Monique (Miou-miou) et Antoine (Michel Blanc) sont un jeune couple sans histoire, mais à la situation financière plus que précaire. Un soir, alors qu'ils sont à un bal, Monique engueule violemment Antoine au sujet de cette situation dont il semble se contenter avec un profond fatalisme. Ils sont alors surpris par Bob (Gérard Depardieu), un ancien prisonnier mystérieux qui les entraîne dans une série de cambriolages pour leur montrer comment s'enrichir. Cependant, il se révèle que l'homme n'agit pas par pur altruisme, mais parce qu'il est en réalité amoureux d'Antoine, plongeant celui-ci dans une profonde confusion.

Sorti en 1986, alors que l'épidémie du sida prenait de plus en plus d'ampleur dans la vie médiatique, le film - réalisé par Bertrand Blier - avait de quoi surprendre et choquer, comme c'était souvent en réalité le cas avec le réalisateur. Pourtant, s'il prend un malin plaisir à choquer son monde avec des dialogues et des scènes crues et audacieuses qui ne plairont forcément pas à tout le monde, il faut noter que le film garde tout de même une certaine “bienveillance” toute relative à l'écart de la communauté homosexuelle sans jamais tomber dans la blague potache gratuite. En réalité, en prennent surtout pour leur grade ceux qui auraient du mal à assumer cette homosexualité, aussi bien chez eux que chez les autres. Ainsi le couple Depardieu-Blanc une fois passé le “parcours initiatique” est dépeint comme un couple normal, notamment lors d'une scène de ménage où Antoine accuse Bob de le délaisser, la même scène aurait très bien pu être celle d'un couple hétéro que les dialogues auraient pu rester les mêmes à la virgule près, accords de genre mis à part.

Les trois acteurs partageant la tête d'affiche sont par ailleurs excellents dans leur rôle. Miou-miou est ainsi très émouvante lorsqu'elle se retrouve délaissée dans ce ménage à trois et reléguée dans un statut de bonne à tout faire. Michel Blanc surprendra tout le monde en livrant une prestation très éloignée de ce dans quoi on avait l'habitude de le voir jouer alors - lui permettant ainsi de recevoir un prix d'interprétation masculine à Cannes (c'est de saison). Quant à Gérard Depardieu, acteur fétiche de Bertrand Blier, il incarne à la perfection ce personnage au fond profondément odieux et manipulateur, mais où perce néanmoins l'image d'un homme traumatisé par ses années de prison et - semble-t-il - vraiment attiré par Antoine.

Les seconds rôles ne sont pas en reste avec notamment Jean-Pierre Marielle et Caroline Silhol en couple de bourgeois complètement blasé dans leur vie de la haute société qu'ils trouvent terriblement ennuyeuse ou encore Bruno Cremer jouant à un amateur d'art et plus particulièrement de statue antique d'homme nu…

Tous déclament si bien les dialogues si particuliers de Bertrand Blier, qui font, selon-moi, tout le côté culte de ses films. Depardieu (c'est pas pour rien qu'il est l'acteur fétiche du réalisateur) notamment nous gratifie de certaines tirades dont la culte

“La vie est une prison. Et la plus terrible de toutes, car le seul moyen de s'évader c'est de passer l'arme à gauche. Je vais t'enculer. Je vais t'enculer et tu jouiras, ton fion il n'en pourra plus d'extase. Et ça sera pas la peine d'appeler au secours en liberté y a pas de gardien”

Mais les autres acteurs ne sont pas en reste avec notamment

“Je vais tout de même pas me laisser enculer sous prétexte que c'est un ami, non ?!”

Prononcé par Michel Blanc

Cependant, je suis obligé d'avouer que je trouve que le rythme s'essouffle un peu vers la fin et comme souvent avec Bertrand Blier cela devient au fur à mesure qu'on avance dans son délire de plus en plus n'importe quoi. Je dirais que là ça commence à partir du moment où Michel Blanc se déguise en femme. Sans trop en révéler, des événements surviennent à la fin du film sans qu'on les comprenne réellement. Peut-être certains éléments de compréhension m'ont-ils échappé, peut-être cherché-je une réelle fin là où seul l'absurde est censé triompher. En tout cas, ce n'est pas la première fois que ça m'arrive devant des films de Bertrand Blier et cela fait que je préfère généralement le début de ses films à leur fin.

RangDar
8
Écrit par

Créée

le 3 oct. 2022

Critique lue 857 fois

19 j'aime

18 commentaires

RangDar

Écrit par

Critique lue 857 fois

19
18

D'autres avis sur Tenue de soirée

Tenue de soirée
Truman-
8

Certains l'aiment avec une bite dans le cul

Tout commence avec une intro vraiment géniale, et dès cette intro le ton est donné concernant les répliques ciselées qui vont fuser a tout bout de champ . Dans Tenue de soirée ce sont les dialogues...

le 24 déc. 2013

21 j'aime

4

Tenue de soirée
RangDar
8

Critique de Tenue de soirée par RangDar

Monique (Miou-miou) et Antoine (Michel Blanc) sont un jeune couple sans histoire, mais à la situation financière plus que précaire. Un soir, alors qu'ils sont à un bal, Monique engueule violemment...

le 3 oct. 2022

19 j'aime

18

Tenue de soirée
susic
8

Critique de Tenue de soirée par susic

Antoine ( Michel Blanc ) est fou de Monique ( Miou-Miou ) qui n’éprouve pas d’amour envers son compagnon. Antoine va donc désespérément se confier à son ami Bob ( Gérard Depardieu ) qui va l’écouter...

le 24 févr. 2023

19 j'aime

11

Du même critique

Le Kid de Cincinnati
RangDar
6

Steve McQueen de cœur

L'histoire est assez classique, elle peut faire penser à Rocky, ou bien surtout à l'arnaqueur sorti quatre ans plus tôt ; mais avec du poker à la place de la boxe ou du billard. Steve McQueen y...

le 27 juin 2023

19 j'aime

10

Le Train
RangDar
7

La valeur de la vie ou le prix de l'œuvre ?

Réalisé par John Frankenheimer, Le Train voit son acteur principal Burt Lancaster, incarner le rôle de Paul Labiche, leader d'un bastion de résistants, amoindri dans la France encore occupée d'août...

le 24 janv. 2023

19 j'aime

3

Le Colonel Chabert
RangDar
8

Ressurgi du passé

Excusez ce potentiel manque de culture littéraire, mais je n'avais jamais eu l'occasion de lire de Balzac avant ma lecture récente du Colonel Chabert ; bien sûr je connaissais l'individu, j'avais...

le 7 févr. 2023

19 j'aime

16