Quand la créativité s'aplatit devant la tyrannie fanatique...

Mon affect premier pour Star Wars tient surtout à mon amour pour le cinéma. Pas à un souvenir de jeunesse, pas à une passion ardente pour tout le contenu annexe. J'aime ces films pour ce qu'ils ont apporté au média, et rien d'autre.


J'aime la première trilogie pour l'univers qu'elle a créé, pour la mythologie qu'elle a mis en place, pour les moments forts et cultes qui font partie de l'histoire du grand écran.
Je n'ai pas aimé la prélogie pour son côté froid dans sa cinématographie, pour ses dialogues mal écrits, pour ses relations entre les personnages peu convaincantes, pour son casting, et pas mal d'autres choses. Néanmoins, elle contient une vraie vision de son auteur, et qu'on aime ou pas, il s'agit de quelque chose d'entièrement respectable.


Dans cette nouvelle et dernière trilogie, j'ai apprécié l'épisode VII parce qu'il s'agissait d'un excellent épisode pour nous replonger dans l'ambiance de la saga et pour nous présenter les nouveaux personnages que nous suivront dans leur aventure. Il n'apportait rien de nouveau, mais faisait un excellent boulot d'introduction, aussi pour les néophytes que pour les fans endurcis.
J'ai adoré "Last Jedi", parce qu'il s'agissait enfin d'un vrai film d'auteur qui tenait un propos, qui apportait une vision de narrateur, son propre regard sur l'univers, qui souhaitait sortir la saga de ses habitudes et de son cercle familial restreint pour nous permettre d'explorer réellement ces nouveaux personnages et les voir se détacher de leurs racines pour qu'ils et elles puissent voler de leurs propres ailes, et créer leur propre destin, pour le meilleur comme pour le pire.


C'est pourquoi j'abhorre et j'exècre profondément cet épisode IX, car il vient couper les ailes de ses personnages, pour les ramener à leur condition d'écho d'un temps qui n'est plus, simples pantins qui n'ont pas d'existence propre en dehors de ceux et celles qui sont venus avant eux.


"Rise of Skywalker" est à peine un film. Il tient plus d'une longue liste de doléances qu'un réalisateur sans convictions et qui craint les mauvais retours se serait empressé de cocher.


Ca ne plaisait pas que Rey ne soit "personne", c'est-à-dire qu'elle ne venait pas d'une famille de jedi ? On en fait une palpatine.
Ca râlait que Leia puisse utiliser la force dans "Last Jedi" ? On en fait une jedi pleinement formée par son frère avec sabre-laser et tout.
Des gens n'aimaient pas Rose Tico ? On la relègue à l'arrière-plan tout le long du film.
Des gens pleuraient parce qu'ils n'avaient pas vu Rey s'entraîner et que donc ils ne trouvaient pas ça normal qu'elle était forte? On la voit s'entraîner au début du film.
Des gens trouvaient que Finn et Poe n'étaient pas assez ensemble dans les films précédents ? Ils ne se quittent quasiment jamais dans cet épisode.


Et ce n'est qu'un échantillon, la liste se prolonge bien plus encore quand on compte tous les rappels aux films de la première trilogie. Des rappels extrêmement pénibles, parce que sans la moindre subtilité, sans la moindre cohérence, sans la moindre réflexion derrière, à part pour faire dire aux fans "oh oui, je me rappelle de ça dans les précédents films".


"Rise of Skywalker" est dépourvu de toute cohérence narrative, chaque événement étant presque déconnecté les uns des autres, d'un point de vue émotionnel et logique. Il se permet aussi d'introduire plein de nouvelles intrigues, de nouveaux personnages, de nouveaux lieux, de nouvelles menaces, tout cela ajouté à tout le passif de la saga.
Si bien que rien n'est traité correctement, le film ne prend jamais le temps de nous laisser prendre conscience de l'ampleur de la menace, de la révélation ou de l'émotion. Il est trop inquiet que d'oublier un point d'intrigue, afin d'éviter qu'un fan en colère quelque part sur un réseau social quelconque se lance dans une longue diatribe sur ce choix scénaristique.


Cet épisode IX n'a qu'un seul but : calmer les ardeurs des fans les plus toxiques et hardcores. À tel point que j'ai été mal à l'aise plus d'une fois en voyant à quel point ce film désavouait tout ce qu'a construit son prédécesseur, qui avait pourtant lancé tellement de pistes intéressantes dans le développement des personnages et des intrigues, et qui nous offrait vraiment quelque chose de neuf, un autre regard sur l'univers Star Wars, qui n'avait pas besoin de se reposer sur les idoles du passé pour exister. Sans compter qu'à tenter de répondre aux attentes d'absolument tout le monde, on se retrouve avec des incohérences difficiles à supporter :


Donc, Leia est une vraie jedi, formée et tout par son frère, et qui a même son propre sabre-laser ? Mais alors... Pourquoi y-a-t'il besoin de Luke dans l'épisode VII ? Pourquoi est-ce que Leia ne peut pas utiliser sa puissance pour combattre Kylo Ren (qui est tout de même son fils), pour entraîner Rey, pour ramener un équilibre dans la force ? Qu'elle possède certaines capacités, comme dans "Last Jedi" est parfaitement compréhensible, mais qu'elle soit parfaitement formée et que pourtant elle n'ait rien fait du tout dans le combat avec sa puissance de jedi ?
Ca ! n'a ! aucun ! sens !


"Rise of Skywalker" est une coquille vide de toute substance et de toute créativité, une longue liste d'événements déconnectés les uns des autres, sans émotion, sans prise de position, sans le moindre esprit créatif derrière. Une mauvaise fan-fic à peine mise en scène, de manière terriblement plate, sans envergure, sans volonté propre.
Une longue liste de réponses les unes à la suite des autres, sans narration ou raison derrière, juste parce que c'est un choix populaire.


Un désaveu complet de l'univers Star Wars en temps que saga cinématographique, et qui vient totalement s'aplatir devant la tyrannie de certains fanatiques...
De loin le pire épisode de Star Wars que j'ai pu voir, surtout qu'il suit un "Last Jedi" simplement magistral.

Therru_babayaga
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le 19 déc. 2019

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Therru_babayaga

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