Fin du calvaire, plus difficile à gravir que prévu, d’où me venait le vague souvenir que cet épisode était presque regardable ? Mystère…


Ca commence dans un grand bordel de combat spatial, et là, entre deux répliques lourdingues avec le pauvre R2D2 deux évidences me sautent aux yeux. Tout d’abord, à aucun moment de la prélogie les batailles sont correctement retranscrites. Beaucoup de foutoir, des rayons partout, des vaisseaux numériquement multipliés à l’infini, mais jamais rien de tangible qui puisse ressortir, pas d’enjeu, pas de lisibilité de l’action, pas d’écriture dans l’événement, comme si un étalage d’effets spéciaux débordant dans tous les sens suffisait à créer quelque chose d’intéressant, voire d’épique…
Ensuite, et c’est terriblement flagrant tout au long de l’épisode, la photographie est en permanence envahie par des colorations douteuses plus proches d’un Luna Park que des tréfonds de l’infini intergalactique. Le film baigne dans des roses écoeurants, des oranges éblouissants et on se surprend à se souvenir avec la plus grande netteté de l’imposante froideur qui baignait les vrais films, de cette touche bleutée qui seule donnait au grisâtre ou au noir profond de l’espace sa petite touche inimitable. Il est d’ailleurs particulièrement de mauvais ton de choisir pour ce déballage vulgaire l’épisode qui, justement, se charge de faire le lien avec la rigueur esthétique de la trilogie.


De ce fait, les péripéties de l’introduction m’intéressent peu et c’est bien dommage, c’est probablement le moins mauvais moment du film. Après, il y a une balade dans un vaisseau, c’est toujours bon à prendre, même en version Titanic, on se dépêche d’éliminer le méchant grotesque de l’épisode passé parce que vous comprenez, il en faut un nouveau à chaque fois, de préférence encore plus ridicule, ici, ce sera un robot géant avec plein de bras et fluidifié à l’extrême par une technologie peu adaptée jusqu’à lui enlever la moindre chance de crédibilité robotique…


Le couple principal est toujours-là, Ewan s’en sort comme il peut, mais ce n’est pas facile d’être le seul personnage acceptable d’un ensemble désastreux, et ce n’est certainement pas le pâle Hayden qui va arranger les choses avec son petit plissement de front et sa répugnante chevelure ondulée…


C’est l’épisode charnière celui-là, le moment où Anakin devient Dark Vador, quelque part, en amateur convaincu de Star Wars, ça devrait au moins me tenir en haleine… C’était sans compter sur le pouvoir de d’autodestruction de ce bon Lucas bien entendu… Derrière un vague prétexte de vision de Padmé hurlant de douleur en enfantant sur son lit de mort (vision qui se révèlera particulièrement exagérée au final), prétexte qui n’empêchera pas ce bon Anakin d’étrangler sa belle à la première petite contrariété venue d’ailleurs, la vraie raison du passage du côté obscur semble bien plus prosaïque au spectateur. Un petit con bourré d’orgueil et terriblement capricieux fait la tronche quand on lui refuse un sucre et remue la queue quand un vieux sale le flatte de la plus répugnante des façons…


Avec ça, je ne vais pas essayer de comprendre pourquoi la découverte de l’identité du seigneur Sith l’encourage à la fois à prévenir le toujours très mauvais chef Windu et à aider quelques minutes plus tard à son anéantissement…


Pendant ce temps-là, Obi-Wan fait du cheval sur la créature la plus laide de la prélogie, Yoda est luisant de pixels, les Troopers ne ressemblent pas encore à grand chose, Chewbacca n'a rien à foutre là et Padmé parvient à cacher pendant tout le film le frais minois de Natalie derrière une barrière de maquillage d’un rosé révulsant, des tenues inconfortables et une montagne de cheveux absolument castratrice… Autant vous dire que je m’ennuie ferme… L’ensemble passe son temps à sauter d’un bout à l’autre de la galaxie dans une absence de temporalité déconcertante… On se prend à se souvenir combien, plus tard pourtant, les voyages prendront une réalité tangible, que les vaisseaux auront une existence propre, que les personnages auront de l’épaisseur, que certains s’arrêteront même à certains moments pour vivre, manger, plaisanter, ronchonner, que sais-je encore, tout ce qui permet de s’intéresser un minimum à ce qui se passe devant nos yeux…


A ce moment-là aussi, on ne sait pas pourquoi, les maquilleurs ont décidés que le méchant Sith, qui ressemble pourtant comme deux gouttes d’eau au futur Empereur, d’ailleurs, ça tombe bien, c’est le même, a tout de même besoin de passer à la moulinette de leur art pour devenir digne de ses futures fonctions… En ressortira un visage boursoufflé aussi hideux que grotesque et qui ressemble infiniment moins à ce qu'il faut que le visqueux visage précédent… Fallait tenir compte du vieillissement de l'acteur avant de lui rajouter la même couche de fard que vingt ans auparavant... pitoyable amateurisme...


Et puis nous arrivons au duel final sur une planète volcanique, mes forces mises à rude épreuve me lâchent, j’avoue m’endormir six ou sept fois sans trop lutter, je me réveille par instants pour les retrouver absolument dans la même situation, je n’ai aucune idée du temps que ça a pu leur prendre mais cela semble dépasser l’imagination… Bien entendu, vu que tout est possible à envisager par effets spéciaux désagréables, on cumule les gadgets idiots et les décors de jeux vidéo, la question de l’apport au film en d’autres termes que ceux de la gratuité technologique ne sera jamais posée et moi, je m’en contrecarre le fion avec le pinceau de l’indifférence.


Le final enfile comme des perles les explications déjà devinées, on se serait bien passé des lourdeurs de l’enfantement et on se demande pourquoi Jimmy Smits, déjà teasé à la fin de l’épisode précédent fait semblant d’avoir un rôle primordial alors qu’il est sacrifié à de l’ultra secondaire… S’appeler Organa n’excuse pas tout…


Pourtant à ce moment-là, un petit plaisir de gamin écarquillé devant un vaisseau impérial qui n’en fini pas de se terminer perce au milieu de la vulgarité de l’ensemble, les morceaux s’imbriquent tout de même correctement, j'aime retrouver la voix de James Earl Jones, il y a la joie de savoir que la corvée est terminée et que les vrais films m’attendent et oui, tout de même, ça fait un petit quelque chose de retrouver ce bon vieux continent des deux lunes, on va pouvoir enfin passer aux choses sérieuses…

Torpenn
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le 29 mai 2013

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