Bon, c'est clair qu'à la base on se dit que Spring Breakers va être un truc débile et mal fichu avec des mini-bombasses en bikinis se trémoussant frénétiquement dans de la mousse de bière et autres joyeusetés. Sauf que j'ai récemment entendu parler de réalisation "contemplative", d'esthétique réelle, de violence (même si bon...), et même que les critiques se déchiraient comme mes éclaireurs... Et en plus ça passait ce lundi sur Arte !


Je pris donc mon courage à deux mains et m'installai devant ce parterre sablonneux de petits culs et gros lolos de minettes qui ne semblaient plus attendre que moi ; même si je me sentais quand même un peu coupable vu que certaines d'entre elles auraient été triées sur le volet de vieux châteaux Walt Disney. Ô monde cruel !
Et l'intro ne diffère pas d'un iota avec ce à quoi je m'attendais, à part peut-être niveau Skrillex - enfin c'est c'que j'crois avoir reconnu. Bof. Mais la suite révélera effectivement une tentative de donner un style visuel extatique et coloré aux pérégrinations de ces trois jeunes étudiantes américaines, adeptes de bangs et autres chibres, comme à celles du visage angélique de leur copine catho cool (cliché qui la sauvera...) sans qui elles partiront braquer un fast-food, armées de marteaux et de pistolets à eau, dans le but de financer les débauches floridiennes sus-nommées. Un plan-séquence plutôt réussi.


Arrivées à destination, ces petites pétasses inconscientes passent à la coke et finissent par se faire choper pour défiler au tribunal en maillot deux pièces (cocasse je dois dire^^), puis se voir payer leur caution par un certain "Alien". Un rappeur-dealer floridien aux mâchoires de squale - façon Joey Starr - épaulé par deux jumeaux étrangement peu présents durant tout le film... Et franchement, hormis ses monologues slamés qui finiront par vraiment saouler, ce personnage interprété par un convaincant James Franco sera selon moi le point fort du film. Le fort en gueule parviendra rapidement à installer une véritable tension vis-à-vis des quatre minettes au "beauf" milieu gangsta de ses potes black stylés caleçon apparent - misère de la mode - jusqu'à lui-même sombrer dans un ridicule probablement voulu par le réalisateur en jouant aux rois de la kalach, sautant comme un demeuré sur son lit, avec à ses pieds deux biatches reines du retournement de situation - de manière peu crédible, il faut bien le dire.


Et j'avouerai que, à ma plus grande surprise, le passage suivant aussi stylé que drôlement wtf autour d'un piano et d'un morceau de Britney Spears :o, m'a beaucoup plu. Cette scène complétant la précédente, sur fond de féminisation de l'un via la masculinisation des deux autres. Par contre ce qui suivra... Car même si on appréciera dans un premier temps la baise coulée et le dos cambré de nos trois papillons polygames, le final n'aura ni aucun sens, ni aucun intérêt autre qu'esthétique. L'invraisemblable à son paroxysme se concluant sur la répétition d'un "Springbreak pour la vie..." aussi vide qu'indigeste.


C'est vraiment dommage de finir là-dessus, parce que globalement, malgré quelques défauts évidents, il subsiste une tentative intéressante de faire quelque chose de différent avec ce genre de sujet, de mettre en scène de cette manière ces teenagers consuméristes perdu(e)s au milieu de leur trop plein d'hormones et d'incertitudes. Et ce d'autant plus que, n'ayant pas vu le temps passer, l'aspect divertissant a donc fonctionné sur le petit pervers qui sommeille en moi - même si peu profondément, je dois bien l'avouer.^^


Au fond, Harmony Korine (que je ne connaissais pas) m'a un peu semblé faire du Nicolas Winding Refn post-Pusher(s), mais en moins bien. En beaucoup moins maîtrisé en tout cas.

RimbaudWarrior
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le 20 juil. 2016

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RimbaudWarrior

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