Suicide Club
6.4
Suicide Club

Film de Sion Sono (2001)

L'intrigue mène à une scène mémorable : de prime abord vue comme une minute de documentaire dans une gare japonaise, l'histoire porte le regard sur un groupe de lycéennes, attendant le prochain train qui les ramènera à leurs domiciles respectifs.
Soudain, elles s'alignent. Toutes. Une cinquantaine de jeunes filles, main dans la main, scandent un joyeux "Sautons ensemble !", au moment où la locomotive passe à toute vitesse sur la station d'arrêt.

Cette pluie d'hémoglobine douche l'espoir. Ces adolescentes, provenant de différents établissements, ont toutes mis fin à leurs jours en un instant. L'évènement choque par une immense incompréhension, à la fois du spectateur et de l'opinion générale, dont une partie accuse directement la télévision et Internet, déjà très usité par la jeunesse d'extrême-Orient. A peine ressorti du drame, voici une autre dose de suicides, venant de deux jeunes infirmières. Malgré un manque d'indices, les enquêteurs mandatés par la police retrouvent deux sacs à main blancs, dont le contenu révulsant apporte de nouvelles interrogations. Secte ? Culte obscur voué à un dieu à tête de poulpe ? Démence ? Final Fantasy X-3 ? L'heure est grave.
Si les premiers cas ont pu trouver une ébauche de sens grâce à une source extérieure à l'enquête, une nouvelle vague de suicide de lycéens apporte son lot de confusions. Est-ce une appartenance au culte fondée ou un conformisme macabre ? Les esprits s'échauffent et ne parviennent pas à trouver les coupables. Bien que la thèse du meurtre de masse soit mise en valeur, les enquêteurs sont incapables de désigner le ou les responsables.

Sono Sion impose un rythme frénétique. Les lenteurs disposées en début sont peu à peu gommées par des interludes musicaux, de prime abord à l'opposé de la trame, qui vont subitement gagner de l'importance vers la moitié du film. Au fur et à mesure, les protagonistes (volontairement diminués vis-à-vis des victimes) voient leur entourage s'effondrer, jusqu'à ce que l'un d'entre eux finisse par accepter l'inévitable...
L'utilisation d'Internet, elle, apporte un parfum de nostalgie, par son système d'exploitation simpliste, voire désuet, ravivant les souvenirs d'un monde en pleine croissance (les fameuses chaînes d'e-mails à recopier à sa liste de contacts sous peine d'être avalés par un dinosaure bleu un vendredi 13).

Au final, Suicide Club percute, atomise, déboussole le spectateur pour le plonger dans une joie de vivre sans faille. Contrairement à d'autres films gore, celui-ci se démarque en posant une multitude d'interrogations quant aux motivations des assassins présumés, mais également vis-à-vis des victimes, sur leur courage, leurs faiblesses, leur négligence.

Délicieusement dérangeant.
Slade
7
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le 15 janv. 2012

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Slade

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