The Amazing Spider-Man était-il meilleur ou moins bien que la trilogie de Sam Raimi ? Même si ma réponse semble évidente pour certains, il faut bien admettre qu’il était encore trop tôt pour le dire. En effet, comment pouvons- nous comparer une saga entière à un petit opus de rien du tout ? Autant attendre la suite, non ? Et voilà qu’arrive sur nos écrans The Amazing Spider-Man 2 (bêtement francisé par le Destin d’un Héros…). Autant le dire tout de suite : même si j’en n’attendais pas énormément, la déception fut immense ! Du coup, ce n’est pas avec les films de Raimi que la comparaison va se faire, mais plutôt avec le premier opus, tellement le fossé est large.

Avant d’entamer avec cette suite, rappelons ce qui se passait dans le premier film. Bon, je vous évite le coup de l’étudiant se faisant mordre par une araignée et tout le tralala que l’on connait depuis le dessin animé (pour ceux qui ne lisaient pas les comics). Bref, c’était le parcours de Peter Parker, alias Spider-Man, qui, avant de laisser sur le banc de touche sa quête de l’assassin de son oncle Ben, mettait ses pouvoirs au service de la veuve et de l’orphelin. Notamment pour contrecarrer les plans d’un gros Lézard pas beau ! Résultats : une notoriété naissante et une petite amie dans les bras, malgré n’avoir pu empêcher au père de cette dernière de mourir tout en lui promettant de ne jamais l’impliquer dans sa vie de super-héros. Tout en essayant, en parallèle, de découvrir ce qui est vraiment arrivé à ses parents. Surtout son père (pauvre Maman Parker…), scientifique qui travaillait chez Oscorp, l’entreprise de Norman Osborn d’où provenaient… l’araignée et le Lézard ! Bref, pas mal de trames secondaires et de détails qui n’attendent qu’à refaire surface dans ce second opus !

Dès le début de The Amazing Spider-Man 2, le réalisateur et les scénaristes vous remettent dans le bain : une séquence d’intro franchement réussie qui dévoile l’accident d’avion des parents Parker, Spider-Man devant se balancer entre sa vie de jeune adulte (venant tout juste d’être diplômé) et de super-héros, tout en affrontant certains démons du passé (le lien entre son père et Oscorp, le fantôme du père de Gwen qui lui revient sans cesse…), faisant de lui une personne torturée à souhait. Sur le papier, c’était tout simplement alléchant (enfin un Spider-Man à la Dark Knight comme le promettait déjà la bande-annonce du premier opus ?). Jusqu’à ce que, inexplicablement, les scénaristes commettent la bourde à éviter : faire pareil que Spider-Man 3 !

Par là, il faut entendre un surplus de personnages. Notamment les méchants qui, encore une fois, se retrouvent au nombre de trois (Electro, le Bouffon vert et le Rhino). Problème : trop de protagonistes égal trop d’histoires à raconter. Et même en 2h18, c’est mission impossible ! En somme, à trop vouloir raconter, le film ne fait que survoler tout ce bon monde : le Rhino apparaît à peine que 10 minutes (5 au début et 5 à la fin), Electro (pourtant annoncé comme l’antagoniste principal) fait plutôt office de second couteau qui se montre au milieu et à la fin du film, le Bouffon Vert « prend naissance » à la va-vite pour répondre présent au projet et avoir sa scène d’action à la fin. Attendez, ce n’est pas fini car il ne s’agit que des méchants ! Les héros dans tout ça ? La même chose : Gwen Stacy n’est que la petite amie de service, tante May ne sert strictement à rien (même pas pour placer une réplique moralisatrice comme dans la trilogie de Sam Raimi)… et voilà !

Quid de Spider-Man ? C’est finalement le personnage le moins bien travaillé du film, c’est pour dire ! Tout ce qui était annoncé sur le papier part en fumée dès le premier quart d’heure. Les fantômes du passé, les dilemmes qu’inclut sa double-vie, son amour qui parait impossible… ses souffrances disparaissent en un clin d’œil au beau milieu du film, rendant l’ensemble inintéressant au possible. Sans parler que sa recherche du meurtrier de son oncle reste en suspens, étant donné que cette suite n’y fait aucunement allusion. Il ne reste que le personnage d’Harry Osborn, sans aucun doute le plus réussi. Mais également gâché par le survol inexcusable que s’autorise le scénario. Vous l’aurez compris après cette tonne de paragraphes : The Amazing Spider-Man 2 est une coquille vide, tout simplement ! Maintenant, préoccupons-nous de cette dernière.

Le premier opus se voulait « fun », en voulant se rapprocher du côté comique de la BD Ultimate Spider-Man, qui faisait penser à un teen movie (« film d’ados »). D’ailleurs, c’est ce qui était réussi dans The Amazing Spider-Man (la partie lycée, les blagues dispersées dans le script…). Pour cette suite, ils ont voulu mettre la dose ! Mais trop de fun tue le fun : Spider-Man n’est plus un super-héros cool et drôle, mais plutôt un gamin lourd. Dont les blagues ne font même pas sourire. Alors, quand un film tout entier arbore un tel humour, cela en devient long et ennuyeux comme ce n’est pas permis. Pire, le résultat fait peine à voir tant le film se démène à faire rire, sans jamais y arriver. Ridicule, tout simplement !

Il faut dire aussi que beaucoup de choses dans cette suite font virer Spider-Man dans le grotesque. À commencer par les méchants, qui n’ont aucun charisme (Electro en premier). Les répliques qui sonnent creux (comme Max Dillon qui trouve son nom d’Electro dont ne sait où et nous le balance à la figure par un « Je ne m’appelle pas Max. Je m’appelle Electro !»). Des situations grotesques (à la place du chemin de grues du premier film, nous avons un face-à-face entre deux Boeings). Des situations mal amenées (encore une fois, la « naissance » du Bouffon Vert). Une niaiserie indigeste (la foule applaudissant Spider-Man, notamment). Un montage fait au couteau, qui plombe le rythme du film. Même du côté de la musique, c’est une catastrophe (correspondant rarement à ce qui se passe à l’écran, comme cette musique héroïque alors que Spidey recoiffe Max…), pourtant signée par Hans Zimmer, avec toute une troupe d’artistes « modernes » (Pharrell Williams, Alicia Keys…). Et les acteurs…

Oui, le casting du film ne l’avantage guère ! Andrew Garfield et Emma Stone était pourtant une bonne pioche dans le premier opus. Ici, c’est du surjeu à tout-va ! Surtout Garfield, qui n’arrive même plus à rendre Peter Parker/Spider-Man attachant (un comble pour un film sur ce super-héros !). Quant à Stone, elle n’est plus aussi craquante que dans l’opus précédent, n’étant qu’une greluche au large sourire. Et ce ne sont pas Sally Field et le pourtant excellent Jamie Foxx (qui en fait ici des caisses) qui vont rehausser le tout. Il n’y a que Dane DeHaan qui s’en sort, en interprétant Harry Osborn avec justesse. Mais bon, inutile de rappeler que le scénario bâcle sa prestation !

Que reste-il à cette suite, après tout ce qui a été dit ? Les effets spéciaux, il faut bien le reconnaître, même si, visuellement, cela fait plus penser à un jeu vidéo qu’à un film (notamment lors du combat final). La mise en scène de Marc Webb, qui s’est améliorée depuis l’opus précédent et qui arrive enfin à donner de jolies perspectives aux « balancements » de Spider-Man (même si on est encore bien loin de ce qu’avait livré Sam Raimi par le passé). Mais malheureusement, jamais le bonhomme ne parvient à donner une once de spectaculaire aux séquences d’action, les filmant bêtement et préférant mettre en valeur les effets visuels (renforçant le côté jeu vidéo) et quelques effets de style dispensables (ralentis à la Matrix).

En quelques mots, The Amazing Spider-Man 2 est un film ridicule et ennuyeux. Et ça me fait vraiment mal de dire cela d’un long-métrage mettant en scène un de mes super-héros préférés ! Mais en voulant à tout prix garder les droits sur la franchise et de rivaliser avec Disney/Marvel (Avengers), Sony s’est empressé de livrer un nouveau film pour élargir son univers (2 suites annoncées ainsi que des spin-offs qui prennent déjà naissance dans ce film). Du coup, cet opus ne cache pas s’être fait dans la précipitation la plus totale, et cela se voit ! Là, je peux le dire : je préfère largement la trilogie de Sam Raimi, que je regrette énormément (pourquoi ne pas lui avoir laissé l’occasion de faire Spider-Man 4 comme prévu, pourquoi ?!?!). Ainsi que la saga X-Men, qui va connaître prochainement un nouvel opus, et qui s’avère être bien plus alléchant que ce Spider-Man qui ne révolutionne rien dans le monde des super-héros. Un film pour les gamins, et encore !

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le 9 mai 2014

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En fait un mec qui s'appelle Marc Webb, il est destiné à réaliser un film sur Spider-Man... Non ?...

Le nouveau Spider man, je l'attendais un peu. Parce que le précédent était une franche rigolade, et assez ringard comparé à la trilogie de Raimi (nous dirons d'ailleurs diptyque, le troisième film...

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