L'été est la saison festive par excellence. C'est l'occasion de décompresser du stress accumulé durant l'année, et de jouir de tous les plaisirs offerts par la destination estivale choisi. Dans Sundown, Michel Franco prend à contre courant cette vision idéalisé des vacances d'étés en présentant une image davantage mélancolique de celle-ci. Prendre un bain de Soleil est agréable seulement si on ne s'y crame pas.
Sundown suit essentiellement le personnage de Neil, un homme accompagnant sa sœur et ses deux enfants à Acapulco. C'est un homme qui est déconnecté de tout, en allant de sa famille à la vie en général. C'est initialement montré dans son rapport avec le téléphone. Lorsque nous voyions ceux qu'il accompagne, la caméra accentue la présence de cet objet. Dans le cas de Neil, il n'y va jamais même lorsqu'il sonne. La distance qui se crée entre eux et lui va s'élargir lorsqu'ils vont devoir partir d'urgence du Mexique. Sur le chemin vers l'aéroport, ils prendront une voiturette et un car. Dans la voiture, ils se retrouveront ensemble dans un plan serré sauf que Neil ne regardera pas dans la même direction que les trois autres. Même constat dans le car où il sera assis seul à gauche tandis que les autres seront assis à droite. La séparation s'active dés ces deux plans. Au moment où il se retrouve seul nous nous demandons dans quelle direction le film va nous mener pour nous expliquer le fait qu'il n'aille pas enterrer sa mère. C'est là où il nous prendra par surprise car Neil n'en a tout simplement pas envie. C'est un personnage apathique qui ne souhaite qu'une chose : être seul. Cette solitude qu'il convoite est souligné par les nombreux plans d'ensembles du métrages. Dans certains, il se retrouve seul au milieu du paysage, dans d'autres il est plongé au milieu de la population. Ce sont des ces derniers où il sera le plus effacé car nous nous mettons à observer les gens composant le cadre plutôt que lui. Il essaie à tout prix de fuir ce qui l'entoure, la preuve étant que même lorsque la caméra le filme de face, il est souvent de dos, comme s'il tournait justement le dos à sa famille, aux responsabilités et à nous spectateur. Ce n'est pas mieux lors des dialogues. Quelques fois, nous n'avons pas le contrechamp sur son visage, et si ça arrive, il est souvent à distance de son interlocuteur. C'est clairement un personnage frustrant de part sa personnalité. A aucun moment il n'évolue durant le métrage, il ne se remet jamais en question malgré les signes évidents du destin qui lui font face. Son absence aux obsèques va mener au décés de sa sœur et à son entrée en prison. C'est le seul moment où nous le voyions ressentir quelque chose. Cependant, cette émotion n'est qu'un faux espoir et il restera au Mexique au lieu de rentrer chez lui. Cette décision se répercutera sur son état de santé, celle-ci se dégradant via l'apparition d'un cancer. Cette maladie est le dernier signe pour qu'il puisse se reprendre en main sauf qu'il n'en fera rien. Il quittera lâchement sa copine et partira seul. C'est en faisant cela qu'il atteindra son objectif de disparaître, le dernier plan du métrage étant une chaise où ne se trouve plus que sa chemise.
Neil trimballe avec lui une morosité déconcertante. Face à lui, le spectateur se place au même niveau que les membres de sa famille : il souhaite, tout comme eux, que le personnage réagisse. Il est extrêmement compliqué de le suivre tout au long du film. Nous pouvons facilement être largué au vu de sa personnalité et de ses actions. En effet, il ne fait pas grand chose à part brûler au soleil. Il est la représentation estivale du farniente poussé à son paroxysme. Il passe la majorité de ses journées à la plage, à boire des bières, et à ne parler à personne, des choses qui peuvent être peu intéressantes à suivre pour certaines personnes. Un des seuls éléments qui nous sort de cette quotidienneté est le rapprochement qui est crée en lui et les animaux. Le premier plan du métrage est sur des poisons hors de l'eau. Plus tard, nous retrouvons un poisson mort et dépecé. L'image du poisson est là pour souligner l'agonie puis la mort intérieur du personnage au départ de ses proches, comme s'ils étaient les seuls à le maintenir en vie. A la fin du film, nous passons à un animal terrestre, le cochon, animal lourd de sens étant donné que sa famille fait de l'exportation de porc. Cet animal est présenté via des images mentales, une fois dans la prison, puis sur la plage, enfin mort dans le salon de son appartement. Le cochon étant toujours présent dans des lieux visité par le protagoniste, nous pouvons penser qu'il est la représentation physique de celui-ci. Ce n'est pas un hasard si c'est à la suite de la dernière image que Neil se verra annoncer qu'il a un cancer. Ce rapport aux animaux dans un métrage assez terre à terre est le bienvenu et permet de donner une image sur l'état psychologique et physique du personnage.
Sundown n'est pas un film d'été chaleureux et poussant au voyage. Le personnage que nous suivons nous rebute. Les paysages mexicains sont magnifiques, toutefois, Michel Franco fait en sorte de nous en dégoûter en pointant du doigt tout les problèmes de son pays. Tout nous éloigne et c'est pour cela qu'il est difficile d'entrer dans le métrage. C'est au spectateur de voir si lui aussi veut rester bronzer sur la plage durant un temps indéterminé où s'en aller pour faire quelque chose de plus divertissant.