Je m’étais promis de ne plus “critiquer“ de films de super-héros, vous en êtes témoin, je ne vous cache rien. Jadis, j’ai aimé Iron Man, Batman et les autres, j’ai collectionné leurs BD, j’ai compilé leurs histoires, j’ai dessiné mes héros favoris. Puis, ils ont pris chair, j’ai apprécié les premiers longs-métrages, puis le MCU s’est mis en marche, la pompe à fric à tout aspiré.


Marvel et DC comics sont à l’origine d’une mythologie fascinante : qui n’a pas rêvé d’être un surhomme ? Quel camp choisirez-vous ? Le mal ou le bien ? Durant des décennies, le monde des super-héros fut le refuge de doux rêveurs, de fanatiques et d’allumés, adolescents plus ou moins attardés, qui échangeaient discrètement leur bd lors de rencontres informelles. J’en étais.


Puis, sont survenus le cinéma, les produits dérivés et les mass-médias. Malvel/Disney a anéanti l’œuvre de Stan Lee, tandis que Peter Jackson fracassait l’univers Tolkien. A l’image des récifs hawaïens et des fjords norvégiens détruits par le tourisme de masse, les mondes imaginaires ne résistent pas aux séries de blockbusters. Pourquoi ? Par vide scénaristique.


Mois après mois, un passionné trépigne dans l’attente de la parution de son mensuel. Il trépide à la lecture du cent-unième combats de Spiderman. Il accepte la répétition des enchaînements, des gestes, des répliques, il frémit aux plus infimes variations… un amoureux ne compte pas.


Le public des salles obscures exige du frisson, du jamais vu. Il contraint les scénaristes à la surenchère : après un super-héros, deux super-héros, puis cinq super-héros, bientôt dix ! On manque de vilains crédibles, qu’à cela ne tienne, bienvenue à Civil War : les super-héros se castagneront entre eux. C’est fait, que proposer d’autres ? David Ayer suggère de troquer tous les bons par une tripotée de vilains (aseptisés), dans la crainte que le super-bon de référence passe vilain. C’est tordu, le public suivra-t-il ? Manifestement, il a apprécié. Quand un scénario arrive à cette extrémité de perversité, c’est signe que nous touchons le fond. This is the end.


PS De la pléiade de stars, seuls Margot Robbie et Jared Leto tirent leur épingle du jeu.

Step de Boisse

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