Stalingrad est un petit bijou du film de guerre car il a assez habilement su gérer les enjeux idéologiques de la propagande russe, le tout en garantissant un certain recul politique dans la gestion de ses personnages (à l'exception d'un communiste dissertant sur les faiblesses du régimes en fin de course (sous le coup du désespoir), rien qui ne sonne comme un jugement). Il se sert de son contexte pour offrir à la fois des séquences de batailles dantesques (la première avec la traversée du fleuve et le lancement de l'offensive avec un fusil pour eux soldats sont des moments particulièrement forts et lisiblees dans le montage) et une perception limpide des enjeux, sur les plans idéologiques et stratégiques des deux puissances qu'il met en scène. Son approche à l'ancienne doublée d'un suspense assez bien dosé avec la guerre des snipers (où les problématiques de discrétion sont capitales) assure durablement le spectacle, sans jamais remettre au second plan la violence des combats qui garantie l'immersion.


Dans le registre d'interprétation, le casting fait également bien les choses, en offrant à Jude Law un rôle charismatique qui reste pourtant très vulnérable, et surtout en mettant en face un Ed Harris particulièrement sobre dans son personnage, qui vole presque la vedette aux russes qui occupent la place centrale du récit. Sa sobriété, doublée d'une cruauté mesurée (il en fallait un peu pour qualifier un nazi, on ne doute pas toutefois que la majorité des troupes agirait comme lui en pareilles circonstances) en fait l'adversaire glacial et redoutable qu'il fallait pour doper le suspense et tenir sur la longueur.


Si l'on ajoute à cela le grand soin apporté aux décors de ruines et à la reconstitution d'époque, le film affiche d'excellentes qualités techniques (l'ensemble des combats est lisible), sublimés par la partition de James Horner qui se fend d'envolées de choeurs russes promptes à souligner tragédie et suspense avec une profusion de thèmes qui flattent les oreilles. La mise en scène classique à l'état pur qui fonctionne avec grâce et sobriété. Efficace et bien écrit, Stalingrad a tout du bon film de guerre qui prend ses distances avec le patriotisme pour mieux épouser la trajectoire de ses protagonistes, en dehors du propos politique.

Voracinéphile
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le 4 oct. 2015

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