvé sur la fin que Reeves en fait trop, se raccroche au convenu et à la bienséance, avec un Batman déjà sur les rails de la « justice », de l’« espoir » et qui va se remettre en question. C’est trop tôt pour ça. Rajoutez une scène pathétique, en trop, avec Riddler qui tape la discussion dans l’asile d’Arkham avec « le Joker », qui annonce une suite, a brisé un équilibre qui m’empêche de dire que The Batman est un chef d’oeuvre.


A défaut, c’est un excellent film, meilleur que Dark Knight Rises et meilleur que BVS, c’est déjà ça. Probablement l'adaptation qui se rapproche le plus des comics, et avec l'une des meilleures photographies. En tout cas, c'est du film de super-héros pour adultes, il manque simplement un Rated R.

SpiderVelvet
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le 3 mars 2022

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