[Le spoil est puissant dans cette critique]


Star Wars l’Ascension de Skywalker est le dernier film d’une trilogie qui doit normalement conclure toute la saga. A l’arrivée de ce troisième épisode, il est aisé de faire le malheureux constat que nous ne savons toujours pas ce que souhaitait nous raconter la trilogie de Disney portée par Rey et par Kylo Ren. Ascension ou chute ? Que vaut ce neuvième épisode de la saga Star Wars ?



Un film pour les conclure tous



Star Wars le Réveil de la Force se caractérisait par une aventure qui ne parvenait pas à justifier une nouvelle exploitation de la saga Star Wars. En effet, après la destruction de l’Etoile de la Mort et la fin du règne de l’Empereur, il était difficile de s’attendre à un avenir où la galaxie se retrouvait dans une situation similaire que celle rencontrée dans Star Wars un Nouvel Espoir.


Malgré tout, avec quelques corrections la trilogie de Disney aurait pu facilement se faire une place dans la saga et raconter sa propre histoire à la fois différente et complémentaire des deux trilogies. Mais c’était sans compter l’arrivée de Rian Johnson pour prendre les commandes du second Star Wars de Disney. Un film qui a indéniablement provoqué une immense levée de boucliers à l’encontre du réalisateur notamment parce que son Star Wars n’a pas saisi l’occasion de corriger les erreurs de départ de cette trilogie, mais de créer encore de nouveaux problèmes. En l’occurrence, plutôt que d’obtenir un Star Wars correcteur du précédent film et vecteur d’idées ingénieuses, le film s’engage davantage à prendre en ridicule la saga et à détruire le peu d'éléments susceptibles d'être intéressants.


Cependant à cause de la collision entre ces deux films, Star Wars l’Ascension de Skywalker décide d’établir de nouveaux enjeux et bazarde non seulement Star Wars les Derniers Jedis, mais aussi Star Wars le Réveil de la Force. Des choix qui ont des conséquences profondes sur le récit, d’autant plus que ce neuvième film s’octroie le droit de conclure toute la saga en prenant en compte si bien la trilogie originale que la prélogie. Une situation assez cocasse quand on sait que Star Wars l’Ascension de Skywalker était déjà en très mauvaise posture pour conclure sa propre histoire.



Papy fait de la résistance



En l’état, la narration se sépare évidemment de Snoke et des nouvelles revendications de Kylo Ren qui souhaitait faire table rase des croyances du passé. De plus, le film met en place un nouvel arc narratif qui oublie non seulement les bases imparfaites posées par le Réveil de la Force, mais aussi quelques événements survenus dans les Derniers Jedis.


En effet, afin de combler les trous le film empile les twists, les rebondissements, les tours de force bravache, et orchestre le retour d’un méchant populaire de l’univers Star Wars : L’empereur Palpatine. Dès son carton introductif, le film bâcle son histoire en faisant de l’Empereur l’élément essentiel pour corriger le manque de développement de toute cette trilogie. Le personnage devient une excuse pour absolument tout, que ce soit les enjeux mal présentés depuis le Réveil de la Force ou les origines incertaines de quelques personnages.


Ainsi, on apprend que l’Empereur a survécu à son plongeon au fond du puit de sa base sidérale, mais aussi à la destruction de celle-ci. Même si aucun indice ne laisse penser à son implication dans les deux derniers films, Palpatine attendait dans l’ombre le moment opportun pour passer à l’action avec une immense flotte impériale toute neuve. Evidemment, ce genre de situation est assez grotesque dans le sens où Snoke incarnait le nouveau grand méchant terriblement mystérieux de cette trilogie, et il est aisé de se dire que sans le coup de traître de Rian Johnson la situation n’aurait pas changé. Et puisque que Palpatine est devenu le couteau suisse multifonctions pour corriger toutes les erreurs de Disney, la présence du personnage règle également la surpuissance maintes fois dénoncées de Rey puisque celle-ci est en réalité sa petite fille. Comment, quand, et avec qui Palpatine a-t-il eu une relation pour un avoir un enfant qui lui donnera à son tour une petite-fille ? Nous ne le saurons jamais, car la méthode de Disney est de justifier l’injustifiable pour excuser le fait d’avoir engendré une trilogie sans un travail préparatoire concret.



Sabre rasoir



Toujours à cause de la mauvaise gestion des trois films, l’Ascension de Skywalker tente péniblement de ranimer la cadavre Star Wars. Mais cette volonté se fait obligatoirement en essayant de purement et simplement éjecter les deux films précédents et de tordre le plus possible l’histoire même si cela implique l’arrivée d’une foule d’incohérences. Mais c’est une mission impossible tant le développement des personnages auraient dû s’étaler sur trois films plutôt que de se lancer dans un énorme rush afin de rattraper le temps perdu. Les premières victimes de ce raisonnement incohérent sont d’abord les personnages jadis principaux qui finissent comme des quasi-figurants et qui ne conservent que très peu de place au sein du récit. A l’image de Finn qui fait de courtes apparitions et bénéficie de dialogues peu fouillés comme pour annoncer qu’il est encore un peu là au milieu de Rey, Kylo Ren, et Palpatine.


Pour toutes ces raisons, le film éjecte énormément d’éléments importants et souhaite le plus possible s’accrocher comme un morpion au Luke à la trilogie et à la prélogie. Évidemment, la pilule ne passe pas. L’ascension de Skywalker semble en compétition avec les Derniers Jedis pour le titre du film qui souillera le plus la saga Star Wars. Car au milieu des incohérences chronologiques et des retours utiles au scénario, l’Ascension de Skywalker compresse encore la saga et lui extirpe tout son jus. C’est notamment le cas en détruisant la prophétie de l’élu pour l’offrir à Rey au détriment de Dark Vador (balayant ainsi toute de son histoire et son intérêt) ou de créer de nouveaux pouvoirs de la Force encore plus incohérents comme celui de téléporter des objets physiques comme les magiciens de fêtes foraines. Assurément, si la représentation de la Force dans l’esprit de Disney a témoigné de quelque chose, c’est qu’il suffit de lever la main pour accomplir toutes sortes de miracles sans que la Force ait un quelconque rapport avec la foi et la maitrise.



La désolation d'une souris capitaliste



Dans une dernière tentative désespérée, l’Ascension de Skywalker essaye maladroitement de corriger les erreurs des deux derniers films même si c’est pour s’enliser avec tous les problèmes de cette trilogie.


Star Wars l’Ascension de Skywalker renvoie l’image que nous pouvons avoir à l’égard de toute la trilogie de Disney. Les situations abracadabrantesques se multiplient, les incohérences pullulent, et nous ne pouvons que constater le manque profond de considération pour la saga de la part de Disney. Toute l’histoire contée durant deux trilogies exceptionnelles vient d’être balayée, tandis que l’aventure Star Wars en compagnie de Disney ne vient que de commencer.



Rey !!!!! – Finn pour la centième fois


Créée

le 31 mars 2020

Critique lue 2.2K fois

43 j'aime

19 commentaires

Death Watch

Écrit par

Critique lue 2.2K fois

43
19

D'autres avis sur Star Wars - L'Ascension de Skywalker

Star Wars - L'Ascension de Skywalker
Sergent_Pepper
4

Back to their culture

Toute saga a une fin : arrivés à un certain point d’essorage, les studios et leurs team de scénaristes ont trouvé la parade ultime pour provoquer un sursaut d’intérêt : venez quand même, c’est le...

le 21 déc. 2019

215 j'aime

15

Star Wars - L'Ascension de Skywalker
Larrire_Cuisine
6

[Ciné Club Sandwich] Marche arrière à 12 parsecs sur l’autoroute spaciale de l’incohérence

DISCLAIMER : La note est une note par défaut, une note "neutre" qui correspond à la moyenne (arrondie) de l’oeuvre au moment où on publie la critique. Avant, on mettait 5 à tous les films mais il...

le 19 déc. 2019

171 j'aime

18

Du même critique

The Batman
JasonMoraw
8

The Dark Angel

Tim Burton avec Michael Keaton, Christopher Nolan avec Christian Bale, Zack Snyder avec Ben Affleck. Batman est un des super-héros qui cumule le plus de nouvelles adaptations jonglant entre des...

le 2 mars 2022

194 j'aime

30

Drunk
JasonMoraw
9

Santé !

Lassés d’une vie routinière et ennuyeuse, quatre professeurs de lycée expérimentent la thèse du psychologue norvégien Finn Skårderud. Ce dernier soutient l’idée que l’humain aurait un déficit...

le 8 janv. 2021

91 j'aime

28

Le Corbeau
JasonMoraw
10

Un corbeau peut en cacher un autre

Le corbeau est un délateur mystérieux qui sème le doute et la méfiance dans un petit village au cœur de la France. Le docteur Rémy Germain, principale victime, est accusé d’adultère mais aussi de...

le 8 déc. 2020

68 j'aime

9