Comme le rachat de la licence Star Wars par Disney le laissait présager, nous bénéficierons désormais d’un, voire deux épisodes annuels. Le business l’exige, les dividendes n’attendent pas. Vous avez aimé Star Wars, vous consommerez du Star wars !


Plagiat manifeste
Une franchise peut-elle s’auto-plagier ? Le débat déchire juristes et puristes. Les Derniers Jedi est un habile remake du Du retour du Jedi et de L’Empire contre-attaque. Vous troquerez l’Empire par un sombre Premier Ordre, Dark Vardor par Snoke, l’Alliance rebelle par… les Rebelles, l’évacuation de la dernière base rebelle de la planète glacée Hoth, par la fuite des derniers rebelles sur la planète de sables rouges. J’en oublie le Jedi. Jadis, maitre Yoda, l’ultime Jedi, forma le juvénile Luke Skywalker sur la planète marécageuse Dagobah. Aujourd’hui, le vieux Skywalker se fait prier pour initier la charmante Rey sur la planète-océan Ahch-To. Le temps est cyclique et l’avenir un long recommencement.


Coulez le Bismarck !
Un Star Wars, c’est avant tout des scènes de batailles interstellaires. Lucas nous avait ravi par son sidérant Destroyer stellaire. Rian Johnson se devait de faire mieux avec son méga cuirassé Mandator Class 4. Ce gros balaise de 8 km de long est doté de deux gros canons et de 26 pièces de DCA. Votre mission : détruire le Fulminatrix ! Le scénario reprend l’intrigue du fameux Coulez le Bismarck. L’orgueilleux et titanesque navire nazi s’estimait indestructible, or c’est une poignée de trapanelles, de ridicules Swordfish, des biplans de toiles, qui vinrent à bout des 50 000 tonnes d’acier teuton.


Les rebelles disposent d’une dizaine de MG-100 StarFortress SF-17, aussi gracieux et agiles que des vaporisateurs. Au préalable, le héros Poe aura démoli DCA. Le géant est réduit à l’impuissance, le dernier SF-17 approche, soute ouverte. Les centaines de bombes noires sont armées et n’attendent plus que… Quel est le sombre crétin qui dota un bombardier, apte au saut dans l’hyper espace, d’une unique commande manuelle placée en soute, un vulgaire boitier de plastique à bouton rouge similaire à celui de mon transpalette ? Le Fulminatrix s’apprête à détruire la flotte rebelle (curieusement, les canons des méchants exigent quelques dizaines de secondes pour faire feu), anéantissant d’un coup les espoirs des actionnaires de Disney. Tous retiennent leur souffle. La pilote s’engouffre dans la soute… Joie pour les maquettistes : Snoke rapplique avec super-méga battle-ship : le Suprémacy de 65 km d’envergure !


Abondance de biens ne nuit (théoriquement) pas… mais là, si
Par contrat, le scenario de Rian Johnson est contraint de faire cohabiter deux générations de héros, les vieux Luke et Leia, les robots, Chewbacca, le Faucon Millenium, les AT-AT et AT-ST… et une flopée de jeunes. La solution est toute trouvée, à chaque épisode une vieille gloire sera sacrifiée sur l’autel de la renommée. Mon ami Han Solo succomba par surprise dans l’opus VII. Nul n’ignore que le tour de maître Luke est venu. Avouons que le vieux bougon dépressif saura partir avec dignité, d’autant plus que les Jedi ne meurent pas, mais rejoignent la Force. Luke est immortel et Solo me manque.


Rian Johnson ne s’appesantie pas sur la géopolitique. Le Premier ordre est une dictature impitoyable. Ces cadres, Hux, Phasma et Snoke sont ridiculisés. Seule émerge la personnalité trouble de Ben Solo/Kylo Ren. Déçu par l’inefficacité de la République, il se convainc qu’un despotisme éclairé apportera paix et prospérité. La fin justifie les moyens, vieux débat. Souvenez-vous, le sombre Dark Vador se révélait, tardivement, le père du lumineux Luke dans une scène inoubliable. Depuis le début, nous savons que Ben Solo a un problème avec ses parents. La dynastie Skywalker-Solo n’a rien à envier aux anciens Atrides. Au final, le film n’est pas si mauvais. La relation entre Rey et Kylo Ren est intéressante. Kylo Ren est-il totalement perdu ?


Pourtant, je reste sur ma faim. En 1980, j’avais 14 ans, je découvrais maitre Yoda vierge de toute attente et de comparaison. Mes filles se précipitent vers un neuvième Star Wars, qui succède à dix-neuf MCU, sept Harry Potter, six Seigneur des Anneaux. L’ambition est différente, Disney nous sert du divertissement, là, où Georges Lucas accouchait du premier mythe du XXe siècle.


5,5

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le 29 mai 2018

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Step de Boisse

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