Généralement les gens qui ont vu "Tenet" disent qu'ils n'y ont rien compris.C'est normal,on a même l'impression que c'est fait pour tant Christopher Nolan,réalisateur,scénariste et producteur de la chose,s'est ingénié à emberlificoter son histoire à un point rarement atteint dans l'Histoire du Cinéma.C'est son truc à Chris,la complexification.Sans doute vexé que certains exégètes de son oeuvre soient parvenus à fournir des explications, vraisemblables ou pas,de certains de ses films précédents pourtant gravement imbitables,il a mis le cran au-dessus afin de définitivement larguer toute tentative d'interprétation logique de ce bousin infernal d'action-espionnage.Cependant il ne s'agit au fond que d'une énième représentation simplette du genre paradoxe temporel."Tenet" raconte les aventures d'un agent de la CIA tentant d'empêcher la destruction du Monde via une bonne vieille apocalypse nucléaire,forfait fomenté par les dirigeants du Monde Futur,pas contents de la planète dont ils ont hérité.Oui,c'est un film écolo,on en manque en ce moment et Nono est parait-il très sensible au problème,comme 120 pour cent du show-biz.Ces gars du futur ont trouvé un moyen de remonter le temps pour supprimer les générations précédentes,donc actuelles,afin de se venger de l'état pourri de la Terre qui leur a été léguée.Oui mais diront les plus attentifs,si on liquide le Monde d'avant il n'y aura pas de Monde d'après et les gonzes de l'avenir du futur n'existeront pas.C'est ce que se disent aussi les personnages du film,qui appellent ça le paradoxe du grand-père, mais ils sont comme ça les futuristes,ils n'en ont rien à carrer et préfèrent tout détruire plutôt que de devoir se coltiner cet univers merdique qui est le leur.Finalement c'est mieux car,comme le disait Coluche,"avec la capote Nestor,je suis pas né,je suis pas mort".Cette fable écolo-philosophico-neuneu ne fait donc que recycler un mélange de "Terminator" et "Retour vers le futur" traité en mode énervé à la "James Bond","Jason Bourne" ou "Mission impossible".Du coup c'est rapide et on se déplace sans arrêt sur les traces de l'indestructible agent joué par John David Washington,le fils de Denzel,qui nous entraîne d'un point du Globe à un autre et rencontre plein de personnages différents.Donc bagarres,poursuites,explosions,gunfights servis sur lit d'effets spéciaux ébouriffants,la grosse routine hollywoodienne en somme.Mais il y a un sus,la spécialité du chef Cricri.Figurez-vous que pour d'obscures raisons ayant trait à la physique,la matière évolue de manière inversée dans le futur,ce qui crée des images très rigolotes à base de personnages marchant ou courant à reculons,de véhicules roulant en marche arrière,toutes ces distorsions de l'espace-temps dont raffole le cinéaste.Cette idée d'inversion et de décalage est la seule qu'il ait eue dans sa carrière et il ne se lasse pas de l'exploiter,de "Memento" à "Interstellar" en passant par "Inception".Là il va jusqu'au bout du concept,même le titre du film étant un palindrome.Alors pourquoi est-ce incompréhensible si c'est si simple?Parce que si la structure n'a pas grande originalité,le déroulement des évènements n'a lui ni queue ni tête,ce qui est raccord avec le sujet.Impossible de savoir qui sont exactement les protagonistes ni de piger pourquoi et comment ils agissent comme ils le font,le scénario avance implacablement sur des rails tordus et s'affranchit joyeusement de toute rigueur et de toute logique au fil de scènes dépourvues du moindre sens.C'est interminable bien que ça aille très vite,des séquences nous sont resservies avec un point de vue différent et Nolan compte visiblement sur le fait que le spectateur,ahuri par ce déferlement graphico-cérébral, va se sentir dépassé par la pseudo intelligence du bigntz et acceptera en conséquence toutes les conneries insanes qu'on lui fait gober non-stop.Tout se terminera évidemment sur un happy-end bien niais et totalement improbable typique du néo-ciné américain.Il y a une belle distribution,dominée par un Washington très physique et surtout un Robert Pattinson formidable en comparse du héros et un Kenneth Branagh savoureux en méchant de service,russe naturellement.Les autres apparaissent trop peu pour exister,à l'exemple de l'excellent Michael Caine ou de fugitifs Clémence Poésy et Martin Donovan.Quant à la jolie Elizabeth Debicki et au musculeux Aaron Taylor-Johnson,ils sont totalement transparents.