Sully par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Critique éditée le 6 mars 2013

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Nous sommes le 15 janvier 2009 peu avant 15 heures sur l'aéroport de "La Guardia". L'Airbus A320 de l'US Airways se remplit de passagers dont certains sont tout heureux d'avoir les dernières places. Les 150 passagers et les cinq personnels de bord se préparent à décoller à destination de Charlotte en Caroline du Nord. Le commandant de bord Chesley Sullenberger surnommé "Sully" et son copilote Jeff Skiles sont fin prêts.

L'avion s'élance sur la piste et s'élève sans problème, la routine pour les deux collègues. Néanmoins au bout de quelques instants alors qu'ils survolent Manhattan une "escadrille" d'oies sauvages est aperçue. La collision à 900 mètres d'altitude est inévitable. Les volatiles cinglent la carlingue et détruisent les deux réacteurs de l'avion. Des secousses anormales commencent à inquiéter les passagers mais aussi le personnel de bord.

Le commandant alerte la tour de contrôle afin de préparer une piste de secours pour un atterrissage d'urgence. La réponse est très vite donnée, ordre de faire demi-tour, tout est prêt à New-York pour recevoir l'avion dans les moindres mauvaises conditions.

Malheureusement malgré toutes les manipulations possibles l'appareil survolant la ville n'a plus la force de manœuvrer, il faut improviser une solution de repli.

C'est alors qu'une décision doit être prise en un rien de temps par le pilote et la seule à son avis: survoler Manhattan, toucher le fleuve le plus proche, l'Hudson, en descendant progressivement sans toucher les édifices de Manhattan et les ponts enjambant le fleuve. L'avion tangue en évitant de s'écraser sur la ville. Les hôtesses demandent à chacun d'enfiler les brassières de sécurité. Certains d'entre eux sont tétanisés par la peur, d'autres s'affolent malgré les paroles du commandant de bord.

Après avoir rasé les derniers bâtiments, l'avion prend le fleuve en enfilade, rasant les ponts et finit par se poser sur l'eau. Les toboggans sont sortis et les passagers se réfugient sur les ailes de l'appareil encore immergé. Les secours arrivent sur place et aucune victime ne sera à déplorer.

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C'est ainsi que "Sully" devient subitement une légende pour sa maîtrise et sa bravoure. La presse, la télévision saluent en boucle cet événement exceptionnel. Les témoignages des rescapés, de ses collègues et des américains affluent devant un tel héros qui avoue n'avoir fait que son devoir en improvisant ce "retour sur l'eau" salvateur et spectaculaire.

Malheureusement les assurances désemparées par le coût de cette opération font appel à leurs avocats afin de plaider devant les tribunaux l'imprudence du pilote jugeant qu'un atterrissage sur la piste décidée par le tour de contrôle de l'aérodrome de New-York était tout à fait possible.

"Sully" et son copilote deviennent coupables d'une faute grave. C'est alors au pilote de démontrer avec ses propres arguments que sa solution, bien que risquée, était la seule à pouvoir sauver la totalité des occupant de l'Airbus. Va t-il y parvenir avec l'aide de son assistant de la cabine de pilotage Jeff Skiles ?

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Qui n'a pas vu les images de cet avion posé sur le fleuve, les passagers debout sur les ailes attendant d'être débarqués par les sauveteurs sur la terre ferme? Ce que l'on connaît moins ce sont les "effets secondaires" que vont subir nos héros. Déjà les questions du financement se posent car le coût des dommages sur l'avion ainsi que son dégagement du fleuve promettent d'être assez faramineux.

La finance est ingrate, injuste et détestable dans ces situations. Alors il est facile de trouver des "spécialistes" à charge en espérant que les acteurs de cet accident craqueront devant les accusations illégitimes de cette Cour à la solde des intérêts des institutions. L'humain n'est que secondaire. Le tribunal devient alors une chambre maffieuse et inflexible n'apportant que des reproches à un "sauveur" seul, passant de l'adulation du monde entier à la "culpabilité" d'avoir sauvé 155 vies.

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Certes ce n'est pas à mon avis le meilleur film de Clint Eastwood, réalisateur de génie. Pourtant ici il nous relate à la perfection un événement rarissime avec beaucoup de maestria. Il s'agit d'un magnifique reportage en direct qui nous mène dans une folle équipée. On ne peut qu'être pris de frayeur vu l'état d'esprit des personnages durant ce peu de temps. Une éternité pour les occupants de l'Airbus! On ressent ici les dernières pensées personnelles, pensées souvent intimes à celles à ceux à qui il est temps de faire un dernier signe, un dernier adieu. Nous pouvons découvrir ce personnel de bord cachant sa panique en se montrant admirablement rassurant envers tous.

Cette œuvre est donc un très beau témoignage de ce qui aurait pu être un drame et de la "gangrène financière" sans foi ni loi mais paraissant tellement sûre d'elle-même. C'est pour ces arguments que je ne peux qu'apprécier ce film qui me restera en mémoire. Ici nous sommes dans l'émotion, dans la sobriété, sans grandiloquence ni dialogues inutiles.

Tom Hanks, "Sully", Laura Linney, Lorraine Sullenberger dans le rôle de son épouse et Aaron Eckhart, le copilote Jeff Skiles, font parfaitement ressentir ces personnages torturés sous l'emprise de l'angoisse, de la satisfaction, de la joie avant de retomber dans le désarroi provoqué par l'injustice.

Cette œuvre assortie d'une très belle mise en scène nous relate donc un fait exceptionnel dans l'histoire de l'aviation qui, bien que connu, nous fait passer un moment palpitant.

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Box-office France: 1 178 535

Ma note: 8/10

Grard-Rocher
8
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le 28 nov. 2023

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