Nous sommes 6 ans après le premier film quand commence le tournage du second volet. James Cameron a une nouvelle fois signé le scenario et il reprend la réalisation. Ce deuxième film est plus ambitieux tant au niveau ampleur de l’histoire que d’un point de vue technique et spectaculaire. Le budget qui était de 7 millions de dollars en 1984 passe à plus de 100 pour cette suite, ce qui en faisait à l’époque le film le plus cher jamais réalisé. C’est mignon.


Et dès les premières minutes, on sent que la suite ne tente pas d’aseptiser la violence du premier. Premier plan, première claque visuelle et auditive : Dans le futur, un Terminator écrase un crane humain. Le générique ne tarde pas à arriver, les noms s’affichent devant d’immenses gerbes de flammes entrain de bruler un jardin d’enfant, le thème du premier film transcendé et plus mélancolique que jamais, et on en termine avec un zoom vers le squelette d’un Terminator dans les flammes qui fait froid dans le dos.


Je ne vous ferai pas l'offense de vous raconter le pitch alors parlons de John Connor. C'est le personnage central du film. Son âge est un peu flou car dans le film comme en dehors il y a des contradictions là-dessus, mais 13 ans semble le plus crédible. Il est censé devenir le chef de la résistance et il a déjà une forte personnalité. On n’a pas une répétition du premier où le caractère de Sarah se dévoilait progressivement. Bien que vulnérable, il est déjà très débrouillard grâce aux enseignements de sa mère depuis des années, et n’a pas la langue dans sa poche. Peut-être un peu trop, il pourrait finir par irriter le spectateur par moments, surtout celui qui regarde le film en VF. Je préfère la VO et la voix aiguë mais légèrement éraillée (sur le point de muer) d’Edward Furlong à l’époque.


Sarah elle, a beaucoup changé. Les années l’ont endurci, elle est plus forte physiquement et entrainée à l’usage des armes. Mais internée dans un hôpital psychiatrique haute sécurité parce que (quelle surprise) personne ne la croit sur le Terminator, sans espoir d’en sortir de sitôt. Et le temps passant a fini par réellement mettre à mal sa santé mentale. Le début du film entretient même une certaine ambigüité sur le fait qu’elle ait ou non fini par basculer, car elle est présentée comme bien plus agressive, paranoïaque, et vraiment obsédée par l’avenir.


Mais la star du film reste Arnold Schwarzenegger. Et dans ce volet, les Connor ayant un Terminator dans leur camp, c’est l’occasion d’en apprendre plus sur ces derniers, comme leur technologie ou leurs manières d’appréhender les humains. Il ne prend pas de gants pour annoncer une mauvaise nouvelle, il réagit au pied de la lettre quand on lui donne une consigne, il reste neutre même quand John ou Sarah l’insultent. En un mot : Il est rationnel. Tout ce qui est émotionnel est plus dur pour lui à assimiler. A certains moments il en devient drôle malgré lui, sans tomber dans la clownerie. D’un point de vue concret il reste une machine quasiment invulnérable, mais l’ennemi du film c’est le T-1000.


Il faut savoir que dès le premier film, James Cameron avait eu l’idée de ce type de robot mais techniquement il ne pouvait pas le faire. Autre idée, il voulait à l’origine que le Terminator dans le premier film soit quelqu’un d’ordinaire qui puisse facilement se mêler à la foule, mais cette idée a changé quand Arnold est devenu le Terminator. Ici ces deux idées sont reprises, le T-1000 est terriblement efficace car il peut tout à fait passer inaperçu, durant une grande partie du film il parvient à se faire passer pour un officier de police. Mais il y a également le point de vue technique :


Un des intérêts du film ce sont les capacités du T-1000. Il est capable de prendre l’apparence d’autres humains, de transformer ses bras en armes blanches, de se reconstituer en cas de blessure et de littéralement se fondre dans un décor. Et pour l’époque ce film introduisait des effets spéciaux numériques révolutionnaires, c’est un des premiers films à avoir utilisé les capacités de l’ordinateur de manière si efficace, et seulement lorsque c’est véritablement indispensable. Ainsi, lorsqu’ils pouvaient encore utiliser une astuce qui permettait de tourner réellement, ils l’ont fait, le numérique n’était pas simplement la solution de facilité.


D’ailleurs beaucoup de séquences spectaculaires (explosions, accidents) ont vraiment été tournées et en taille réelle. Alors objectivement oui, on voit encore des petites imperfections. Une doublure flagrante d’Arnold, une maquette assez visible, le Terminator qui se fait endommager où on voit le passage de Schwarzenegger à un animatronic… Mais le film n’en reste pas moins spectaculaire et sombre. Un peu moins que le précédent, ne serait-ce que parce qu’il y a plus de scènes de jour. Mais c’est relatif et, pour sûr, il n’est pas moins violent.


Il peut même être dérangeant : Ainsi, Sarah a l’habitude de faire un cauchemar où elle voit l’holocauste nucléaire. Et il y a de quoi être mal à l’aise en voyant cette séquence, encore aujourd’hui. Cette scène est particulièrement violente. C’est une des visions du futur qui font écho au premier film, les références à ce dernier restant relativement discrètes. La première phrase que Kyle dit à Sarah dans le premier est resservie par le Terminator dans celui-ci. De même, les premières rencontres des Terminator et des Connor dans chaque film (même le 3) sont au ralenti et il y a des tirs de fusil contre l’ennemi.


Autre constante : La musique. Brad Fiedel est de retour. Cette fois y’a du pognon derrière et les sonorités sont différentes, exit l’utilisation massive de l’électronique, on peut entendre beaucoup de cuivres, on peut entendre des chœurs, il y a de la guitare lors d’un passage à l’ambiance latino… Une fois encore le Terminator ennemi a son thème récurrent, cette fois plus de « battement de cœur » mais un son lancinant qui reste facilement en tête, je pense que ceux qui connaissent bien le film voient très bien de quoi je parle. C’est le genre de bande originale qui fait référence dans le domaine du film d’action/SF. Ecoutez ce passage (avec des bonnes enceintes si possible…) par exemple. Comment ne pas être plongé dans la scène d’action sous nos yeux déjà spectaculaire en elle-même, avec une musique dont la montée en puissance est aussi grisante ?


Le film a beaucoup de thèmes et sous-intrigues plus ou moins développés. Sarah et John ont une relation complexe, John en veut à sa mère pour les années perdues, ce qu’il considère comme un abandon de sa part. Cette dernière semble plus penser à la destinée de John qu’à son bonheur, et ne fait pas confiance au Terminator après l’expérience qu’elle a vécue dans le passé. Or paradoxalement pour John, le Terminator est ce qu’il a eu qui s’approche le plus d’un père. La version longue d’ailleurs dévoile des scènes coupées qui approfondissaient efficacement ces thèmes. Toutes ne se valent pas bien sûr, mais je regrette la disparition de certaines.


Dans ce film on sent l’implication totale de James Cameron, aussi bien sa direction avec les acteurs qu’au niveau artistique et technique. Du coup on a assisté à un phénomène rare à l’époque : Une suite que beaucoup disent supérieure à l’originale. Il faut dire que son budget lui a permis d’être bien plus ambitieux et son marketing a été mieux réglé que le premier, ce qui lui a permis de rapporter plus de 500 millions de dollars dans le monde. Pour info ça le plaçait alors 4e plus gros succès mondial de tous les temps. Maintenant, une poignée de fans militants veut lutter pour une meilleure reconnaissance du premier face à son successeur, car plus sombre et moins « mercantile ».


Personnellement, j’adore les deux chacun dans leur genre, je ne peux que difficilement les départager. Ils sont… différents. En tout cas, rien que pour ces deux films,  je suis prêt à pardonner n’importe quelle autre errance de la carrière de James Cameron, même celle d’avoir dit que le 3e était super.

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le 2 mai 2016

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The Reg

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