Après le succès critique et public de Shrek, l’année ou est sorti Monstres et Cie des studios Pixar également, les studios d’animation Dreamworks en plein essor retourne en animation traditionnel pour proposer un film à animal muet dans le grand ouest ayant pour principal thème : la liberté. Jeffrey Katzenberg, le PDG des studios, a d’ailleurs dit que ce film était son préféré du studio car il avait beaucoup de passion pour ces animaux.


Lors du festival de Cannes en 2002, hors-compétition, Dreamworks a présenté Spirit, l’étalon des plaines avec Hans Zimmer également présent cette année et Bryan Adams pour présenter une diffusion live d’exception avec les chansons et la musique en live. Malheureusement, et bien que ce coup de pub a de quoi marquer les esprits, la déception financière est forte puisque sur son territoire, le film arrive à peine à rembourser son budget de 80 millions de dollars et les recettes à l’étranger sont tout aussi décevantes (et c’est là que je me rend compte que de nos jours, il est tellement frustrant de voir des films de merde avoir un score astronomique au box-office là ou des films ambitieux ou même excellent ont des recettes trop modeste la plupart du temps, à quelques contre exemples près).


Triste flop alors que, pourtant : si on doit le comparer aux derniers Dreamworks comme Les Croods, En Route ou encore Turbo qui remplissent facilement les caisses, il y a tellement plus de bonnes intentions artistique et narrative derrière ce film.


A commencer par le choix d’en faire un film à animaux muet du début à la fin, non doué de parole et d’en faire un long road movie dans l’ouest sauvage à travers le personnage de Spirit. Dés ses premiers moments, le jeune poulain devenant étalon ne cessera de devenir de plus en plus attachant au fur et à mesure qu’il grandira et que son voyage avancera. On s’identifie rapidement au personnage dés ses premiers pas dans sa vie. Et le travail visuel apporté par les animateurs Dreamworks rend l’immersion à travers le grand Far Ouest que plus poussée en plus de l’écriture du personnage.


L’animation est d’ailleurs ce qu’il y a de plus beau dans ce film : lorsque le film est sorti en 2002, ce fut l’un des premiers films d’animation à tester le mélange d’animation 2D avec des décors 3D animé par ordinateur. Et si on peut sentir que c’est plus voyant à l’œil, on se laisse très vite emporter par l’émerveillement des couleurs du grand ouest et par tant de maîtrise. Que ça soit les étendues verdoyant, le désert, les courants rapides ou même simplement les moments ou l’on voit les mustangs courir à travers les plaines, et la caméra étant souvent très dynamique qui se permet de filmer le tout comme un vrai film à l’image du plan-séquence d’ouverture ou de l’attaque de la cavalerie sur le village des indiens et contre Spirit et Rivière, l’ambiance musicale venant ajouter une très belle touche d’aventure à cette épopée à travers le Far West.


Hans Zimmer, qui avait déjà composé la musique pour le très sous-estimé Le Prince d’Egypte chez Dreamworks, a travaillé en collaboration avec le chanteur Bryan Adams dont les morceaux représentent la voix du personnage de Spirit ainsi que ses émotions. L’idée de combiner les sons à la guitare, la musique électronique et les morceaux au piano a largement porté ses fruits et le résultat est sublime, rendant les plans plus beaux et envoûtants grâce à l’ambiance qu’il apporte. A ajouter dans la liste des partitions oubliées injustement chez Hans Zimmer avec celle de Da Vinci Code selon moi. De même pour les chansons en voix-off de Bryan Adams, généralement de qualité et en plus de cela le chanteur a chanté ses chansons en version française, donc on a la voix et les paroles traduites en prime, difficile de s’en plaindre.


Quant à l’écriture, c’est par le personnage de Spirit et l’idée de ne jamais donner la voix aux animaux que la qualité se ressent. Tout passe par la gestuelle et les expressions faciales des animaux, et vu que Spirit est narrateur et personnage principal à la fois, ça aurait été con de rater le personnage. Ça tombe bien, son parcours est réussit de bout en bout et il passe par plusieurs émotions et état d’esprit toujours crédible et bien dosé : responsable et intrépide pour défendre sa meute, arrogant et farouche lorsqu’il est au camp de la cavalerie, méfiant chez les indiens mais apprenant à s’ouvrir tout en voulant garder sa soif de liberté. Quant à la narration, Damien Boisseau (Matt Damon le doublant dans la VO) fait également du très bon travail, restant toujours suffisamment juste sans que sa voix n’intervienne trop souvent.


C’est d’ailleurs à travers Spirit qu’on apprendra à connaître les autres personnages avec qui il développera plusieurs relations durant son périple : le très appréciable Petit-Nuage le jeune indien avec qui il se liera d’amitié, le Colonel en quête de domination du grand ouest (même si en tant que personnage à part entière, il reste assez limité) ou encore Rivière la jument de Petit-Nuage dont il tombera amoureux (pour une romance plutôt mignonne). Toutes ces relations sont suffisamment développé


Autre élément scénaristique intéressant, Spirit ne porte aucun nom du début jusqu’au dernière minute du film, comme tout les autres chevaux il est considéré comme n’importe quel mustang qu’il est possible de dompter, que ça soit avec du temps, de la patience et de la fermeté pour le Colonel. Ou bien de domestiquer avec de la patience, de la confiance et de la douceur pour Petit-Nuage. Dans le premier cas, un face à face se créer entre Spirit et le Colonel, tandis qu’avec Petit-Nuage, c’est une relation de confiance et d’amitié qui prend le temps de se former. Le rythme étant toujours bien géré durant le long-métrage, malgré quelques baisses dans le village des indiens qui sont notables, rien de bien grave cela dit.


Et ce n’est, finalement, qu’après de nombreuses épreuves que Petit-Nuage, avec qui Spirit s’est lié d’amitié, lui donnera définitivement le nom de Spirit, l’étalon du Cimarron indomptable. Un vrai modèle de traitement réussi pour un personnage principal et bonne histoire.


Malheureusement pour ce film, comme pour Scott Pilgrim d’Edgar Wright ou Tomorrowland de Brad Bird, ce Dreamworks fait un flop au box-office mondial et américain, peinant même à rembourser son budget de 80 millions. Et depuis, après un sympathique Sinbad sorti ensuite, Dreamworks s’est définitivement livré à l’animation en synthèse (et en stop-motion par moment). Si par moment on a le droit à une claque étonnante comme avec la trilogie Kung Fu Panda ou Dragons 2, ces studios ont tristement sombré dans la sale habitude de faire des comédies à deux balles infantiles, à l’image du foutage de gueule qu’est En Route ou de Turbo dont le pitch de base est plus surexploité qu’autre chose… le plus énervant c’est que très souvent ça marche économiquement.
Spirit l’étalon des plaines n’a même pas eu de réédition Blu-Ray, alors qu’avec le travail visuel du film et la qualité d’écriture, il y aurait largement de quoi se permettre une réédition rien que pour y replonger. Une œuvre injustement oublié selon moi qui faut faire découvrir davantage.

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le 27 juin 2016

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