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Badaboum ! Verhoeven décide de faire son film de guerre anti-militariste, à l'instar des réalisateurs les plus réputés. Je crois que c'est un passage obligé dans une filmographie d'auteur qui veut marquer l'histoire. Bon j'exagère. Ce n'est pas systématique. Mais beaucoup s'y sont aventurés. J'avais vu des bribes quand j'étais ado, mais j'avais estimé, bêtement, qu'il s'agissait d'un film d'action débile, sans âme. C'était mon époque d'ado rebelle où j'estimais que grosse production = gros caca ambulant. Quelle naïveté. Quand je pense que certains, à 16 ans, sont déjà capables de lucidité, d'intelligence, au point d'inventer des programmes, composer des opéras et j'en passe. Moi je n'étais qu'un petit crétin. Mais revenons à notre cher Verhoeven. Je n'ai pas encore tout vu de lui, mais comme je possède la plupart de ses longs métrages, ça ne saurait tarder. D'ailleurs ça me rappelle que j'ai apris tout récemment que ShowGirl 2 était sorti (ou sur le point de sortir) mettant en avant un personnage secondaire du premier film, une copine à l'héroïne, qui s'attribue aussi la casquette de réalisatrice... Curieux choix pour montrer qu'on existe toujours...

Allez, critiquons ! "Starship Troopers", est avant toute chose un film d'action bien burné! Le scénariste fait preuve d'un grand sens du rythme comme je l'aime, c'est-à-dire qu'il ne nous offre pas des scènes explosives dès le début, non, il monte l'enchère d'une scène à l'autr epour terminer en explosions mémorables. C'est d'ailleurs là l'erreur de beaucoup de blockbuster à mon avis, ne pas tenir compte de ce rythme et ainsi foutre des gros BOUM après 5 minutes... C'est donc un scénario intelligent en terme d'action où d'ailleurs chaque séquence est bien exploitée à fond.

Ensuite, ce qui étonne, c'est la construction autour des personnages. C'est d'ailleurs ce qui fait tenir le film si longtemps sans objectif principal. Les trois 'héros' nous sont présentés, nous assistons à leur évolution durant leur entraînement et puis seulement, après une heure, l'objectif principal apparaît. Pour être sûr de ne pas ennuyer son spectateur, l'auteur a tout de même l'idée de mettre du flashforward dans son film, des séquences de massacre qui permettent au spectateur de se réveiller et de se demander un peu : tiens comment ils en sont arrivés là ? Je ne suis pas très fan de ce genre de subterfuge peu subtil. Mais heureusement on n'en abuse pas ici.

Enfin, il y a tout l'aspect propagande. Verhoeven l'assume à fond, et en joue même avec abus. C'est ce qui permet de déduire que le film est anti-militariste. En même temps, quand on regarde les films destinés à enrôler de jeunes gens, c'est pas très loin. S'il n'y avait pas les massacres gores montrés (massacres de soldats humains), ça aurait été du simple premier degré. Mais montrer la dimension cruelle de la guerre et en même temps des soldats heureux dans un tel bain de sang, ça provoque un léger effroi chez le spectateur. Il y a aussi une autre séquence très horrible, lorsque le cerveau est capturé et qu'un personnage dit : il a peur. Aussitôt tous les soldats crient de joie. Un passage horrible car ça montre bien que les deux camps sont pareils, cruels, bêtes et méchants, et que donc, il n'ya pas de 'bon côté' même si l'attaque a été initialisée par ces insectes. L'on rira aussi de l'exagératoin de capacité des chargeurs de mitraillettes capables de balancer des milliers de balles. Ça aussi c'est pour renforcer le côté brutal de la guerre, de la propagande, un peu comme un jeu video où l'on s'éclate à laisser le doigt sur la gachette et à tirer dans tous les sens (on l'a tous fait).

Visuellement, peu de films de Verhoeven m'ont emballé. "De chair et de sang" est beau, mais avant et après, je trouve qu'il offre une photographie très télévisuelle. Peu de travail de lumière, des compositions de plans peu intéressantes. Avec "Starship Troopers", le bougre fait un petit effort. Si la lumière reste souvent en deça de ce que l'on aurait voulu, ça reste pas trop mal, c'est moins plat, il y a plus de relief que dans "Total Recall" par exemple. Il n'empêche que, si esthétiquement ce n'est pas très bandant, son découpage est toujours très lisible et ainsi ses scènes d'action sont un régal à regarder : pas une once d'ambiguité sur ce qu'il se déroule sous nos yeux ébahis.

Il y a aussi tout l'aspect reportage cher à Verhoeven et qui à mon avis n'a jamais été aussi sensé dans un autre de ses films. Verhoeven joue à fond la carte de la publicité, de la propagande capitaliste. Ce qui épate, c'est à quel poitn sa critique est devenue juste avec le temps. C'est-à-dire qu'il a exagéré pas mal de choses par raport à ce qu'il se passait à l'époque, mais que, petit à petit, la réalité a rattrapé la fiction. C'est vraiment l'idée d'avoir intégré un curseur dans ses videos qui me fait penser ça. Car le curseur est finalement l'élément le plus représentatif de notre société de consommation : l'homme choisit ce qu'il veut consommer, et arrête quand il veut. D'ailleurs l'achat en ligne est de plus en plus présent dans notre société. La vie se régit presque sur internet.

Côté acteurs, c'est du bon. J'ai lu une interview de Rutger hauer qui dit que Verhoeven s'en fout du jeu d'acteur. Et c'est vrai que Casper n'est pas génial (d'ailleurs il n'a plus beaucoup brillé depuis ce film) ni même les autres qui ont tendance à surjouer. Ce qui fait que le choix de casting est adéquat, c'est que nous avons à faire à des Ken et Barbie partout dans le film. Du moins les petits jeunes. Et ça, ça permet vraiment de renforcer le côté propagande du film. D'ailleurs, c'est toujours marrant de revoir un vieux film avec Denise Richard. Elle était si belle et si naturelle et elle est maintenant si maigrichonne, laide, bronzée... Elle a tout gaché !

Enfin, les effets spéicaux. Je m'attendais à c eque ça soit très moche vu que la plupart des insectes sont en CGI. Et bien c'est pas mal du tout. Il reste l'une ou l'autre séquence où ça foire (notamment l'insecte en cage tué par Neil Patrick Harris), mais globalement c'est juste très convainquant. La raison est que Verhoeven ne filme pas uniquement ses monstres comme un gosse fasciné (genre comme Bay), ce qui permet de revenir au réel, les acteurs. Et puis aussi, je pense que la texture des insectes, très minces, rend les choses plus faciles à réaliser.

Bref, "Starship Troopers" est un sommet du film d'action : c'est bien rythmé, bien réalisé, et en plus le scénario est plutôt intelligent. Un régal !