Troisième long-métrage réalisé par le duo Toledano - Nakache, Tellement proches demeure l'une de leurs œuvres les moins populaires. Si son succès sera en deçà de celui de Nos jours heureux (réalisé 2 ans plus tôt), le film sera surtout éclipsé par le succès fulgurant du plus grand chef-d'œuvre du duo, réalisé 2 ans plus tard : INTOUCHABLES.
Moins populaire certes, mais certainement pas à mettre au placard. Parce que s'il est un cran en-dessous des 2 films cités plus haut, Tellement proches n'en demeure pas moins une excellente comédie, à la fois drôle et touchante.
Le sujet porte cette-fois sur la famille et tout ce qui s'y rapporte : couple, éducation des enfants, difficultés financières, apparence, relations fraternelles, nostalgie, sens des responsabilités...
Les personnages nous touchent par leur humanité. Chacun a des défauts insupportables, comme dans bon nombre de familles, chacun fait par moments n'importe quoi, mais chacun va évoluer pour le meilleur. Père adulescent éprouvant les pires difficultés à grandir, couple ayant besoin d'en mettre plein la vue à chaque réunion de famille pour impressionner, gamin hyperactif impossible à canaliser... tous ces profils nous renvoient à des moments vécus dans notre vie au contact des autres.
Mais la grande force des réalisateurs est ici de traiter la thématique familiale et ses nombreuses complexités avec humour et dérision, sans jamais que ça en devienne chiant et plombant. Malgré les travers de chaque personnage, tous parviennent à nous faire rire et à nous émouvoir.
Le cadre dans lequel prend place l'histoire est impeccablement planté : la Cité des Choux de Créteil et la rumeur entourant son architecte (devenant presque un personnage à part entière), le supermarché familial, le travail d'avocat commis d'office en banlieue, l'école juive et sa communauté ou encore l'hôpital où Omar effectue son internat, servent les gags à la perfection.
Le casting est juste parfait. Vincent Elbaz offre une prestation convaincante et bien dosée, Isabelle Carré est naturelle et touchante, François-Xavier Demaison drôle et sympathique alternant coups de gueule et moments blasés, Josephine de Maux dans la lignée de son interprétation de Nos Jours Heureux dans un rôle d'hystérique complètement cinglée, Omar Sy fidèle à lui-même en personnage sympathique avec quelques pétages de câble bien placés, et Jean Benguigui amusant dans son rôle d'ancien qui veut rester cool, partant régulièrement draguer avec ses potes dans les thés dansants équipé de ses perruques et fausses pellicules. Saluons enfin l'interprétation drôle et remarquée de l'excellente Renée Le Calm, qui nous a quittés en 2019.
Si elle reste inférieure à celle de Nos Jours Heureux, la bande-son apporte de l'émotion lors de plusieurs scènes : Say it ain't so Joe de Murray Head magnifie le slow de Vincent Elbaz et Catherine Hosmalin, et Beggin' de Frankie Valli and the Four Seasons sublime la scène finale où Lucien devenu adulte, incarné par Mathieu Boujenah, rend hommage à toute sa famille dans la joie et l'émotion.
En conclusion, Tellement proches est une comédie de très bonne qualité que l'on se plaît à revisionner sans se lasser. Sans chercher à s'attaquer à des thématiques fortes comme ils le feront dans leurs œuvres ultérieures, les deux réalisateurs nous offrent ici un film léger, drôle et touchant.