The saga comes to an end...


La fin de la fin, en réalité. Puisque l'épisode VII annonçait déjà le début de la fin.
Des trois derniers films, je crois qu'il s'agit là du pire.
Pour autant, cet épisode IX n'est pas bien différent des deux précédents, en le sens où il souffre des mêmes défauts. Aussi, tout ce qui suit dans cette critique vaut pour la trilogie toute entière, tant L'Ascension de Skywalker compile tout ce qui s'est fait de pire dans cette dernière.


DANS LES ÉPISODES PRÉCÉDENTS : je ne vous apprends rien, l'épisode VII se révélait être un remake de l'épisode IV ; l'épisode VIII, quant à lui... se révélait être un remake du V... mais avec des prises de risques ! Lesquelles auront sans doute été handicapées par l'épisode de JJ. Abams, qui lui, ne prenait aucun risque (ce dernier se retrouvant lui-même handicapé dans l'épisode dont il est question aujourd'hui par les prises de risques de R. Johnson dans l'épisode précédent... Bref ! Un cercle vicieux dont personne ne sort vainqueur, à commencer par le spectateur).
Si je déteste l'épisode VIII tout autant que ses deux autres frères, je dois lui reconnaître quelques idées bienvenues, lesquelles me font dire que si R. Johnson avait été aux commandes dès le début de l’épisode VII, peut-être cette trilogie aurait-elle pu être sauvée... Je dis bien PEUT-ÊTRE !


Sur ce, entamons la critique de cet épisode IX.


Pour commencer, le texte déroulant (après tout, c'est avec ça qu'un film Star Wars digne de ce nom démarre) : désormais, ce dernier ne sert plus à poser un contexte, mais consiste en une ellipse grossière qui est ici utilisée dans le but de résumer tout un pan de l'histoire que l'on aurait dû nous MONTRER.
Par la suite, tout est expédié : les scènes s'enchaînent les unes après les autres à la vitesse de la lumière et l'on passe de personnage en personnage au rythme d'une bande-annonce ; le film ne prend pas le temps de se poser et certains plans qui auraient pu créer une véritable atmosphère disparaissent finalement trop vite pour marquer notre esprit ou notre rétine.


La rencontre avec Palpatine a lieu dès le début ! Celle-ci va beaucoup trop vite et n'est que prétexte à l'explication, feignant ainsi d'essayer de nous faire comprendre le pourquoi du comment du Premier Ordre, de Snoke, de Rey, et de tant d'autres choses qui n'ont et n'auront en fait jamais d'explications ; car il n'y a jamais eu de travail de fond dans cette nouvelle trilogie, ni sur l'univers ni sur le contexte, socle pourtant indispensable à tout film Star Wars qui se respecte selon moi.


Les incohérences sont légion, entres les différents films de cette nouvelle trilogie pour commencer, et enfin, au sein du film lui-même.
Que dire des technologies qui n'ont ni queue ni tête (pourquoi avoir des ersatz de catamaran/trimaran, ou des motos à chenille, lorsque même les populations les plus pauvres de la galaxie disposent de véhicules qui volent ou, a minima, planent) ?
Que dire des personnages qui se trouvent pile au bon endroit au bon moment (au cm² près, on en est-là) ?
Que dire de ces personnages omniscients, possédant toujours les informations clés qui permettront aux personnages ainsi qu'au scénario d'avancer ?


La Force...


La Force est la réponse à tout, et surtout à toutes les incohérences.
Non contente de permettre de grosses facilités scénaristiques -- créant par la même toujours plus d'incohérences au sein de la saga -- la Force nous est présentée ici comme une sorte de volonté divine, justifiant jusqu'aux actes et la place de chaque individu, et qui de surcroit leur dicterait quoi faire pour suivre la voie du Bien (fini la spiritualité, bonjour l'allégorie de la foi protestante).
Mais à vouloir trop insister sur le côté "spirituel" de la Force (et par la même, passer sous silence la dimension scientifique - pourtant à peine survolée - apporté par les Midicloriens), cela en devient ridicule, perdant toute subtilité au passage.
A cet égard, L'Ascencion de Skywalker brise cette frontière ténue qui jamais n'avait été franchie jusque-là en nous présentant des stéréotypes grossiers, de vulgaires merlins, en guise de Jedis et de Siths. Des sorciers faisant d'avantage écho aux magiciens et mages noirs de Harry Potter


(cf. la mort de Palpatine faisant écho à celle de Voldemort)


qu'à des moines maîtrisant la Force.

Si j'apprécie Star Wars pour son savant mélange de Fantasy et de SF, force est de constater que nuls autres que Lucas et ses équipes étaient compétents en la matière ; ici, non seulement la sorcellerie se substitue à la Force, mais la direction artistique se retrouve le cul entre deux chaises, accouchant de décors ou objets non pas "fantasy" mais "moyenâgeux" et surtout désuets


(cf. la dague, le temple Sith, etc.).


Sur ce point, le film n'a aucun parti pris visuel. Il se contente de piocher çà et là pour ses décors, ses costumes (Poe Dameron paraît déguisé en Indiana Jones) ainsi que ses scènes d'actions. Un aveu d'échec et de manque d'inspiration flagrant tant il recopie des films qui, au final, sont de meilleurs "Star Wars" que lui, de la trilogie originale (course-poursuite sur Endor) à la prélogie (course de modules), en passant par d'autres films comme Indiana Jones, Le Seigneur des Anneaux, ou encore Mad Max.


Enfin -- et là est le principal problème de toute cette nouvelle trilogie -- ce film nous ressert les mêmes thématiques, les mêmes enjeux, les mêmes archétypes de personnages, que les six premiers épisodes de Lucasfilm... en moins bien.
Une redite dénué de tout intérêt.
De plus, là où nous étions précédemment dans un registre tragique, nous voilà ici dans le larmoyant, le mélodramatique. Tout est forcé et fait pour nous arracher une larmichette... Aucune scène n'est touchante, tout est poussif.
Le film n'a de cesse de vous envoyer dans la figure que "c'est la fin" ; car la saga ne s'est pas conclue à l'issue de l'épisode VI, non : elle se conclue à l'issue de cet épisode IX, alors même qu'il propose la même histoire qu'il y a 42ans... Cette nouvelle trilogie se veut respectueuse de la trilogie originale, paraît-il ; pourtant, par son scénario fainéant (qui n'est rien d'autre qu'une resucée des épisodes IV, V et VI), elle balaye d'un revers de la main cette dernière, tout en nous disant : "non, c'est moi qui conclue la saga". Quelle prétention... Quelle prétention lorsqu'on voit les incohérences et les facilités scénaristiques empruntées ; quelle prétention lorsqu'on comprend qu'il n'y a jamais eu aucune vision d'ensemble pour cette trilogie, car aucune envie de raconter quoi que ce soit. La prélogie avait été décriée pour sa qualité d'écriture... Pourtant, nul autre Star Wars n'aura été plus mal écrit que ceux de ces dernières années.


De "Premier Ordre" on passe à "Dernier Ordre"... Bon dieu, mais qui a écrit ça ?!


Je passe sur la musique, laquelle contribue sans aucun doute à mon manque d'investissement dans cette dernière trilogie par son manque flagrant d'inspiration.
AUCUN THÈME percutant.
Aucun...
J'enfonce des portes ouvertes, mais je crois sincèrement qu'on ne le dira jamais assez : pour un film Star Wars, avec John Williams à la barre, c'est un comble...


D'aucuns diraient que les critiques ne seraient pas aussi sévères envers ces films s'ils ne constituaient pas les épisodes canons de la saga Star Wars. Pour ma part, je soutiens l'inverse : ces films, s'ils n'étaient pas des films Star Wars, seraient tombés dans l'oubli ; car en définitif, ils ne sont rien d'autre que des blockbusters convenus, peu inspirés, à peine spectaculaires, et mal écrits.
Au final, que vous recherchiez un "nouveau Star Wars" ou un blockbuster digne de ce nom, allez voir ailleurs. Cette licence n'a définitivement plus rien à offrir (exceptées les friandises que sont Rogue One ou The Mandalorian), la révolution qu'elle constituait a une époque n'existe plus, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Vos enfants s’émerveilleront sur d'autres films ; et vous retrouverez votre âme d'enfant sur d'autres films... Pas sur des prétendues œuvres passéistes et nostalgiques, qui ne veulent pas grandir, et par-dessus tout, ne pas faire grandir le cinéma (à l'inverse du porte-monnaie de leurs producteurs ainsi que de leur empire).


Que l'on arrête d'essayer de nous faire prendre des vessies pour des lanternes : cette nouvelle trilogie n'a plus rien du sel des deux trilogies précédentes, qui, bien qu'elles s'inscrivaient également dans une logique commerciale, avaient au moins le mérite de proposer quelque chose de neuf à chaque fois, en terme d'histoire, de visuels, et de cinéma, et ce, que le résultat soit au RDV ou non.
Aujourd'hui, Star Wars ne propose plus rien de neuf, ne dit rien de nouveau ; c'est même tout l'inverse.
Cet épisode IX était censé conclure la saga en apothéose. En réalité, il ne constitue qu'un atterrissage fracassant et douloureux, l'aboutissement d'une chute qui n'aura eu de cesse d’accélérer au fil des épisodes.


Pour moi -- et cet épisode le dit lui-même, en fin de compte -- L'Ascension de Skywalker ne fait que confirmer que la saga a déjà été conclue il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine...

Mad_Muse4
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le 19 déc. 2019

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Mad_Muse4

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