Beaucoup de spectateurs de Suicide Squad ont détesté le film mais ont-ils seulement lu au moins un comics de la franchise avant de voir cette adaptation? A vrai dire, j'en doute véritablement. Ayant lu un comics autour d'Harley Quinn (voir ma critique), je pense avoir pu apprécier la direction assumée de David Ayer. En effet, le réalisateur, en présentant les protagonistes de l'histoire (Harley Quinn,Deadshot,Slipknot et les autres) met le spectateur dans le bain sans scènes d'exposition superflues ( donc oui, ça va vite!).Ensuite, Ayer peut satelliser son intrigue et faire avancer le film.Peut-on lui reprocher? Je ne crois pas car son montage est cohérent.


Ce qui va amener une petite réticence, c'est la constitution de cette bande de "vilains" par Waller ( au passage, quelle critique de l'establishment vaniteux et trop sûr de lui-même via ce personnage). En effet, parmi eux, il y a une grossière erreur de casting: l'Enchanteresse. Dès que le spectateur sait cela, c'est foutu car ce personnage surpuissant n'est pas sur un pied d'égalité dans l'affrontement avec les anti héros humains. Et la crédibilité du film en prend un sacré coup dans l'aile. Quel dommage!
Autre interrogation: la place du Joker dans le film. En tant que corrupteur d'Harley Quinn (bible DC Comics) ou amant toxique (rayez la mention inutile), son rôle est anecdotique ici et à part nous montrer qu'il en pince un max pour sa Harley, ses interventions sont risibles et caricaturales (loin des performances habitées et crédibles de Heath Ledger et Jack Nicholson). Le seul truc positif est que la personnalité du Joker est bien en phase avec l'esprit de l'éditeur du comics et c'est bien tout!
Pour que Suicide squad soit plus abouti, il n'aurait pas fallu faire reposer le film sur les épaules de Will Smith (Deadshot) et Margot Robbie (Harley Quinn). C'est réducteur pour un film vendu comme choral avec tant de personnalités atrophiées qu'il aurait fallu mettre en avant quitte à avoir un film de 2h30.Et ça aurait été plus fûté que tout ce merdier avec l'Enchanteresse.
Malgré ces quelques râtés, Suicide Squad aurait pu avoir un rendu bien pire. Par contre, ce qui séduit est cette bande originale incohérente (Queen avec les White Stripes et d'autres pointures pop). C'est véritablement en adéquation avec les ruptures de ton des bons moments de l'histoire.
L'un dans l'autre, l'essentiel à retenir sur la Suicide Squad au delà de son combat "bigger than nature" et à côté de la plaque contre l'Enchanteresse, c'est sa dissonance comme un motus vivendi. Une carte de visite,une signature qui n'en fait pas pour autant une équipe dénuée d'humanité et de bon sens. N'en déplaise aux esthètes absolus de la pellicule ( qui en auront pris plein la figure), on se détent et on se vide le cerveau avec Suicide Squad. Une façon comme une autre d'aller au cinéma et de prendre ces films comme des plaisirs coupables de sales gosses. Et que c'est bon!

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le 19 août 2016

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