Si j'ai apprécié les deux précédents volets malgré leurs défauts, l'un pour son classicisme, l'autre pour son irrévérence, le moins que je puisse dire, c'est que cet épisode reste extrêmement convenu et malmené sans pour autant être indigeste.


Abrams reprend donc la barre du navire en précipitation après un Captain Johnson qui a voulu saborder sa machine en apparence bien huilée et un Colin Trevorrow passé par dessus bord. Il lui fallait recoller les morceaux et céder aux mécontents traditionalistes dont il fait partie en plus d'emmener tout le monde à bon port fissa.
L'ensemble n’apparaît pas très cohérent mais c'est la faute à sa navigation à vue initiale, ne connaissait pas précisément la destination finale et créant des mystères comme il les aime auquel il n'a pas définit d'abord la finalité et la pertinence. Sur ce point au moins, il a l'opportunité d'apporter la réponse à son petit merdier mais en pleine tempête notre captain mytho n'est surement pas l'homme de la situation et je le soupçonne d'avoir adopté la solution la plus satisfaisante auprès de ses passagers. Mais la mise en oeuvre d'une solution dans le stress et la précipitation n'est jamais bonne...


Dans mes critiques des deux précédents, j'avais surtout parlé des liens aux mythes classiques, arthuriens notamment (recherche du Graal/ Avalon/ mythe du Roi Pêcheur) que Lucas avait aussi habilement employé en son temps dans ses épisodes IV et V pour le parcours initiatique de son héros.
L'épisode VI, lui, souffrait déjà d'un manque de ces grands jalons du récit mythologique sur 2/3 et ne tirait sa véritable force (oh!oh!) que sur sa confrontation finale : la tentation du mal et le mythe chrétien du sacrifice et de la rédemption.


Et J.J. Abrams ne s'est bien sûr pas foulé une fois de plus, il a recalquer exactement le même modèle avec en prime tous les défauts et les manques de son aîné, en plus d'être un véritable obsédé encore une fois de l'histoire du Petit Poucet avec un début redondant en informations évidentes (merci Maz Kanata de ne servir à rien) et pas toujours cohérentes


(le poignard Sith mais qu'est-ce donc que cet octant de merde).


Pourtant la matière à rendre ce final (avec ses thématiques que j'apprécie par ailleurs) beaucoup plus puissant et surtout l'inscrire dans un récit mythologique bien structuré était là... mais il n'a pas osé, s'est montré maladroit en révélations et s'est précipité pour ne pas choquer :


Rey explose le vaisseau où est prisonnier Chewie avec ses nouveaux "bad" pouvoirs (bien que quelques instants après elle n'est plus l'air si bouleversée par ce qu'elle viens de faire) et J.J. qui va nous montrer directement que le Wookie est vivant... Ensuite nos héros vont continuer leur mission au nom de "Chewie" mais le spectateur n'en à plus rien à carrer, on viens de lui ruiner son implication émotionnelle dans le récit avec un élément dramatique qui aurait donné bien plus de poids à la suite.
S'ensuit quelques temps plus tard ce que j'appelle "la descente aux enfers de Rey", je parle de Rey qui se retire du monde pour bouder dans son coin par peur de ce qu'elle est, comme Luke précédemment.
Voilà bien un jalon dans le récit qui fait directement référence aux grands mythes classiques et qui aurait dû donné plus de corps à l'ensemble de cet épisode notamment si l'on n'avait pas su à ce stade que le Wookie était vivant, avant un retour de Rey héroïque mais tiraillée par sa vengeance...


La Filiation maléfique de Rey est aussi dans la même veine car elle aurait eu plus de force dans la bouche de l'empereur directement. Nous n'aurions pas su si c’était "du lard ou du cochon" en jouant sur le coté satanique de Palpatine et c'est surtout que le mystère nous aurait garder en haleine jusqu'au bout avec "A grand final/grande révélation" et mis Rey dans une situation encore plus délicate émotionnellement à ce moment du récit avec la tentation de vraiment basculer.


Filiation maléfique de Rey , meurtre de ses parents, mort de Chewie, tout était là... mais maladroitement expédiée comme une lettre à la poste par un JJ stressé qui ne trouve jamais le bon tempo du récit et de l'émotion...


A contrario le revirement de Kylo m’apparaît presque plus réussit, (là encore la scène avec son père est touchante et fait un parallèle évident avec le 7 mais le récit aurait peut être pu s'en passer ou nous exposer ça d'une manière un peu différente).


Lui qui avait fait des efforts de mise en scène pour nous exposer Jakku et Rey dans un superbe panorama contemplatif à l'épisode 7 à totalement abordé à contre-pied cet épisode 9 qui s’enchaîne beaucoup trop vite et ne prend jamais le temps de se poser aux bons moments


(par exemple j'en ai rien à faire de l'histoire des stormtroopers renégats à ce moment du récit)


Alors vous l'aurez compris je ne déteste ni la finalité du bazar, ni la réponse apportée aux origines de Rey (fini la branlette sur les forum Star Wars les gars) et de plus j'adore l'idée du retour de Palpatoche (bien qu'encore une fois, cette idée aurait dû être exploitée dès le début à la place de Snoke). C'est donc plus essentiellement sur la structure du récit que sur son histoire convenue que le film me pose un problème (que pouvait-on espérer de Disney en même temps, qu'il nous relance sur une trilogie de la maléfique impératrice Rey ? Impensable mais tellement séduisant...)


Au final l’émotion l'emporte mais ça ne repose vraiment que sur ça....

Altharil
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le 22 déc. 2019

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Altharil

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