L'Ascension de Skywalker. Rien qu'au titre du long métrage, on sent la rupture avec le travail de Rian Johnson. Alors que Les Derniers Jedis proposait la possibilité que tous les individus pouvaient espérer devenir un défenseur du Bien, cet épisode final revient à la vision de la trilogie originale, celle d'une famille destinée à rétablir l'ordre entre le coté obscur et le coté lumineux de la force.


Lors de la conception de cette critique, il m'est apparu impossible de ne pas comparer SW8 et SW9 tant tout ce qu'a tenté d'amener Rian Johnson se retrouve irrémédiablement effacé par J.J. Abrams. Alors que l'opus précédent nous laissait avec une rébellion embryonnaire et plaçant enfin Kylo Ren comme l'antagoniste principal de la postlogie, l'Ascension de Skywalker déterre le cadavre de l'empereur Palpatine lors du panneau déroulant. Oui, l'antagoniste principal de la saga revient d'entre les morts grâce à une pirouette scénaristique absurde, en hors champ. Il était alors prévisible que le personnage campé par Adam Driver, décidément le meilleur acteur de cette trilogie, retourne sa veste (encore!).


Voulant à tout prix satisfaire les twittos enragés, J.J. Abrams élimine tout ce qui n'avait pas plu aux "fans" dans l'épisode 8, à savoir : La tête de Kylo Ren, Rose, un rythme lent. On recréé donc le casque détruit en ajoutant des fissures rouges, parce que ça pue le style, tavu ! Rose n'aura que 5 minutes de temps d'écran pour raconter des banalités, sacrifiant par la même occasion la romance qui se créait avec Finn. Et évidemment, faut aller vite, courir vers son destin et vers l'action. Alors oui, on a pas le temps de s'ennuyer. Mais à vouloir développer toutes les sous-intrigues qu'il n'avait pas pu exploiter, J.J. Abrams nous livre un film épileptique, où les situations s'enchaînent de manière artificielles, à l'aide notamment du célèbre Mc Guffin et autres facilités scénaristiques.


On notera notamment le changement de comportement éclair de Zorri Bliss ou alors la miraculeuse apparition de l'escouade de stormtrooper renégats qui permettra à Rey d'atteindre l'épave de l'étoile de la mort. Je ne développerai pas sur l'arrivée de la flotte rebelle, digne du plus mauvais scénario de série B sur SYFY.


Au delà des détracteurs du 8, il fallait contenter les nouveaux fans de la licence, ceux qui ont découvert Star Wars avec cette trilogie. Et pour cela, il était nécessaire de rendre le spectacle encore plus grandiose. Rien de plus facile : il suffit d'augmenter d'une puissance de 10 les capacités des protagonistes!


Ainsi Rey, qui n'a eu pour maitre qu'un Luke refusant de lui enseigner les voies des Jedis et une Leia qui n'avait pas encore finie sa formation, réussit à soigner n'importe quelle blessure, là où même Maitre Kenobi échoue dans la Revanche des Sith. Comble de l'ironie, Ben y arrive également, sans enseignement. On aura également droit à l'arrêt d'un vaisseau en plein vol; notons que Luke arrive que très difficilement à sortir son X-wing de l'eau alors qu'il a achevé sa formation.


Alors je vois déjà venir les fans de cet opus: "oui mais dans l'univers étendu, on a vu des Jedis et des Siths faire plus impressionnant". Certes, mais ces personnages étaient pour la plupart de grand maitres Jedi ou bien d'immenses Seigneurs noirs des Siths, rien de comparable avec une presque chevalier Jedi et un presque Sith.


Et finalement, comme J.J. Abrams et la multinationale aux grandes oreilles veulent attirer tout le monde, il leur fallait contenter les anciens fans, ceux qui fustigent la prélogie et qui ont un autel à la gloire de l'Empire Contre-Attaque. Et pour cela, on ramène tout l'ancien cast, jusqu'à trainer Billy Dee Williams pour trois apparitions inutiles. On en profite également pour faire quelques hommages forcés à Carrie Fisher et Kenny Baker.


Finalement, tous ces éléments ne sont qu'accessoires à ce qui me gène réellement dans cette conclusion: le retour de Palpatine. Tout d'abord, le simple fait que l'empereur soit encore vivant trahit toute la mythologie des 6 premiers opus, ne faisant pas d'Anakin Skywalker l'élu qui rétablira l'équilibre dans la force. Comme le dit si bien Rey, "Si nous échouons maintenant, tout cela n'aura servi à rien". Et c'est là tout le problème. En ramenant cet antagoniste, les batailles de Yavin, de Hoth et de Endor n'auront servi qu'à retarder l'affrontement final.


Second problème : en faisant de Rey la petite fille de l'empereur et celle qui l'élimine, toute la symbolique salvatrice de la famille Skywalker est éliminée.


On se retrouve donc avec un long métrage dont le titre évoque la toute puissance d'une lignée mais qui factuellement met en avant une autre famille, développée uniquement dans ce film. Aurait-il alors fallu renommer ces neufs films la saga Palpatine ?


Nous voici au terme de cette critique, et il me paraît important de faire le point sur cette trilogie, ironiquement renommée nostalogie. The Force Awakens ne prenait pas de risques mais relançait la franchise, The Last Jedis dépoussiérait le mythe mais fermait plus de portes qu'il n'en ouvrait et The Rise of Skywalker offrait une conclusion pathétique sans tenir compte des changements précédents. Le résultat ? Une suite bâtarde pour laquelle aucun plan scénaristique n'avait été prévu et où les guerres d'ego entre les deux réalisateurs auront réussi à assombrir le futur de la plus grande saga du cinéma moderne.
Face au fiasco critique de cette postlogie, peut être que l'espoir de la galaxie ne se trouvera plus dans les salles obscures, mais sur la plateforme de la multinationale, au regard d'un The Mandalorian plus efficace et autrement plus attractif.

NielsChapuis
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de l'univers Star Wars et Les meilleurs films de 2019

Créée

le 23 déc. 2019

Critique lue 286 fois

7 j'aime

6 commentaires

NielsChapuis

Écrit par

Critique lue 286 fois

7
6

D'autres avis sur Star Wars - L'Ascension de Skywalker

Star Wars - L'Ascension de Skywalker
Sergent_Pepper
4

Back to their culture

Toute saga a une fin : arrivés à un certain point d’essorage, les studios et leurs team de scénaristes ont trouvé la parade ultime pour provoquer un sursaut d’intérêt : venez quand même, c’est le...

le 21 déc. 2019

215 j'aime

15

Star Wars - L'Ascension de Skywalker
Larrire_Cuisine
6

[Ciné Club Sandwich] Marche arrière à 12 parsecs sur l’autoroute spaciale de l’incohérence

DISCLAIMER : La note est une note par défaut, une note "neutre" qui correspond à la moyenne (arrondie) de l’oeuvre au moment où on publie la critique. Avant, on mettait 5 à tous les films mais il...

le 19 déc. 2019

171 j'aime

18

Du même critique

Au hasard Balthazar
NielsChapuis
9

Saint Balthazar

Il y a dans Au Hasard Balthazar une mélancolie froide d'une puissance invraisemblable, aidée par la sublime 20ème de Schubert, lancinante et absolue. Au travers des yeux et des vagabondages d'un âne,...

le 15 mai 2021

4 j'aime

La Pianiste
NielsChapuis
9

casse moi la gueule Michael

Le film que 50 Nuances de Grey aurait voulu être Deuxième Haneke, deuxième grande claque dans la tronche. Comme dans Amour, le cinéaste propose une oeuvre fataliste, sans concession, qui met les...

le 24 janv. 2021

2 j'aime

Simetierre
NielsChapuis
9

chats et gamins = enfer sur terre

[Attention critique 100% spoil] Simetierre, c'est un peu l’œuvre ultime de Stephen King. Habitué à ses récits horrifiques jugés classiques (Shining, Misery, Ça, ...), je m'attendais à un énième roman...

le 18 nov. 2019

2 j'aime