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Comédie grinçante sur le lobby de l'industrie du tabac aux Etats-Unis, le premier long-métrage de Jason Reitman se distingue par des répliques cinglantes, un cynisme enchanteur et une très bonne distribution.

«Michael Jordan joue au basket. Charles Manson tue des gens. Moi, je parle». Nick Naylor (Aaron Eckhart) n'est pas l'avocat du diable, il est le démon en personne. Enfin plutôt un ange diabolique. Défendre l'indéfendable (la cause de l'industrie du tabac) fait appel à toute sa force de conviction. Séducteur au sourire désarmant et aux formules implacables, Nick doit d'une part combattre la politique de prévention contre le tabagisme, et de l'autre convaincre son ex-femme qu'il est un bon père pour leur fils Joey. L'enfant permet de donner une dimension humaine au personnage joué par Aaron Eckhart. Dans ce rôle d'ordure sympathique, l'acteur semble se sentir comme un requin dans l'eau. La distribution ne contient aucune fausse note. On le savait déjà, mais William H. Macy, J.K. Simmons et Robert Duvall sont vraiment des seconds rôles de luxe.
Satire du marketing politique qui a pris le contrôle du système américain, Thank You for Smoking frappe d'abord par son cynisme. Adapté du pamphlet de Christopher Buckley, le ton est acerbe, mais conserve toujours son humour. Jason Reitman a été immédiatement emballé par l'histoire. Bien que ce film soit son premier long-métrage, le jeune cinéaste a su insuffler du rythme et de la cohésion à son récit.

Les dialogues aiguisés, dont beaucoup viennent directement du livre, fusent. Nick au nouveau petit ami de son ex femme, un petit peu trop regardant sur l'éducation du petit Joey : «Je suis son père. Toi tu es juste le mec qui baise sa mère». Boum. Dès la première scène du film, on comprend que Nick est un beau parleur qui peut se sortir de situations désespérées uniquement grâce à des mots. Convié à un show télévisé, il débute l'émission entouré de militants anti tabac et sous les huées du public. Après quelques pirouettes verbales, il sort grand vainqueur du débat en serrant la main du « Cancer Boy ». Les trouvailles du film sont multiples mais la plus marquante est probablement l'idée d'une réunion de lobbyistes surnommés les « marchands de mort ». Nick, lobbyiste du tabac, y partage ses parades avec ceux de l'alcool et des armes. God bless America !
Aede
7
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le 10 oct. 2010

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Aede

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