Tetsuo
7.2
Tetsuo

Film de Shinya Tsukamoto (1989)

Rares sont les films aussi expérimentaux dans la forme qui parviennent à m'agripper du début à la fin, et laisser dans un état second, totalement abasourdi, dans le sillage de leur tumulte. La ligne de démarcation entre génie et esbroufe, dans ce registre particulier et selon mes propres affinités, est souvent ténue. De mémoire, le dernier choc comparable remonte au visionnage du court-métrage réalisé en 2016 FUCKKKYOUUU (lien youtube, pour un public averti). La sensibilité de chacun et les prédispositions au bizarre sont les principales forces motrices orientant la réaction face à une telle œuvre, raison pour laquelle il peut être très difficile de décrire avec précision et intelligibilité les raisons d'une telle appréciation.


Tetsuo, s'il contient bien une ossature scénaristique, est avant tout guidé par les délires visuels sans aucune limite issus du cerveau (probablement malade) de Shinya Tsukamoto. Le titre ne sera d'ailleurs jamais explicitement justifié, même si on peut y voir une référence à Akira (dont l'adaptation au cinéma était sortie un an auparavant) qui partage quelques thématiques. Les références / allusions / évocations sont nombreuses, j'ai beaucoup pensé aux délires organiques du Cronenberg de l'époque série B, mais il deviendrait vite superflu de les énumérer toutes tant la singularité de l'expérience est absolue.


Des accès de gore, des éclairs de grotesque, des effets spéciaux en cascade. Un univers instantanément glauque, crado, dérangeant. Une avalanche de détails, un amoncellement de bouts de ferraille, un amas de débris organiques. Le mécanique rejoint l'humain et plonge son métal dans la (nouvelle) chair, formant une symbiose homme-machine, davantage orientée vers le parasitaire que vers le mutualiste. Une expérience sensorielle, évidemment, un travail graphique épileptique, à la plastique irréprochable, tant sur le plan de l'image que du son.


Et le film de se terminer dans un registre une nouvelle fois bizarre, mais encore différent, avec un échange fantasque entre les deux entités ayant fusionné. En substance :



"How about turning the whole world into metal? We can rust the whole world and scatter it into the dust of the universe.
- Sounds like fun.
- Our love can put an end to this fucking world!
- Let's go get them!"


http://www.je-mattarde.com/index.php?post/Tetsuo-de-Shinya-Tsukamoto-1989

Morrinson
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les films en Noir & Blanc par choix esthétique, Mon cinéma japonais, Top films 1989, Mes films de science-fiction et Mes films d'horreur

Créée

le 13 août 2018

Critique lue 748 fois

16 j'aime

7 commentaires

Morrinson

Écrit par

Critique lue 748 fois

16
7

D'autres avis sur Tetsuo

Tetsuo
Rawi
8

O.F.N.I.

Visuellement impressionnant, Tetsuo a ouvert des portes aux réalisateurs cultes contemporains. Que ce soit Cronenberg, Fincher ou certains frenchies comme Noé ou Kounen, ils sont nombreux à s'être...

Par

le 9 avr. 2013

53 j'aime

Tetsuo
Velvetman
8

Fury Road

Fougueux et détraqué. Comme une pustule, une démangeaison qui ne demande qu’à se désagréger. Tetsuo, c’est une tempête esthétique, une tornade auditive, le cri d’un esprit frappeur qui viendrait...

le 1 avr. 2016

42 j'aime

Tetsuo
burekuchan
5

RIP mes yeux, mes oreilles et mon cerveau

Ce genre de film complètement barré, en général soit on adore, soit on déteste. Bah j'ai pas pu choisir. Les images sont d'une force frappante, et la BO les renforcent à merveille (gros point fort du...

le 2 juin 2015

21 j'aime

1

Du même critique

Boyhood
Morrinson
5

Boyhood, chronique d'une désillusion

Ceci n'est pas vraiment une critique, mais je n'ai pas trouvé le bouton "Écrire la chronique d'une désillusion" sur SC. Une question me hante depuis que les lumières se sont rallumées. Comment...

le 20 juil. 2014

142 j'aime

54

Birdman
Morrinson
5

Batman, évidemment

"Birdman", le film sur cet acteur en pleine rédemption à Broadway, des années après la gloire du super-héros qu'il incarnait, n'est pas si mal. Il ose, il expérimente, il questionne, pas toujours...

le 10 janv. 2015

138 j'aime

21

Her
Morrinson
9

Her

Her est un film américain réalisé par Spike Jonze, sorti aux États-Unis en 2013 et prévu en France pour le 19 mars 2014. Plutôt que de définir cette œuvre comme une "comédie de science-fiction", je...

le 8 mars 2014

125 j'aime

11