Je vais partir du principe que tout ceux qui liront cette critique auront également vu les épisodes 7 et 8 de cette post-logie Star Wars. Si ça n'est pas le cas, plusieurs éléments de ces deux films sont cités sans barrière spoiler donc je ne saurais que trop vous recommander de voir ces deux films.


Avec la vague de haine et de mépris écœurant qui a immergé lors de la sortie en salle du culotté et audacieux Star Wars VIII : The Last Jedi, on ne pouvait que craindre que la franchise se retrouve au pied du mur entre les producteurs qui ne savent plus comment exploiter la licence et ceux qui se prétendent fan mais pestent comme des sauvages sans recul contre la direction prise par une trilogie auquel il manque un fil rouge costaud pouvant lier ces trois films.


Et si vous pensiez que la bêtise s’arrêterait là, que dalle : les pétitions de merdes et totalement irréaliste envoyés par les plus obtus auront finis par prouver à quel point cette communauté fait parti des plus toxiques. A tel point que les studios Disney et Lucasfilm entameront une période de pause bienvenu après ce neuvième volet. Mais on reste dans le vague quant à la prochaine trilogie évoquée mainte fois entre celle de Rian Johnson, et celle du duo Weiss/Benioff qui ont déjà eu fort affaire avec la saison ultime de Game of Thrones et se sont désistés pour éviter une autre communauté de fanatique toxique alors que celle de la série est tombé dans les mêmes travers et comportements puérils, immature et abjects… comme quoi on a ce qu’il faut pour se dire qu’on vit une époque chaotique pour rester poli.


Le neuvième film ne sera pas épargné, on peut déjà en être certain. On pouvait déjà douter de sa valeur qualitative en tant que film, en tant que continuité et en tant que final. Parce qu’Abrams avait déjà laissé un bordel monstre avec Le Réveil de la force malgré ses très bonnes installations côté personnage, ses moments de bravoure efficace et le fait de ré-entendre John Williams à la musique. C’est un fan et un adorateur de la franchise mais pas un auteur à grand talent et bien loin des bouleversements qu’avait provoqué Rian Johnson avec Les Derniers Jedis. D’autant qu’il se retrouve avec une mission impossible : conclure correctement les arcs et sous-intrigues lancés par les deux premiers films, réussir à réconcilier les fans après leur pétage de plomb avec le huitième film et livrer une conclusion satisfaisante à cette post-logie qui s’est développé dans la douleur.


Un miracle s’est-il produit dans cette galaxie très lointaine ? Hélas pas vraiment, c’est loin de l’être et je pense que pour le coup les avis assassins ne manqueront pas non plus avec ce neuvième film à la saga.


Il ne faut pas attendre plus longtemps que le carton de présentation traditionnel de la franchise pour retrouver les problèmes habituels sur chacun des films en ouverture en plus d’en découvrir une nouvelle avec cette excuse sorti de nulle part pour faire revenir le grand antagoniste de la licence, Dark Sidious alias Palpatine.


80% des événements du film pendant plus de la première moitié se déroulent en accéléré. La traque de Kylo Ren pour retrouver l’origine du communiqué de Palpatine se règle en image trop vite découpé, en combat rushé et en arrivé expéditif au repère de Palpatine.


Sur la planète Exegol : expéditivement présenté sans aucun élément autre que ce que propose le visuel dont le clonage de Snoke se retrouvant réduit à un vulgaire pion après avoir eu une fin expédié dans Les Derniers Jedis. On aura d'autres occasion de se rendre sur cette planète mais un background aussi maigre c'est moyennement engageant.


Tout ce bazardage en termes de montage et de découpage parasite énormément l’implication du spectateur et survole nombre de moment sur lesquels il y a matière à se rabattre et s’attarder comme l’entraînement de Rey teasé dans la deuxième bande-annonce, ou la course poursuite dans le désert lors de la quête de l’artefact Sith censé mener au repère de Palpatine (troisième planète désertique de la saga, ça devient vraiment redondant là). Les personnages comme Rey ou Finn ne respirent jamais assez, les expositions et explications s'enchaînent trop vite, les péripéties ont un enchaînement tellement vif et avec l’horrible sensation d’avoir été charcuté lors des reshoots ou au montage final qu’on en vient à se demander ce qui a pu se dérouler en interne pour un film qui est sorti 2 ans après l’opus précédent.


J.J Abrams a beau être un bon habilleur esthétique, un technicien aux bonnes compétences et savoir créer du mouvement, il n’a toujours pas appris à gérer suffisamment bien le rythme de ses films ni à prendre le temps requis pour qu’une atmosphère s’installe pleinement, qu’un background de personnage ou entre personnage se développe avec plus de complétude ou qu’une situation compliquée puisse représenter comme il faut la gravité de la situation. Plus perturbant encore, L’Ascension des Skywalker m'a paru assez irritable avec une décision résultant des plaintes des fanboys et des frustrés du huitième film, et cette décision à la mord moi le nœud, la voilà : faire oublier autant que possibles les choix scénaristiques de Rian Johnson dans le but de se réconcilier avec les spectateurs.


Exit le thème de l’équilibre dans la force entre côté obscur et côté lumineux à travers le parcours de notre héroïne Rey, toujours jouée par l'attachante et ravissante Daisy Ridley (on peut en dire autant pour Kylo Ren qui souhaitait briser l’ordre établi entre Jedi et Sith en créant un nouvel ordre même si ça revenait à replonger dans les méandres du côté obscur). On revient à une dualité plus semblable à celle entre Vador et Luke dans l’épisode VI avec le lien de parenté en moins entre Rey et Ben Solo. On rembarre l’image très nuancé et grisaillé de Luke Skywalker pour celui qui revient en fantôme de la force pour orienter Rey vers la bonne voie et lui conseiller de bien traiter les armes des Jedis alors qu’il semblait être parti en légende dans le huitième film et que ce même film incitait à oublier et laisser mourir le passé de l’ordre des Jedis. Et bien sur, on n’a aucune ou trop peu d’idée de comment la résistance a évolué entre les deux films. En plus de confirmer l’absence de fil rouge dans cette trilogie et de direction scénaristique établi à l’avance, j’ai en plus l’irritante sensation de voir un film jouer la carte des excuses auprès de certains fans avec cette démarche.


Et c’est là que j’en viens au principal point qui me fâche le plus avec cette Ascension de Skywalker, un point qui m’a fait me demander si on n’avait pas gardé les traces du script de Colin Trevorrow (à qui on doit le pitoyable Jurassic World et un court-métrage raté sur ce même univers) :


Rey, petite-fille, de Palpatine… avec pour seul indication réelle le fait qu’elle pu envoyer des éclairs de force lors de l’une des bonnes scènes de la première moitié de film lors d’un face à face de force avec Kylo Ren. Okay… alors je poserais la question calmement : pourquoi ? Juste pourquoi ? Comment Palpatine a-t-il pu avoir des enfants d’abord ? Et surtout pourquoi cette parenté ? Niveau invraisemblance on peut aller plus loin, quels sont les chances pour qu’un individu comme Palpatine qui était déjà Seigneur noir des Siths quand il était chancelier de Naboo, a pu avoir un enfant qui aurait à son tour eu une descendance ? Est-ce une question de clonage ? Quels liens unissaient les parents de Rey alors ?


Non seulement ça annule la théorie inspirante et exaltante qu’un héros n’a pas besoin d’être issue d’une grande lignée pour en devenir un et maîtriser la force, mais surtout en plus d’un twist What The Fuck qui a l’air d’être sorti d’un trou du cul, ça a tout de l'incohérence la plus malvenue dans un film de conclusion pour créer de l'enjeu. Même dans un univers de space opéra à l’univers étendu et aux fantaisies nombreuses comme Star Wars, un coup de théâtre pareil relève de la solution de facilité ou du hasard pur et simple qui n'a pas sa place ici. L’intention de montrer que le sang n’a aucune influence sur ce que l’on devient, ça avait déjà été démontré dans le huitième film et c’est une belle idée, mais là j'ai plus l'impression qu'on me demande de me comporter en vache à lait et ça, ça me les brises. Et j'appelle ça tendre la main pour se faire taper, créer une parenté aussi improbable histoire de donner une conclusion à la quête de Rey sur ses parents, ça va pas régler le problème, ça va faire hurler les fans encore plus qui n’y verront qu’un retour forcé pour exploiter une intrigue qui n’avait pas besoin d’aller si loin.


Du coup, avec un Twist aussi improbable, est-ce qu’il y a des choses qui peuvent rattraper la suite du métrage ? Heureusement, oui, il y en a un certain nombre qui tiennent la route. A commencer par la chimie de groupe entre Rey, Poe et Finn durant leurs péripéties qui fait passer la pilule et dont le capital sympathie construit sur deux films survies très facilement. Avec tout de mêmes des idées louables et de nombreuses pistes qu’on aurait aimé voir plus creuser et moins mixés dans ce condensé trop dense et trop chargé (les origines de Poe Dameron en tant qu’épicier sur Kimiji, la rencontre entre Finn et d’autres déserteurs du Premier Ordre) voire même s'assumer davantage au lieu d'être corrigé plus tard (la perte de mémoire de C3PO, ce qui aurait pu être un sacrifice immense pour repérer le Premier Ordre se règle finalement avec un contenu de sa mémoire qu'R2-D2 avait en réserve).


Ensuite tel qu’elle, la relation entre Kylo Ren et Rey pleine ambiguïté mais à l’intérêt commun l’un pour l’autre continue de fonctionner avec toujours une dualité bien entretenue. On peut râler en toute raison au fait qu’Abrams revient à quelque chose de plus calibré et de moins enclin au débat sur la nature des personnages comme l’avait fait Johnson, mais le parcours du Jedi et du Sith se suivent de manière logique avec certaines fulgurances puissantes


(le sacrifice de Leia entrant en contact avec Ben Solo au moment ou Rey s’apprête à le tuer et provoque la mort de la Générale en prenant vite conscience de son basculement proche. Impossible de ne rien ressentir quand on sait que Carrie Fisher n’est plus parmi nous et qu’on en est à sa dernière apparition même en modélisation numérique !). Bon par contre, Rey roulant une galoche à Kylo Ren après avoir été ramené d’entre les morts par le pouvoir de la force… désolé mais tel que je l'ai vécu, c’est du même niveau de gêne que Leia qui vole à la Mary Poppins dans l’espace.


De plus si on devait juger ce film comme space opéra à spectacle, il remplit très bien son contrat. Abrams s’investit et fait un taffe efficace en tant que filmeur d’action (bon par contre le combat contre les chevaliers de Ren, on va oublier, ces mecs sont aussi intéressants qu’un sermon du prêtre un Dimanche matin), et la deuxième moitié réussissant enfin à calmer le rythme pour délivrer d’autres passages retentissants dans cet ultime film


(la cérémonie de Palpatine et les chœurs des adeptes du côté obscur raisonnant en écho, on a beau penser dans une redite camouflé du VI avec le face à face Palpatine/Luke ça a pile ce qu’il faut pour bien s’en distinguer).


Même si au final le retour de Palpatine me gêne plus qu’il ne me réjouit dans le traitement et par rapport au passif de la saga, il y a quelque chose qui se construit, pas de la meilleure manière mais une construction et un mythe qui semble vouloir exister et s’imposer.


Puis enfin, John Williams à la musique (encore une fois de grande qualité et qui, elle, sera toujours resté au top niveau quelque soit la trilogie) qui symbolise avec ce film un point important que je n’ai pas évoqué plus haut : la fin définitive d’un conte qui aura duré plus de 40 ans, d’une mythologie qui n’englobe plus uniquement celui de la fratrie Skywalker mais celui de plusieurs personnes dont la destinée s’en est retrouvé influencée ou modifiée. Aussi bien pour le meilleur que pour le pire, pour les moments de bravoure à saluer que pour les faux pas dont on ne peut nier l’existence.


Au final, je ne vais pas mentir : je suis divisé et pas convaincu qu’on ait un bon Star Wars avec ce dernier film. Quand on voit à quel point L’ascension de Skywalker condense ses intrigues avec ce manque de maîtrise et tombe dans certains pièges grossiers pour tenter brosser le fanatique mécontent dans le sens du poil, ça me laisse que plus dubitatif si je dois juger les 3 films dans leur ensemble. Alors que concrètement, aucun ne mérite l’abattoir et on peut même y trouver un minimum de rapport entre chacun malgré un traitement qui se suit rarement entre les idées de Johnson et ceux d’Abrams. Et ces 3 films nous auront permis de mettre de nouvelles têtes sur le devant de la scène (Daisy Ridley, Adam Driver, Oscar Isaac et John Boyega les premiers), nous ont offert de beaux adieux avec d’autres (surtout Hamill et Ford) et parfois mêmes des moments dignes de ce que nous ont proposés les deux précédentes trilogies (je maintiens que la Prélogie, en dépit de ses gros défauts, ne mérite pas autant de crachat) que ça soit l’introduction de Rey, le combat contre la garde prétorienne ou le départ en légende de Luke Skywalker.


EDIT : Mais dans les faits, cela ne suffit pas à excuser toutes les mauvaises décisions sur ce dernier volet : en dépit de ses quelques coups d'éclats, L'Ascension de Skywalker dessert totalement cette postlogie en maltraitant les thèmes et les pistes qui auraient pu rendre cette nouvelle trilogie intéressante, et en laissant derrière elle une pâtée épaisse de contresens qui la rendent superflue. Pas étonnant que les films soient en pause étant donné qu'à l'heure actuelle, c'est par le biais des séries comme The Mandalorian ou The Visions accessible sur Disney+ que Star Wars retrouve des couleurs. Si le projet de Taika Waititi de faire son Star Wars voit le jour et se concrétise, il y a grandement intérêt à ce qu'ils aient tiré des leçons de cette postlogie mal aimé par la fanbase au moment ou je réécris ces dernières lignes.

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