Là où celle de J. J. Abrams était frileuse au point de nous maintenir dans l'illusion d'un espoir désespéré, la copie de Rian Johnson a le mérite de clarifier la situation: la saga Star Wars compte six épisodes.


En effet, si le péquin peu familier ou peu attaché à l'univers de George Lucas trouvera peut-être son compte dans ce qui reste un blockbuster supérieur à la moyenne du genre, le fan chevronné sera quant à lui proprement insulté durant deux heures trente.


Le film compte une myriade de défauts allant du montage au ton en passant par par des incohérences remettant en cause des pans entiers de la saga (la liste est loin d'être exhaustive), mais son principal problème réside dans la manière extraordinairement amateure dont a été envisagée l'écriture de la nouvelle trilogie.


Aucun plan global n'a été mis en place et les réalisateurs engagés par Disney sont libres d'improviser comme bon leur chante avec le matériau star warsien sans prendre en compte ce qui s'est passé avant à leur film ni ce qu'il se passera ensuite. Aussi stupéfiant que cela puisse paraître, il ne s'agit pas là d'une théorie soutenue uniquement par le visionnage des épisodes VII et VIII (même si celui-ci est déjà suffisamment accablant) mais bien d'une vérité concédée sans ambages par les têtes que l'on aurait voulu pensantes de Lucasfilm, de Disney et des films eux-mêmes en de multiples occasions.


Ainsi, Rian Johnson se permet d'écrire une histoire qui, en plus d'être en grande partie inintéressante, ne tient aucun compte des bases proposées par le film précédent (lesquelles n'avaient de tout manière pas été pensées pour mener où que ce soit). Véritable magicien, il parvient malgré tout, soutenu par l'aveuglement des fans les plus apathiques, par l'invincible machine à vendre Disney et, plus que tout, par l'insupportable prétention de cuistres désireux de passer pour des intellectuels, à faire passer sa lamentable charcuterie pour une vision originale, intelligente et "rafraîchissante".


Que de titres dithyrambiques et d'articles suffisants pour nous expliquer que déjouer les attentes c'est bien (même sans raison et au prix de la cohérence d'un univers entier) et que ceux qui n'ont pas aimé le film sont des enfants vexés de voir leur théorie préférée voler en éclats...


Que reste-t-il alors ? Eh bien, une fois le film terminé, le fan désabusé (et très certainement désorienté dans la mesure où son cerveau tentera de l'empêcher de voir la vérité que son cœur a déjà compris) pourra trouver un peu de réconfort dans l'assainissement de son rapport avec sa saga que cette épisode aura en fin de compte provoqué. L'ambivalence et le doute mis en place par The Force Awakens seront remplacés par une certitude apaisante : Star Wars ne compte bel et bien que six épisodes.


Finalement, par soucis de justice envers un film qui n'en a pourtant pas beaucoup manifesté à l'égard de ses spectateurs, je consentirais tout de même à quelques éloges : certains plans sont très beaux, il existe des vrais moments de tension ainsi qu'un discours thématique pas tout à fait vain (sur l'échec notamment), Adam Driver est extrêmement convaincant et son personnage évolue de façon intéressante.

Melkiades
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le 18 déc. 2017

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