Tout d’abord, il est nécessaire de commencer avec le fait que j’adore le septième opus de la saga des étoiles, qui est mon préféré – de loin – et qui avait fait renaître en moi l’espoir d’un renouveau de qualité tant attendu. Là où la plupart des gens voient une resucée de l’épisode IV, je vois un dépoussiérage caché derrière un hommage, le début d’une dé-construction nécessaire passant par des canaux connus de tous, afin que la transition se fasse de la plus subtile des manières. Le problème, c’est que n’est pas JJ qui veut. Et oui, là encore, beaucoup de personnes proclament qu’Abrams n’est pas un grand réalisateur – au mieux un bon suiveur, au pire un opportuniste. Pour ma part, je garderai toujours au moins une once de respect pour celui qui nous a donné LOST (excellent de bout en bout à mes yeux…) mais aussi MI-III (le meilleur de la saga pour moi) ou encore Super 8, qui a ses défauts mais reste un film intéressant.
Bref, dès que j’ai su que Rian Johnson avait été nommé à la succession d’Abrams, j’ai tiqué. Oui, car bien que Looper n’est pas un mauvais film, ce n’est tout de même pas un grand film, voire un bon film tout cpurt. L’idée est bonne, le reste pas tellement. Confier la réalisation à ce jeune prometteur mais n’ayant pas fait ses preuves, pourquoi pas ; mais en plus de ça, en faire le seul (!) scénariste de l’épisode VIII… Grossière erreur. Alors qu’Abrams, Kasdan et Arndt (Toy Story, n’oublions pas) avaient écrit le scénario de The Force Awakens, Johnson s’est retrouvé tout seul avec un film d’une importance capitale sur les épaules, sachant que Disney adore avoir des jeunes modelables pour faire leurs films (cf. Marvel).
The Last Jedi est donc un échec quasi complet, car pour un blockbuster américain où ce qui importe est surtout l’écriture (il faut avouer qu’il est difficile de parler de l’utilisation des plans fixes, sur-cadrages, travelings, etc.), c’est raté. Abrams & Cie avaient réussi à créer des personnages forts et attachants (des deux côtés), tout en structurant l’histoire de telle manière à ce que soit mis en place un changement radical, pour nous permettre d’enfin passer à autre chose. Malheureusement, l’impression globale en sortant de la salle est que tous ces efforts ont été réduits à néant, sacrifiés à cause d’une écriture médiocre au possible. En passant outre les innombrables erreurs scénaristiques liées à la crédibilité des évènements qui se déroulent (les trop nombreux deus ex machina, les facilités, les stupidités…), tout est beaucoup trop gros et naïf. Johnson n’a pas le talent ni l’intelligence pour accoucher d’un bon script à mon avis, car rien n’est surprenant dans cet opus.



La résistance



C’est avec les membres de la résistance que commence le film, et il est évident qu’il manque une vraie personnalité à celle-ci, qui semble ici condamnée à n’être qu’une pâle copie de son ainée rebelle. Le manque d’originalité de son existence est criant, ce qui a pour effet de rendre ennuyeux tout ce qui leur arrive. Leia est (beaucoup) trop vieille et n’a aucune utilité, mis à part le rappel au passé, tandis que le reste des résistants ne sont que des visages parmi d’autres. A part Poe, qui prend de l’épaisseur dans ce film, on se demande ce qui anime vraiment tous ces gens, exceptée t la trop évidente opposition au Premier Ordre. La tentative d’introduire un nouveau personnage s’avère être un fiasco total, Rose ayant autant d’originalité qu’un Big Mac. Son personnage est insupportable plus qu’autre chose, et pire encore, sonne le glas de Finn, qui n’est donc destiné qu’à être un side-kick alors que son personnage était tellement intéressant dans le VII. Johnson a donc réussi à détruire le potentiel de ce clone déserteur, et ose cette scène de baiser ridicule, suite à une réplique d’autant plus ridicule de la part de Rose… Bref, la résistance n’est pas enthousiasmante car souffre de son absence de relief. D’accord, il faut des résistants au Premier Ordre, mais Johnson a oublié d’en faire des personnages indépendants et forts.



Rey & Luke



La plus grande attente après le gros cliffhanger du dernier opus concernait sans doute ce qui allait se passer entre Luke et Rey. Malheureusement, alors que l’environnement, les personnages et les possibilités sont riches et nombreuses, nous voilà face à un simple « s’il te plaît » - « non, je veux pas ». Luke a échoué, d’accord, mais s’il a laissé une carte derrière lui, c’est bien pour être retrouvé. Le fait qu’il cède est attendu, naturellement, mais son enseignement n’apporte rien à Rey, quand Yoda dans l’Empire contre-attaque avait de réelles connaissances à partager. Tout ce que Luke a à dire, c’est que la force est partout… Ah ouais. Luke n’a jamais eu l’étoffe d’un maître, et c’est pour cela que son échec avec Ben Solo apportait cet aspect tragique au n°7. C’est plutôt Rey qui a des choses à lui apprendre, ce qui aurait pu être intéressant si cela avait été traité avec subtilité. Rey reste un personnage intéressant, cependant, notamment grâce à sa relation avec Kylo Ren.



Rey & Kylo Ren



Kylo Ren, mon préféré de la nouvelle saga, est toujours en plein conflit. Une des seules bonnes idées de ce film est d’en faire un personnage toujours plus tourmenté, qui est plus qu’un simple Sith car il se pose des questions et désire tout foutre en l’air. Enfin quelqu’un de sensé, j’ai envie de dire. Car c’est cela qu’Abrams a fait avec brio dans l’opus précédent : il a débuté un processus de changement dont la nouvelle génération est porteuse, et Kylo le dit lui-même très clairement quand il propose à Rey de le rejoindre ; il ne veut plus de Jedi, plus de Sith, plus de Premier ordre, plus rien ! Voilà la bonne idée de ce film, également défendue par Luke, qui souhaite la fin des Jedi. Lui qui clamait également que l’on doit passer à autre chose et s’apprête à brûler le temple Jedi – voilà le filon qu’aurait dû suivre Johnson. Au lieu de se refuser à faire périr Leia Organa, au lieu de réutiliser des idées de la prélogie à outrance quand Abrams le faisait avec intelligence (R2 qui montre le message de Leia à Luke, quelle facilité et preuve du manque d’idées !). Car ce sont bien Kylo Ren et Rey qui sont passionnants : leur dialogue à distance (malgré quelques erreurs de dialogue) est bien plus intéressant que les Skywalker vieillissants qui n’apportent plus rien à cette histoire. Luke n’est qu’un bougon dépressif et Leia n’est bonne qu’à pencher la tête et se mordre les doigts. Mais Kylo et Rey se posent les bonnes questions : doit-on faire la même chose ou essayer d’évoluer, justement ?


Malheureusement, Johnson a plutôt opté pour la première option, n’osant pas remettre en cause tout ce système maintenant trop connu et qui commence à s’essouffler. Au lieu d’utiliser les échecs de Luke, Leia et Han pour s’en débarrasser totalement (heureusement, Han a connu une belle fin) une bonne fois pour toute, ils sont déifiés – littéralement, avec une Leia qui ne peut pas mourir et un Luke qui « se sacrifie » alors qu’il fait quelque chose qu’il aurait dû faire il y a bien plus longtemps, mais était trop obtus pour s’en rendre compte. Non, après un Star Wars VII qui tentait de faire renaître une saga trop inégale, voilà que le dernier film met à terre mes espérances. Dommage ! Abrams pourra peut-être rectifier le tir avec l’opus IX.

Elvisant
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le 13 janv. 2018

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小汤 Elvisant

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