Groupe indissociable du film, associons des titres de Use Your Illusion I et II pour rythmer cette critique


You ain't the first


Bien avant la sortie de T2, j'ai eu l'agrément d'avoir été profondément marqué par le premier opus. Pour en dire plus, ce fut même la première fois que je fus frappé par la grâce de la SF, qu'en comprenant l'intrigue, je l'assimilais à notre quotidien, à notre dépendance des machines. Bien sûr, la manière de filmer le gant de velours autrichien enrobant la main de fer cherchant à étreindre coûte que coûte le cou de la belle et bête Sarah Connor m'inspira le constat d'un film froid, rude et efficace que seule l'obstination de Kyle Reese allait adoucir.


Dust n' bones


Passé l'intro du futur apocalyptique, s'affiche une image que chacun de nous a en tête, l'embouteillage sur l'autoroute californienne. Ces milliers de voitures imbriquées les unes dans les autres scellant déjà le destin programmé par Skynet. A l'image de notre société, elles nous informent de notre pouvoir de mobilité autant que de notre inertie. Les enfants peuvent se balancer, personne ne viendra les sauver du grand Boum qui arrive, à moins que...


Yesterday


C'était sûr, c'était prévu, T2 c'était Terminator en plus grand, pourtant, dès l'arrivée des voyages temporels, allaient s'inscrire deux différences majeures. Les rôles vont s'inverser, le T800 est venu pour défendre la famille Connor, ce qui impose un nouveau traitement dans la méthode d'habillage. Bill Paxton doit encore se souvenir de la fois où il s'est fait dépouillé par une machine sans scrupule et si la deuxième machine n'est pas tendre, elle reste moins violente, elle a aussi des fiches bien précises quant aux marques en vogue à notre époque et fait preuve d'un minimum de tact pour obtenir ses lunettes. Le ton est posé, c'est grand spectacle et ce ne sera pas interdit aux ados.


Get in the ring


Il y a des acteurs qui n'ont pas la même chance que d'autres. Bien que Michael Biehn s'est toujours révélé convainquant, on ne l'a jamais trop revu. Le même constat est valable pour Edward Furlong et surtout Robert Patrick. D'accord, il utilise un même gimmick régulièrement mais personne ne peut me retirer qu'il est la vraie star du film. A la même mesure que Schwarzy dans le précédent, il instille une défiance inébranlable envers lui, tout en affichant, grâce à une gestuelle particulière, l'impression qu'il ne faillira jamais dans sa mission et une détermination sans égale. Même lorsqu'il la joue incognito avant de trouver John, la peur s'installe déjà et la rouste qu'il inflige dans les coulisses du centre commercial à celui qui nous avait fait tant frémir auparavant ne fait rien pour nous rassurer. Trois choses à noter lors de cette séquence, le fusil à pompe caché dans une boite de roses directement inspiré de la bande son, le mannequin métallique qui allume le T1000 et les appareils photos qui fusent, à l'image de nos smartphones, pendant le combat dans la rue.


Pretty Tied Up


Et si, malgré tous les effets spéciaux, les armureries vidées et les alertes à la violence routière, le meilleur du film concernait le traitement de Sarah Connor à l’hôpital psychiatrique. A mon sens, c'est la partie qui rend le plus honneur au premier film et qui légitime cette suite. Linda Hamilton, moins bête, moins belle mais magnifique et sauvage donne le change à cette ribambelle de testostérones magnétiques sans se déparer de sa candeur et de sa douceur originelle. La scène d'évasion constitue le nerf du film et la tension est à son paroxysme lorsqu'elle se retrouve entre les deux machines. D'ailleurs, si elle ne fait pas de crise cardiaque, c'est qu'elle se retrouve assez rapidement face à son fils qui de son coté se précipite pour la rassurer.


14 years


Pendant ces évènement, John Connor, le fils du futur, est âgé d'une petite quinzaine d'année et a d'autres soucis que devenir le leader de la résistance. C'est le personnage le plus difficile à construire tant il porte l'espoir de l'humanité et l'angle choisi pour le traiter est des plus corrects. Un ado affranchi et débrouillard qui cache profondément sa sensibilité jusqu'à ce que des robots viennent se friter devant lui. La première personne qui lui sera donné de sauver sera sa mère face à ses démons et si sa relation avec le T800 atténue le coté radical du premier film, ça reste dans une certaine logique vis à vis de la reprogrammation du robot par son personnage du futur et dans l’appréhension élémentaire de l'ado à découvrir qu'il a un robot pour lui tout seul, tel un jouet.


Civil War


C'est ainsi que nous rentrons dans la dernière ligne droite du film, après une période de repos à l'abri du T1000, la petite famille recomposée part à la conquête du futur, tout un concept.


C'est là qu'il faut suivre.
Imaginons une timeline originelle 1984-2029, on part de la fin quand Skynet envoie le premier robot afin de tuer John Connor dans l'oeuf. A partir de là, plus question pour Sarah de se trouver un gentil mari en boite de nuit, cette timeline est implicitement modifiée et John n'est pas prêt de naître. Pour ce, il faut envoyer un homme pour la défendre, Kyle. Ainsi il enfante Sarah et le traumatisme de la situation engendre une Maman Connor psychotique et gonflée aux hormones qui va tenter d'éduquer John afin qu'il réponde à l'attente suscitée, qu'on le veuille ou non, nous finissons sur une nouvelle ligne de temps.
N'empêche que Sarah pète un câble, John vit dans une famille d'adoption ce qui ne participe plus trop à l'élaboration d'une destinée d'enfer. Skynet installé sur cette nouvelle ligne profite de l'avancée technologique due aux restes du premier T800 pour renvoyer un robot plus perfectionné dans un passé plus proche tandis que la résistance récupère un robot au rebus pour y faire face. Ce reboot pour remettre en route le destin annoncé en libérant Sarah et en extirpant John de son petit train train de futur délinquant.

D'une certaine manière, c'est Skynet qui influe sur la conception de John et le modélise en super résistant et quand la troupe s'attaque à Cyberdine, James Cameron inverse non seulement le déroulement du film en tentant d'annihiler les parents de Skynet mais nous inflige un concept freudien immortalisé par "Maintenant, on le tient par les couilles", ce qui n'est pas très précis puisqu'ils tiennent de manière très concrete les couilles du père de Skynet.


Locomotive


Pan! Pan!Pan! Le suivi des opérations ne se révélant pas très discrètement, le T1000 revient à la charge. La mise en scène déroule un affrontement final presque banal pour la série jusque ici. Poursuite jusqu'à un décor industriel, le méchant quasi détruit, un renversement de situation d'anthologie décuplant le sentiment d’invulnérabilité de ce dernier avant l'extermination finale dans un design sonore inoubliable.


You Could Be Mine / Don't Cry


Si on a bien suivi mon histoire des timelines, déjà assez alambiquée, James Cameron se devait de "terminer" sa saga ici. La famille Connor est triste de voir disparaitre celui qui était en charge de les protéger. Mais, est ce bien raisonnable de de garder une telle machine complètement dépourvue de fiches culinaires, bricolage ou d'éducation sexuelle détaillées?


Appetite for destruction


Indépendamment du texte, j'espère que l'accompagnement des titres vous a plu. Si les liens vous ont paru tordus, en voici un dernier pas piqué des hannetons.


Pochette originale

Toshiba
8
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le 27 févr. 2020

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