Star Wars, Episode VII - The Force Awakens amasse plus de 2.000.000.000$ de recettes mondiales lors de sa sortie cinéma. Plébiscité par la presse des deux côtés de l'Atlantique, le public a embrassé le film même si certains spectateurs ont reprochés à J.J. Abrams, le réalisateur, de n'avoir livré qu'une copie de Star Wars, Episode IV - A New Hope dans son scénario et ses planètes visitées.

A la suite de ce succès énorme, Kathleen Kennedy, la nouvelle responsable de Lucasfilm, annonce qu'elle a choisi Rian Johnson pour écrire et réaliser le deuxième volet de la postlogie, tandis que J.J. Abrams passera à la production.

On connaît Rian Johnson pour son travail a la télévision et notamment sur la série, désormais culte, Breaking Bad où il réalise quelques épisodes. Il est surtout connu pour son troisième film Looper en 2012. Ce long-métrage de science-fiction lui apporte la reconnaissance attendue tant il est plébiscité par la critique et signe un joli succès public.

Star Wars, Episode VIII - The Last Jedi sort en 2017 et a bénéficié d’une production tellement sereine, qu'elle donne, avant même la sortie du film, l’envie à Kathleen Kennedy de confier la mission à Rian Johnson d'écrire une nouvelle trilogie indépendante de la saga Skywalker.

Le film reprend l'histoire exactement là où celle de l’épisode précédent s'est achevée, il s'agit d'une première dans la production des films Star Wars. Suite aux événements précédent et la destruction de la Nouvelle République, la Résistance est en forte mauvaise posture. Le huitième épisode montre vraiment cet état de fait et amène les spectateurs à ressentir la précarité de la situation de la Résistance. Côté Lumineux ou Côté Obscur, chacun des deux camps essaye de l'emporter sur l'autre. Le plus intéressant est alors peut-être ce qui se trouve entre les deux.

Une nouvelle perspective au duo formé par Daisy Ridley et Adam Driver est alors mise en avant. En totale opposition, ils sont aussi incroyablement complémentaires. Rey penche du Côté Lumineux, mais possède également une part d'ombre tandis que Kylo Ren a plongé dans le Côté Obscur, mais garde une part de lumière qui le ronge et le culpabilise. L'une est à la recherche d'une famille hypothétique tandis que l'autre a rejeté la sienne. Tout donne l'impression qu'ils sont comme deux faces opposées d'une même pièce. Le côté gris et l'ambivalence des deux personnages principaux est réellement ce qui différencie la postlogie du manichéisme de la trilogie et de la prélogie. Les deux vont s’émanciper de leur mentor, Luke Skywalker pour l’une et Snoke pour l’autre, afin de clairement choisir leur voie.

Il est question d'héritage, les mentors sont réfractaires à transmettre leur savoir. L'ancienne génération a fait des erreurs et ne veut plus prendre part au combat. Cette idée est particulièrement vraie avec le personnage de Luke Skywalker. Là où le public attendait un vieux sage prêt à jouer les héros une nouvelle fois, Rian Johnson propose plutôt un vieil ermite ressassant ses erreurs passées et se lavant les mains de la situation, croyant que son intervention ne pourrait que faire empirer les choses. La Vice Amirale Holdo ou la Générale Leia Organa ne se rendent pas compte que les nouveaux ont besoin d'être intégrés aux prises de décisions et décident de laisser de côté leurs meilleurs éléments.

Les personnages évoluent et vont dans des directions que je n'attendais pas. L’absence de Luke Skywalker m’avait frustré dans l’épisode précédent. Ici, le Jedi a bien changé. Ermite, il se cache et a autant perdu foi en lui que dans l'ordre Jedi. Il n'a plus du tout confiance dans ce qui l'a construit. Clairement, l'ancien héros est à l'opposé total de ce que je voulais pour lui. Rian Johnson a préféré partir dans une autre direction, la mauvaise selon moi. Le réalisateur ne ménage pas les fans, comme par exemple dans la façon avec laquelle Luke jette le sabre de son père, sans aucun respect, au moment où Rey le rencontre pour la première fois. Mark Hamill livre ici une prestation surprenante, apportant au personnage une forme de petitesse même dans le dernier acte où il est censé briller de mille feux. La Générale Leia Organa a aussi une belle présence à l'écran, bien plus que dans l'épisode précédent. Elle essaye tant bien que mal de tenir la Résistance en un seul morceau mais sa tâche est ardue entre les pertes et les officiers qui n'en font qu'à leur tête. Malheureusement, je ne vais retenir que sa sortie ridicule dans l'espace et ses maigres retrouvailles avec son frère. Carrie Fisher tient son rôle de façon remarquable. Malgré les années passées au combat et les épreuves personnelles, la Princesse continue, coûte que coûte, de porter l'étendard de la liberté et de l'espoir.

Rian Johnson se permet d'oser beaucoup de choses, à commencer par casser certains codes de Star Wars dont le schéma de construction des films. Jusqu'à maintenant, les longs-métrages étaient en effet séparés d'ellipses temporelles. Ici, l’épisode débute exactement là où s'est refermé le septième comme dit plus haut. Autre changement, le découpage en trois actes qui avait été la norme jusqu'à présent est délaissé cette fois-ci. Le réalisateur s'affranchit de ce découpage iconique et jongle avec les séquences des différents personnages en faisant avancer leurs histoires de façon parallèle pour arriver à leur conclusion concomitante. Ce parti pris narratif aboutit ainsi à ce que l'intégralité du film se passe en quelques jours à peine dans la chronologie de l'histoire. En cela, Rian Johnson propose un montage et un déroulé à contre-courant de ce qui a été fait jusqu'à présent dans la saga. Un montage plus que hasardeux, surtout lors de l’entraînement de Rey sur l’île de Luke Skywalker.

Autre changement de taille, il se remarque une certaine nonchalance. Les personnages en prennent ainsi pour leur grade. Le début du film donne le ton avec un Poe Dameron qui ridiculise le Général Hux en se moquant de sa mère. Finn et Poe sont relayés au rang de personnage secondaire. Finn se retrouve dans une quête ubuesque dans un casino avec un voleur loufoque, tandis que Poe fonce sans réfléchir, mettant la vie de ses coéquipiers dans la balance sans penser aux conséquences de ses actes. Il n'arrive pas à accepter les ordres et tentera une mutinerie qui échouera, évidemment.

Rian Johnson s’est amusé à tout déconstruire dans ce huitième épisode. Snoke meurt alors qu’il ressentait le Côté Obscure, Rey n’est qu’une orpheline lambda, Kylo Ren renie son envie de devenir le futur Dark Vador, Captain Plasma meurt, Luke Skywalker n’a plus rien d’un héros, et il y a tellement d’autres exemple. Le discours de Kylo Ren à Rey après leur association contre Snoke en est le meilleur exemple. Rien Johnson se sert de son personnage pour dire ce qu’il pense de la franchise Star Wars et ce n’est pas du tout ce que j’attendais.

Si l’idée peut paraître bonne, elle casse totalement la construction de la postlogie. Parce que maintenant on se retrouve sur un point de non-retour avec une narration qui n’a déjà plus aucun sens. Le spectateur est perdu sur la direction de cette postlogie.

Heureusement, le compositeur historique de la saga, John Williams parvient toujours à apporter sa magie. Sa partition est poignante, reprenant les thèmes entendus dans le dernier épisode et dans la trilogie originelle.

La réussite visuelle du film est incontestable. L'esthétique est tout simplement éblouissante. Les images et la photographies sont de toute beauté, apportant un vrai cachet. Un exemple parmi d'autres est la planète Crait. Désertique, elle possède des minerais rouges qui affleurent à la surface, elle-même recouverte d'une couche de sel.

En rappelant que, Rian Johnson a signé un accord avec la Walt Disney Company et Lucasfilm pour développer une toute nouvelle trilogie qui sera séparée de la saga Skywalker. En espérant qu’elle n’arrive jamais sur nos écrans de cinéma.

Je fais partie de ceux, chez qui, Star Wars, Episode VIII - The Last Jedi a fait polémique. Rian Johnson ose beaucoup de choses et se permet de bousculer la saga à l’excès. Le réalisateur ne sait manifestement pas où il va et n'hésite pas à prendre des risques inconsidérés pour la suite de la postlogie qu’il ne dirigera pas.

Le décès prématuré de Carrie Fisher le 27 décembre 2016 plonge évidemment les fans dans une terrible tristesse. Un vrai pincement au cœur envahit d'ailleurs le spectateur dans ce qui est là son tout dernier rôle au cinéma. Star Wars, Episode VIII - The Last Jedi lui est naturellement dédié...

StevenBen
1
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de l'univers Star Wars

Créée

le 7 mai 2023

Critique lue 4 fois

Steven Benard

Écrit par

Critique lue 4 fois

D'autres avis sur Star Wars - Les Derniers Jedi

Star Wars - Les Derniers Jedi
Cyprien_Caddeo
4

Comment faire n'importe quoi avec Star Wars, par Disney.

Voilà, pour la première fois de ma vie, je me suis fait salement chier devant un Star Wars, j'ai levé les yeux au ciel, grommelé pendant toute la séance, et détesté un film de la saga. Je suis à deux...

le 14 déc. 2017

308 j'aime

70

Star Wars - Les Derniers Jedi
Vnr-Herzog
7

Naguère des étoiles

Cela fait quarante ans que La guerre des étoiles est sorti, un film qui a tout changé et qui a marqué et accompagné des générations de spectateurs. Même si Les dents de la mer avait déjà bien ouvert...

le 21 déc. 2017

294 j'aime

42

Star Wars - Les Derniers Jedi
Gand-Alf
8

Les vieilles choses doivent mourir.

S'attaquer à une institution comme celle que représente Star Wars, c'est comme inviter à danser la plus jolie des CM2 alors que tu n'es qu'en CE1. Qu'elles que soient ta bonne volonté, ta stratégie...

le 18 déc. 2017

204 j'aime

54

Du même critique

L'Initiation - Dragon Ball, tome 3
StevenBen
7

« Si tu veux un conseil, n’utilise pas toute ta force… » SANGOKU

Comme la majorité des jeunes français, j’ai connu Dragon Ball le 02 mars 1988 sur TF1, dans le Club Dorothée. J’étais loin de me douter que ce dessin animé était l’adaptation d’une bande dessinée,...

le 18 oct. 2022

2 j'aime

3

La Légende de Brisby
StevenBen
2

« You are the hero type, note me » TIMOTHY BRISBY

En 1982, le succès de Brisby et le Secret de NIMH est mesuré, pire encore il met son réalisateur Don Bluth sur la paille. Pourtant, avec le temps, Brisby et le Secret de NIMH est devenu un...

le 17 janv. 2023

2 j'aime

Once Upon a Time... in Hollywood
StevenBen
9

« You want me to look like a hippie ? » RICK DALTON

Les tueries de la famille Manson pendant l’été 1969 vu et raconté par Quentin Tarantino. Voilà le postulat de départ de Once Upon a Time... in Hollywood. Contre-pied total car on va suivre deux...

le 7 févr. 2023

2 j'aime

1